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ConsidĂ©rationssur les principaux Ă©vĂ©nements de la RĂ©volution française, depuis son origine jusques et compris le 8 juillet (posthume) Ćuvres complĂštes de Mme la Baronne de StaĂ«l, publiĂ©es par son fils, prĂ©cĂ©dĂ©es dâune notice sur le caractĂšre et les Ă©crits de Mme de StaĂ«l, par Mme Necker de Saussure, 1820-1821
The Project Gutenberg EBook of Histoire de la RĂ©volution française, VII. by Adolphe Thiers This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at Title Histoire de la RĂ©volution française, VII. Author Adolphe Thiers Release Date April 8, 2004 [EBook 11964] Language French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA RVOLUTION FRANAISE, VII. *** Produced by Carlo Traverso, Tonya Allen, Wilelmina MalliĂšre and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the BibliothĂšque nationale de France BnF/Gallica at HISTOIRE DE LA RĂVOLUTION FRANĂAISE PAR M. A. THIERS TOME SEPTIĂME MDCCCXXXIX CONVENTION NATIONALE. CHAPITRE XXVI. CHAPITRE XXVII. CHAPITRE XXVIII. CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX. CHAPITRE XXXI. TABLE DES CHAPITRES CONTENUS DANS LE TOME SEPTIĂME. CHAPITRE XXVI. CONTINUATION DE LA GUERRE SUR LE RHIN. PRISE DE NIMĂGUE PAR LES FRANĂAIS.âPOLITIQUE EXTĂRIEURE DE LA FRANCE. PLUSIEURS PUISSANCES DEMANDENT A TRAITER.âDĂCRET D'AMNISTIE POUR LA VENDĂE.âCONQUĂTE DE LA HOLLANDE PAR PICHEGRU. PRISE D'UTRECHT, D'AMSTERDAM ET DES PRINCIPALES VILLES; OCCUPATION DES SEPT PROVINCES-UNIES. NOUVELLE ORGANISATION POLITIQUE DE LA HOLLANDE.âVICTOIRES AUX PYRĂNĂES.âFIN DE LA CAMPAGNE DE 1794.âLA PRUSSE ET PLUSIEURS AUTRES PUISSANCES COALISĂES DEMANDENT LA PAIX. PREMIĂRES NĂGOCIATIONS.âĂTAT DE LA VENDĂE ET DE LA BRETAGNE. PUISAYE EN ANGLETERRE. MESURES DE HOCHE POUR LA PACIFICATION DE LA VENDĂE. NĂGOCIATIONS AVEC LES CHEFS VENDĂENS. Les armĂ©es françaises, maĂźtresses de toute la rive gauche du Rhin, et prĂȘtes Ă dĂ©boucher sur la rive droite, menaçaient la Hollande et l'Allemagne fallait-il les porter en avant ou les faire entrer dans leurs cantonnemens? telle Ă©tait la question qui s'offrait. MalgrĂ© leurs triomphes, malgrĂ© leur sĂ©jour dans la riche Belgique, elles Ă©taient dans le plus grand dĂ©nuement. Le pays qu'elles occupaient, foulĂ© pendant trois ans par d'innombrables lĂ©gions, Ă©tait entiĂšrement Ă©puisĂ©. Aux maux de la guerre s'Ă©taient joints ceux de l'administration française, qui avait introduit Ă sa suite les assignats, le maximum et les rĂ©quisitions. Des municipalitĂ©s provisoires, huit administrations intermĂ©diaires, et une administration centrale Ă©tablie Ă Bruxelles, gouvernaient la contrĂ©e en attendant son sort dĂ©finitif. Quatre-vingts millions avaient Ă©tĂ© frappĂ©s sur le clergĂ©, les abbayes, les nobles, les corporations. Les assignats avaient Ă©tĂ© mis en circulation forcĂ©e; les prix de Lille avaient servi Ă dĂ©terminer le maximum dans toute la Belgique. Les denrĂ©es, les marchandises utiles aux armĂ©es Ă©taient soumises Ă la rĂ©quisition. Ces rĂšglemens n'avaient pas fait cesser la disette. Les marchands, les fermiers cachaient tout ce qu'ils possĂ©daient; et tout manquait Ă l'officier comme au soldat. LevĂ©e en masse l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, Ă©quipĂ©e sur-le-champ, transportĂ©e en hĂąte Ă Hondschoote, Watignies, Landau, l'armĂ©e entiĂšre n'avait plus rien reçu de l'administration que de la poudre et des projectiles. Depuis long-temps elle ne campait plus sous toile; elle bivouaquait sous des branches d'arbre, malgrĂ© le commencement d'un hiver dĂ©jĂ trĂšs rigoureux. Beaucoup de soldats, manquant de souliers, s'enveloppaient les pieds avec des tresses de paille, ou se couvraient avec des nattes en place de capotes. Les officiers, payĂ©s en assignats, voyaient