A l’initiative du service jeunesse de la ville, une douzaine de Gardannais de 13 à 17 ans sont partis à l’assaut du Montaiguet, encadrés par un guide spécialisé dans la survie en milieu hostile, Stéphane Cattanéo. Ce dernier leur a donné rendez-vous en contrebas de la colline qui ce jour-là, sera leur terrain de jeu. Mais pas question de prendre le stage à la légère, prévient Stéphane, qui invite les ados à faire abstraction de ce qu’ils ont entrevu dans des émissions dédiées Man VS wild » et son aventurier télévisuel massacrant des serpents pour se nourrir alors qu’on l’imagine bien se trimballer des barres de céréales dans la poche ; Koh-Lanta et ses compétiteurs du dimanche, incapables de faire du feu alors qu’ils sont entourés de bouteilles d’eau » se gausse Stéphane. Aucune chaîne de télé n’y avait pensé, mais utiliser une bouteille en verre ou en plastique, à condition de savoir correctement l’orienter comme d’une loupe pour enflammer des feuilles sèches est un bon moyen de faire face à la pénurie d’allumettes. Les adolescents se plient volontiers à l’exercice. Quelques minutes auparavant, ils ont appris à faire du feu à la manière des hommes préhistoriques, en frottant un bout de minerai de fer à du silex pour faire jaillir des étincelles au-dessus d’épillets de cannes de Provence. D’après vous, en situation de survie, quelle sera votre priorité? » interroge Stéphane. Les réponses fusent Manger ! », Non, boire ! », savoir se localiser »... Trouver un abri, corrige le guide, car les températures, en montagne, tombent vite ». Le bon abri ? Loin du lit de la rivière, si possible dans une grotte assez basse pour qu’aucun animal sauvage n’ait envie de s’y engouffrer. Into the wild Tout en empruntant les sentiers grossièrement balisés, Stéphane livre les trucs à connaître ne pas consommer de champignons à moins d’être un expert », manger des glands, ou les broyer pour en faire une farine à mélanger avec de l’eau et du thym -qui pullule dans les environs ; ne pas brûler de feuilles de laurier rose un poison, filtrer de l’eau vaseuse avec du sable, récolter la rosée matinale avec un lacet de chaussure... Pendant la montée, les jeunes Gardannais partent à la conquête d’aliments comestibles Là ! Un litchi ! », lance une jeune fille brandissant, triomphale... une arbouse. Les fous rires se répercutent d’une paroi rocheuse à l’autre, tandis que les ados gagnent le sommet, la tête pleine des anecdotes que Stéphane leur a soufflées. Comme celle concernant le petit édifice de pierre dont il ne reste plus grand chose aujourd’hui, mais qui fut érigé en hommage à l’ermite Benoît-Joseph Labre, qui aura survécu seul au 18e siècle, dans une grotte où des pèlerins venaient bénéficier de ses talents de guérisseur - et que les jeunes prennent le temps de visiter ». En haut, ils plantent chacun un gland. Ce sera leur contribution à ce stage survivre dans la nature, c’est aussi laisser la nature vivre. Une belle leçon. Sabrina Guintini