leurs appointemens se rĂ©duire quelquefois Ă huit ou dix francs effectifs par mois; ceux qui recevaient quelques secours de leurs familles n'en pouvaient guĂšre faire usage, car tout Ă©tait requis d'avance par l'administration française. Ils Ă©taient soumis au rĂ©gime du soldat, marchant Ă pied, portant le sac sur le dos, mangeant le pain de munition, et vivant des hasards de la guerre. L'administration semblait Ă©puisĂ©e par l'effort extraordinaire qu'elle avait fait pour lever et armer douze cent mille hommes. La nouvelle organisation du pouvoir, faible et divisĂ©e, n'Ă©tait pas propre Ă lui rendre le nerf et l'activitĂ© nĂ©cessaires. Ainsi tout aurait commandĂ© de faire entrer l'armĂ©e en quartiers d'hiver, et de la rĂ©compenser de ses victoires et de ses vertus militaires par du repos et d'abondantes fournitures. Cependant nous Ă©tions devant la place de NimĂšgue, qui, placĂ©e sur le Wahal c'est le nom du Rhin prĂšs de son embouchure, en commandait les deux rives, et pouvait servir de tĂȘte de pont Ă l'ennemi pour dĂ©boucher Ă la campagne suivante sur la rive gauche. Il Ă©tait donc important de s'emparer de cette place avant d'hiverner; mais l'attaque en Ă©tait trĂšs difficile. L'armĂ©e anglaise, rangĂ©e sur la rive droite, y campait au nombre de trente-huit mille hommes; un pont de bateaux lui fournissait le moyen de communiquer avec la place et de la ravitailler. Outre ses fortifications, NimĂšgue Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e par un camp retranchĂ© garni de troupes. Il aurait donc fallu, pour rendre l'investissement complet, jeter sur la rive droite une armĂ©e qui aurait eu Ă courir les chances du passage et d'une bataille, et qui, en cas de dĂ©faite, n'aurait eu aucun moyen de retraite. On ne pouvait donc agir que par la rive gauche, et on Ă©tait rĂ©duit Ă attaquer le camp retranchĂ© sans un grand espoir de succĂšs. Cependant les gĂ©nĂ©raux français Ă©taient dĂ©cidĂ©s Ă essayer une de ces attaques brusques et hardies qui venaient de leur ouvrir en si peu de temps les places de MaĂ«stricht et Venloo. Les coalisĂ©s, sentant l'importance de NimĂšgue, s'Ă©taient rĂ©unis Ă Arnheim pour concerter les moyens de la dĂ©fendre. Il avait Ă©tĂ© convenu qu'un corps autrichien, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Wernek, passerait Ă la solde anglaise, et formerait la gauche du duc d'York pour la dĂ©fense de la Hollande. Tandis que le duc d'York, avec ses Anglais et ses Hanovriens, resterait sur la rive droite devant le pont de NimĂšgue, et renouvellerait les forces de la place, le gĂ©nĂ©ral Wernek devait tenter du cĂŽtĂ© de Wesel, fort au-dessus de NimĂšgue, un mouvement singulier, que les militaires expĂ©rimentĂ©s ont jugĂ© l'un des plus absurdes que la coalition ait imaginĂ©s pendant toutes ces campagnes. Ce corps, profitant d'une Ăźle que forme le Rhin vers Buderich, devait passer sur la rive gauche, et essayer une pointe entre l'armĂ©e de Sambre-et-Meuse et celle du Nord. Ainsi vingt mille hommes allaient ĂȘtre jetĂ©s au-delĂ d'un grand fleuve entre deux armĂ©es victorieuses, de quatre-vingt Ă cent mille hommes chacune, pour voir quel effet ils produiraient sur elles on devait les renforcer suivant l'Ă©vĂ©nement. On conçoit que ce mouvement, exĂ©cutĂ© avec les armĂ©es coalisĂ©es rĂ©unies, pĂ»t devenir grand et dĂ©cisif; mais essayĂ© avec vingt mille hommes, il n'Ă©tait qu'une tentative puĂ©rile et peut-ĂȘtre dĂ©sastreuse pour le corps qui en serait chargĂ©. NĂ©anmoins, croyant sauver NimĂšgue par ces moyens, les coalisĂ©s firent d'une part avancer le corps de Wernek vers Buderich, et de l'autre exĂ©cuter des sorties par la garnison de NimĂšgue. Les Français repoussĂšrent les sorties, et, comme Ă MaĂ«stricht et Venloo, ouvrirent la tranchĂ©e Ă une proximitĂ© de la place encore inusitĂ©e Ă la guerre. Un hasard heureux accĂ©lĂ©ra leurs travaux. Les deux extrĂ©mitĂ©s de l'arc qu'ils dĂ©crivaient autour de NimĂšgue aboutissaient au Wahal; ils essayaient de tirer de ces extrĂ©mitĂ©s sur le pont. Quelques-uns de leurs projectiles atteignirent plusieurs pontons, et mirent en pĂ©ril les communications de la garnison avec l'armĂ©e anglaise. Les Anglais, qui Ă©taient dans la place, surpris de cet Ă©vĂ©nement imprĂ©vu, rĂ©tablirent les pontons, et se hĂątĂšrent de rejoindre le gros de leur armĂ©e sur l'autre rive, abandonnant Ă elle-mĂȘme la garnison, composĂ©e de trois mille Hollandais. A peine les rĂ©publicains se furent-ils aperçus de l'Ă©vacuation, qu'ils redoublĂšrent le feu. Le gouverneur, Ă©pouvantĂ©, fit part au prince d'Orange de sa position, et obtint la permission de se retirer dĂšs qu'il jugerait le pĂ©ril assez grand. A peine eut-il reçu cette autorisation, qu'il repassa le Wahal de sa personne. Le dĂ©sordre se mit dans la garnison; une partie rendit les armes; une autre, ayant voulu se sauver sur un pont volant, fut arrĂȘtĂ©e par les Français, qui coupĂšrent les cĂąbles, et vint Ă©chouer dans une Ăźle oĂč elle fut faite prisonniĂšre. Le 18 brumaire 8 novembre, les Français entrĂšrent dans NimĂšgue, et se trouvĂšrent maĂźtres de cette place importante, grĂące Ă leur tĂ©mĂ©ritĂ© et Ă la terreur qu'inspiraient leurs armes. Pendant ce temps, les Autrichiens, commandĂ©s par Wernek, avaient essayĂ© de dĂ©boucher de Wesel; mais l'impĂ©tueux Vandamme, fondant sur eux au moment oĂč ils mettaient le pied au-delĂ du Rhin, les avait rejetĂ©s sur la rive droite, et ils Ă©taient fort heureux de n'avoir pas obtenu plus de succĂšs, car ils auraient couru la chance d'ĂȘtre dĂ©truits, s'ils se fussent avancĂ©s davantage. Le moment Ă©tait enfin arrivĂ© d'entrer dans les cantonnemens, puisqu'on Ă©tait maĂźtre de tous les points importans sur le Rhin. Sans doute, conquĂ©rir la Hollande, s'assurer ainsi la navigation de trois grands fleuves, l'Escaut, la Meuse et le Rhin; priver l'Angleterre de sa plus puissante alliance maritime, menacer l'Allemagne sur ses flancs, interrompre les communications de nos ennemis du continent avec ceux de l'OcĂ©an, ou du moins les obliger Ă faire le long circuit de Hambourg; nous ouvrir enfin la plus riche contrĂ©e du monde, et la plus dĂ©sirable pour nous dans l'Ă©tat oĂč se trouvait notre commerce, Ă©tait un but digne d'exciter l'ambition de notre gouvernement et de nos armĂ©es; mais comment oser tenter cette conquĂȘte de la Hollande, presque impossible en tout temps, mais surtout inexĂ©cutable dans la saison des pluies? SituĂ©e Ă l'embouchure de plusieurs fleuves, la Hollande ne consiste qu'en quelques lambeaux de terre jetĂ©s entre les eaux de ces fleuves et celles de l'OcĂ©an. Son sol, partout infĂ©rieur au lit de eaux, est sans cesse menacĂ© par la mer, le Rhin, la Meuse, l'Escaut, et coupĂ© en outre par de petits bras dĂ©tachĂ©s des fleuves, et par une multitude de canaux artificiels. Ces bas-fonds si menacĂ©s sont couverts de jardins, de villes manufacturiĂšres et d'arsenaux. A chaque pas que veut y faire une armĂ©e, elle trouve ou de grands fleuves, dont les rives sont des digues Ă©levĂ©es et chargĂ©es de canons, ou des bras de riviĂšres et des canaux, tous dĂ©fendus par l'art des fortifications, ou enfin des places qui sont les plus fortes de l'Europe. Ces grandes manoeuvres, qui souvent dĂ©concertent la dĂ©fense mĂ©thodique en rendant les siĂ©ges inutiles, sont donc impossibles au milieu d'un pays coupĂ© et dĂ©fendu par des lignes innombrables. Si une armĂ©e parvient cependant Ă vaincre tant d'obstacles et Ă s'avancer en Hollande, ses habitans, par un acte d'hĂ©roĂŻsme dont ils donnĂšrent l'exemple sous Louis XIV, n'ont qu'Ă percer leurs digues, et peuvent engloutir avec leur pays l'armĂ©e assez tĂ©mĂ©raire pour y pĂ©nĂ©trer. Il leur reste leurs vaisseaux, avec lesquels ils peuvent, comme les AthĂ©niens, s'enfuir avec leurs principales dĂ©pouilles, et attendre des temps meilleurs, ou aller dans les Indes habiter un vaste empire qui leur appartient. Toutes ces difficultĂ©s deviennent bien plus grandes encore dans la saison des inondations, et une alliance maritime telle que celle de l'Angleterre les rend insurmontables. Il est vrai que l'esprit d'indĂ©pendance qui travaillait les Hollandais Ă cette Ă©poque, leur haine du stathoudĂ©rat, leur aversion contre l'Angleterre et la Prusse, la connaissance qu'ils avaient de leurs intĂ©rĂȘts vĂ©ritables, leurs ressentimens de la rĂ©volution si malheureusement Ă©touffĂ©e en 1787, donnaient la certitude aux armĂ©es françaises d'ĂȘtre vivement dĂ©sirĂ©es. On devait croire que les Hollandais s'opposeraient Ă ce qu'on perçùt les digues, et qu'on ruinĂąt le pays pour une cause qu'ils dĂ©testaient. Mais l'armĂ©e du prince d'Orange, celle du duc d'York les comprimaient encore, et rĂ©unies, elles suffisaient pour empĂȘcher le passage des innombrables lignes qu'il fallait emporter en leur prĂ©sence. Si donc une surprise Ă©tait tĂ©mĂ©raire du temps de Dumouriez, elle Ă©tait presque folle Ă la fin de 1794. NĂ©anmoins le comitĂ© de salut public, excitĂ© par les rĂ©fugiĂ©s hollandais, songeait sĂ©rieusement Ă pousser une pointe au-delĂ du Wahal. Pichegru, presque aussi maltraitĂ© que ses soldats, qui Ă©taient couverts de gale et de vermine, Ă©tait allĂ© Ă Bruxelles se faire guĂ©rir d'une maladie cutanĂ©e. Moreau et RĂ©gnier l'avaient remplacĂ© tous deux conseillaient le repos et les quartiers d'hiver. Le gĂ©nĂ©ral hollandais Daendels, rĂ©fugiĂ© hollandais, militaire intrĂ©pide, proposait avec instance une premiĂšre tentative sur l'Ăźle de Bommel, sauf Ă ne pas poursuivre si cette attaque ne rĂ©ussissait pas. La Meuse et le Wahal, coulant parallĂšlement vers la mer, se joignent un moment fort au-dessous de NimĂšgue, se sĂ©parent de nouveau, et se rĂ©unissent encore Ă Wondrichem, un peu au-dessus de Gorcum. Le terrain compris entre leurs deux bras forme ce qu'on appelle l'Ăźle de Bommel. MalgrĂ© l'avis de Moreau et RĂ©gnier, une attaque fut tentĂ©e sur cette Ăźle par trois points diffĂ©rens elle ne rĂ©ussit pas, et fut abandonnĂ©e sur-le-champ avec une grande bonne foi, surtout de la part de Daendels, qui s'empressa d'en avouer l'impossibilitĂ© dĂšs qu'il l'eut reconnue. Alors, c'est-Ă -dire vers le milieu de frimaire commencement de dĂ©cembre, on donna Ă l'armĂ©e les quartiers d'hiver dont elle avait tant besoin, et on Ă©tablit une partie des cantonnemens autour de Breda pour en former le blocus. Cette place et celle de Grave ne s'Ă©taient pas rendues, mais le dĂ©faut de communications pendant la durĂ©e de l'hiver devait certainement les obliger Ă se rendre. C'est dans cette position que l'armĂ©e croyait voir s'achever la saison; et certes, elle avait assez fait pour ĂȘtre fiĂšre de sa gloire et de ses services. Mais un hasard presque miraculeux lui rĂ©servait de nouvelles destinĂ©es le froid, dĂ©jĂ trĂšs vif, augmenta bientĂŽt au point de faire espĂ©rer que peut-ĂȘtre les grands fleuves seraient gelĂ©s. Pichegru quitta Bruxelles, et n'acheva pas de se faire guĂ©rir, afin d'ĂȘtre prĂȘt Ă saisir l'occasion de nouvelles conquĂȘtes, si la saison la lui offrait. En effet, l'hiver devint bientĂŽt plus rude, et s'annonça comme le plus rigoureux du siĂšcle. DĂ©jĂ la Meuse et le Wahal charriaient et leurs bords Ă©taient pris. Le 3 nivĂŽse 23 dĂ©cembre, la Meuse fut entiĂšrement gelĂ©e, et de maniĂšre Ă pouvoir porter du canon. Le gĂ©nĂ©ral Walmoden, Ă qui le duc d'York avait laissĂ© le commandement en partant pour l'Angleterre, et qu'il avait condamnĂ© ainsi Ă n'essuyer que des dĂ©sastres, se vit dans la position la plus difficile. La Meuse Ă©tant glacĂ©e, son front se trouvait dĂ©couvert; et le Wahal charriant, menaçant mĂȘme d'emporter tous les ponts, sa retraite Ă©tait compromise. BientĂŽt mĂȘme il apprit que le pont d'Arnheim venait d'ĂȘtre emportĂ©; il se hĂąta de faire filer sur ses derriĂšres ses bagages et sa grosse cavalerie, et lui-mĂȘme dirigea sa retraite sur Deventer, vers les bords de l'Yssel. Pichegru, profitant de l'occasion que lui offrait la fortune de surmonter des obstacles ordinairement invincibles, se prĂ©para Ă franchir la Meuse sur la glace. Il se disposa Ă la passer sur trois points, et Ă s'emparer de l'Ăźle de Bommel, tandis que la division qui bloquait Breda attaquerait les lignes qui entouraient cette place. Ces braves Français, exposĂ©s presque sans vĂȘtemens au plus rude hiver du siĂšcle, marchant avec des souliers auxquels il ne restait que l'empeigne, sortirent aussitĂŽt de leurs quartiers, et renoncĂšrent gaiement au repos dont ils commençaient Ă peine Ă jouir. Le 8 nivĂŽse 28 dĂ©cembre, par un froid de dix-sept degrĂ©s, ils se prĂ©sentĂšrent sur trois points, Ă CrĂšvecoeur, Empel et le fort Saint-AndrĂ©; ils franchirent la glace avec leur artillerie, surprirent les Hollandais, presque engourdis par le froid, et les dĂ©firent complĂštement. Tandis qu'ils s'emparaient de l'Ăźle de Bommel, celle de leurs divisions qui assiĂ©geait Breda en attaqua les lignes, et les emporta. Les Hollandais, assaillis sur tous les points, se retirĂšrent en dĂ©sordre, les uns vers le quartier-gĂ©nĂ©ral du prince d'Orange, qui s'Ă©tait toujours tenu Ă Gorcum, les autres Ă Thiel. Dans le dĂ©sordre de leur retraite, ils ne songĂšrent pas mĂȘme Ă dĂ©fendre les passages du Wahal, qui n'Ă©tait pas entiĂšrement gelĂ©. Pichegru, maĂźtre de l'Ăźle de Bommel, dans laquelle il avait pĂ©nĂ©trĂ© en passant sur les glaces de la Meuse, franchit le Wahal sur diffĂ©rens points, mais n'osa pas s'aventurer au-delĂ du fleuve, la glace n'Ă©tant pas assez forte pour porter du canon. Dans cette situation, le sort de la Hollande Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ© si la gelĂ©e continuait, et tout annonçait que le froid durerait. Le prince d'Orange avec ses Hollandais dĂ©couragĂ©s Ă Gorcum, Walmoden avec ses Anglais en pleine retraite sur Deventer, ne pouvaient tenir contre un vainqueur formidable, qui leur Ă©tait de beaucoup supĂ©rieur en forces, et qui venait d'enfoncer le centre de leur ligne. La situation politique n'Ă©tait pas moins alarmante que la situation militaire. Les Hollandais, pleins d'espĂ©rance et de joie en voyant s'approcher les Français, commençaient Ă s'agiter. Le parti orangiste Ă©tait de beaucoup trop faible pour imposer au parti rĂ©publicain. Partout les ennemis de la puissance stathoudĂ©rienne lui reprochaient d'avoir aboli les libertĂ©s du pays, d'avoir enfermĂ© ou banni les meilleurs et les plus gĂ©nĂ©reux patriotes, d'avoir surtout sacrifiĂ© la Hollande Ă l'Angleterre, en l'entraĂźnant dans une alliance contraire Ă tous ses intĂ©rĂȘts commerciaux et maritimes. Ils se rĂ©unissaient secrĂštement en comitĂ©s rĂ©volutionnaires, prĂȘts Ă se soulever au premier signal, Ă destituer les autoritĂ©s, et Ă en nommer d'autres. La province de Frise, dont les Ă©tats Ă©taient assemblĂ©s, osa dĂ©clarer qu'elle voulait se sĂ©parer du stathouder; les citoyens d'Amsterdam firent une pĂ©tition aux autoritĂ©s de la province, dans laquelle ils dĂ©claraient qu'ils Ă©taient prĂȘts Ă s'opposer Ă tout prĂ©paratif de dĂ©fense, et qu'ils ne souffriraient jamais surtout qu'on voulĂ»t percer les digues. Dans cette situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, le stathouder songea Ă nĂ©gocier, et adressa des envoyĂ©s au quartier-gĂ©nĂ©ral de Pichegru, pour demander une trĂšve, et offrir pour conditions de paix la neutralitĂ© et une indemnitĂ© des frais de la guerre. Le gĂ©nĂ©ral français et les reprĂ©sentans refusĂšrent la trĂšve; et, quant aux offres de paix, en rĂ©fĂ©rĂšrent aussitĂŽt au comitĂ© de salut public. DĂ©jĂ l'Espagne, menacĂ©e par Dugommier, que nous avons laissĂ© descendant des PyrĂ©nĂ©es, et par Moncey, qui, maĂźtre du Guipuscoa, s'avançait sur Pampelune, avait fait des propositions d'accommodement. Les reprĂ©sentans envoyĂ©s en VendĂ©e, pour examiner si une pacification Ă©tait possible, avaient rĂ©pondu affirmativement et demandĂ© un dĂ©cret d'amnistie. Quelque secret que soit un gouvernement, toujours les nĂ©gociations de ce genre transpirent elles transpirent mĂȘme avec des ministres absolus, inamovibles; comment seraient-elles restĂ©es secrĂštes avec des comitĂ©s renouvelĂ©s par quart tous les mois? On savait dans le public que la Hollande, l'Espagne, faisaient des propositions; on ajoutait que la Prusse, revenue de ses illusions, et reconnaissant la faute qu'elle avait faite de s'allier Ă la maison d'Autriche, demandait Ă traiter; on savait par tous les journaux de l'Europe qu'Ă la diĂšte de Ratisbonne plusieurs Ă©tats de l'Empire, fatiguĂ©s d'une guerre qui les touchait peu, avaient demandĂ© l'ouverture d'une nĂ©gociation tout disposait donc les esprits Ă la paix; et de mĂȘme qu'ils Ă©taient revenus des idĂ©es de terreur rĂ©volutionnaire Ă des sentimens de clĂ©mence, ils passaient maintenant des idĂ©es de guerre Ă celles d'une rĂ©conciliation gĂ©nĂ©rale avec l'Europe. On recueillait les moindres circonstances pour en tirer des conjectures. Les malheureux enfans de Louis XVI, privĂ©s de tous leurs parens, et sĂ©parĂ©s l'un de l'autre dans la prison du Temple, avaient vu leur sort un peu amĂ©liorĂ© depuis le 9 thermidor. Le cordonnier Simon, gardien du jeune prince, avait pĂ©ri comme complice de Robespierre. On lui avait substituĂ© trois gardiens, dont un seul changeait chaque jour, et qui montraient au jeune prince plus d'humanitĂ©. On tirait de ces changemens opĂ©rĂ©s au Temple de vastes consĂ©quences. Le travail projetĂ© sur les moyens de retirer les assignats donnait lieu aussi Ă de grandes conjectures. Les royalistes, qui se montraient dĂ©jĂ , et dont le nombre s'augmentait de ces incertains qui abandonnent toujours un parti qui commence Ă faiblir, disaient avec malice qu'on allait faire la paix. Ne pouvant plus dire aux rĂ©publicains Vos armĂ©es seront battues, ce qui avait Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ© trop souvent sans succĂšs, et ce qui devenait trop niais, ils leur disaient On va les arrĂȘter dans la victoire; la paix est signĂ©e; on n'aura pas le Rhin; la condition de la paix sera le rĂ©tablissement de Louis XVII sur le trĂŽne, la rentrĂ©e des Ă©migrĂ©s, l'abolition des assignats, la restitution des biens nationaux. On conçoit combien de tels bruits devaient irriter les patriotes. Ceux-ci, dĂ©jĂ effrayĂ©s des poursuites dirigĂ©es contre eux, voyaient avec dĂ©sespoir le but qu'ils avaient poursuivi avec tant d'effort, compromis par le gouvernement. A quoi destinez-vous le jeune Capet? disaient-ils; qu'allez-vous faire des assignats? Nos armĂ©es n'auront-elles versĂ© tant de sang que pour ĂȘtre arrĂȘtĂ©es au milieu de leurs victoires? n'auront-elles pas la satisfaction de donner Ă leur patrie la ligne du Rhin et des Alpes? L'Europe a voulu dĂ©membrer la France; la juste reprĂ©saille de la France victorieuse sur l'Europe doit ĂȘtre de conquĂ©rir les provinces qui complĂštent son sol. Que va-t-on faire pour la VendĂ©e? Va-t-on pardonner aux rebelles quand on immole les patriotes? Il vaudrait mieux, s'Ă©cria un membre de la Montagne dans un transport d'indignation, ĂȘtre Charette que dĂ©putĂ© Ă la convention.» On conçoit combien tous ces sujets de division, joints Ă ceux que la politique intĂ©rieure fournissait dĂ©jĂ , devaient agiter les esprits. Le comitĂ© de salut public, se voyant pressĂ© entre les deux partis, se crut obligĂ© de s'expliquer il vint dĂ©clarer Ă deux reprises diffĂ©rentes, une premiĂšre fois par l'organe de Carnot, une autre fois par celui de Merlin de Douai, que les armĂ©es avaient reçu ordre de poursuivre leurs triomphes, et de n'entendre les propositions de paix qu'au milieu des capitales ennemies. Les propositions de la Hollande lui parurent en effet trop tardives pour ĂȘtre acceptĂ©es, et il ne crut pas devoir consentir Ă nĂ©gocier Ă l'instant oĂč on allait ĂȘtre maĂźtre du pays. Abattre la puissance stathoudĂ©rienne, relever la rĂ©publique hollandaise, lui sembla digne de la rĂ©publique française. On s'exposa, Ă la vĂ©ritĂ©, Ă voir toutes les colonies de la Hollande et mĂȘme une partie de sa marine, devenir la proie des Anglais, qui dĂ©clareraient s'en emparer au nom du stathouder; mais les considĂ©rations politiques devaient l'emporter. La France ne pouvait pas ne pas abattre le stathoudĂ©rat; cette conquĂȘte de la Hollande ajoutait au merveilleux de ses victoires, intimidait davantage l'Europe, compromettait surtout les flancs de la Prusse, obligeait cette puissance Ă traiter sur-le-champ, et par-dessus tout rassurait les patriotes français. En consĂ©quence Pichegru eut ordre de ne plus s'arrĂȘter. La Prusse, l'Empire, n'avaient encore fait aucune ouverture, et on n'eut rien Ă leur rĂ©pondre. Quant Ă l'Espagne, qui promettait de reconnaĂźtre la rĂ©publique et de lui payer des indemnitĂ©s, Ă condition qu'on ferait vers les PyrĂ©nĂ©es un petit Ă©tat Ă Louis XVII, elle fut Ă©coutĂ©e avec mĂ©pris et indignation, et ordre fut donnĂ© aux deux gĂ©nĂ©raux français de s'avancer sans relĂąche. Quant Ă la VendĂ©e, un dĂ©cret d'amnistie fut rendu il portait que tous les rebelles, sans distinction de grade, qui poseraient les armes dans l'intervalle d'un mois, ne seraient pas poursuivis pour le fait de leur insurrection. Le gĂ©nĂ©ral Canclaux, destituĂ© Ă cause de sa modĂ©ration, fut replacĂ© Ă la tĂȘte de l'armĂ©e dite de l'Ouest, qui comprenait la VendĂ©e. Le jeune Hoche, qui avait dĂ©jĂ le commandement de l'armĂ©e des cĂŽtes de Brest, reçut en outre celui de l'armĂ©e des cĂŽtes de Cherbourg personne n'Ă©tait plus capable que ces deux gĂ©nĂ©raux de pacifier le pays, par le mĂ©lange de la prudence et de l'Ă©nergie. Pichegru, qui avait reçu ordre de poursuivre sa marche victorieuse, attendait que la surface du Wahal fĂ»t entiĂšrement prise. Notre armĂ©e longeait le fleuve; elle Ă©tait rĂ©pandue sur ses bords vers Millingen, NimĂšgue, et tout le long de l'Ăźle de Bommel, dont nous Ă©tions maĂźtres. Walmoden, voyant que Pichegru, vers Bommel, n'avait laissĂ© que quelques avant-postes sur la rive droite, les replia, et commença un mouvement offensif. Il proposait au prince d'Orange de se joindre Ă lui, pour former de leurs deux armĂ©es rĂ©unies une masse imposante, qui pĂ»t arrĂȘter par une bataille l'ennemi qu'on ne pouvait plus contenir maintenant par la ligne des fleuves. Le prince d'Orange, tenant Ă ne pas dĂ©couvrir la route d'Amsterdam, ne voulut jamais quitter Gorcum. Walmoden songea Ă se placer sur la ligne de retraite, qu'il avait tracĂ©e d'avance du Wahal Ă lĂ Linge, de la Linge au Leck, du Leck Ă l'Yssel, par Thiel, Arnheim et Deventer. Tandis que les rĂ©publicains attendaient la gelĂ©e avec la plus vive impatience, la place de Grave, dĂ©fendue avec un courage hĂ©roĂŻque par le commandant Debons, se rendit presque rĂ©duite en cendres. C'Ă©tait la principale des places que les Hollandais possĂ©daient au-delĂ de la Meuse, et la seule qui n'eĂ»t pas cĂ©dĂ© Ă l'ascendant de nos armes. Les Français y entrĂšrent le 9 nivĂŽse 29 dĂ©cembre. Enfin, le 19 nivĂŽse 8 janvier 1795, le Wahal se trouva solidement gelĂ©. La division Souham le franchit vers Bommel; la brigade Dewinther, dĂ©tachĂ©e du corps de Macdonald, le traversa vers Thiel. A NimĂšgue et au-dessus, le passage n'Ă©tait pas aussi facile, parce que le Wahal n'Ă©tait pas entiĂšrement pris. NĂ©anmoins le 21 10, la droite des Français le passa au-dessus de NimĂšgue, et Macdonald, appuyĂ© par elle, passa Ă NimĂšgue mĂȘme dans des bateaux. En voyant ce mouvement gĂ©nĂ©ral, l'armĂ©e de Walmoden se retira. Une bataille seule aurait pu la sauver; mais dans l'Ă©tat de division et de dĂ©couragement oĂč se trouvaient les coalisĂ©s, une bataille n'aurait peut-ĂȘtre amenĂ© qu'un dĂ©sastre. Walmoden exĂ©cuta un changement de front en arriĂšre, en se portant sur la ligne de l'Yssel, afin de gagner le Hanovre par les provinces de la terre ferme. ConformĂ©ment au plan de retraite qu'il s'Ă©tait tracĂ©, il abandonna ainsi les provinces d'Utrecht et de la Gueldre aux Français. Le prince d'Orange resta vers la mer, c'est-Ă -dire Ă Gorcum. N'espĂ©rant plus rien, il abandonna son armĂ©e, se prĂ©senta aux Ă©tats rĂ©unis Ă La Haye, leur dĂ©clara qu'il avait essayĂ© tout ce qui Ă©tait en son pouvoir pour la dĂ©fense du pays, et qu'il ne lui restait plus rien Ă faire. Il engagea les reprĂ©sentans Ă ne pas rĂ©sister davantage au vainqueur, pour ne pas amener de plus grands malheurs. Il s'embarqua aussitĂŽt aprĂšs pour l'Angleterre. DĂšs cet instant, les vainqueurs n'avaient plus qu'Ă se rĂ©pandre comme un torrent dans toute la Hollande. Le 28 nivĂŽse 17 janvier, la brigade Salm entra Ă Utrecht, et le gĂ©nĂ©ral Vandamme Ă Arnheim. Les Ă©tats de Hollande dĂ©cidĂšrent qu'on ne rĂ©sisterait plus aux Français, et que des commissaires iraient leur ouvrir les places dont ils croiraient avoir besoin pour leur sĂ»retĂ©. De toutes parts, les comitĂ©s secrets qui s'Ă©taient formĂ©s manifestaient leur existence, chassaient les autoritĂ©s Ă©tablies, et en nommaient spontanĂ©ment de nouvelles. Les Français Ă©taient reçusConsidĂ©rations sur la RĂ©volution française » de Mme de StaĂ«l Michel Winock dans mensuel 338 datĂ© janvier 2009 - La fille de Necker se bat contre la monarchie sans bornes, le jacobinisme sans frein et le bonapartisme sans contre-pouvoir. Lâauteur Câest une banalitĂ© de dire que notre monde est envahi par des images toujours plus prĂ©sentes au cinĂ©ma, Ă la tĂ©lĂ©vision, sur les affiches publicitaires, dans les bandes dessinĂ©es et les jeux vidĂ©os. Dans ce contexte, lâimage en mouvement et plus particuliĂšrement le cinĂ©ma apparaĂźt comme un champ de recherche important et a fortiori comme un objectif Ă©ducatif prioritaire lâabondance des images, la prĂ©sence des Ă©quipements informatiques mettent Ă la disposition des professeurs et des Ă©lĂšves des supports dâapprentissage nombreux et des occasions de connaissance multipliĂ©es. Seule la cohĂ©rence du projet pĂ©dagogique, construit par rapport aux objectifs essentiels, permet le choix des techniques, des mĂ©thodes et des documents les plus pertinents »Annexes Ă lâarrĂȘtĂ© du 14 novembre 1985, parues en 1987 et en 1989 Instructions gĂ©nĂ©rales. Une question se pose alors comment utiliser et exploiter un savoir mĂ©diatisĂ© Ă la fois pour le chercheur et pour lâenseignant ? I- Lâimage en mouvement une source pour lâhistorien ? Lâimage dâEpinal, la bande dessinĂ©e, les rĂ©cits de grands-parents, les romans historiques, les films, la tĂ©lĂ©vision vĂ©hiculent des connaissances dans lesquelles la part de fiction et des reprĂ©sentations est essentielle. Le savoir historique peut donc ĂȘtre mĂ©diatisĂ© par diffĂ©rents canaux parmi lesquels le cinĂ©ma occupe une place de plus en plus prĂ©pondĂ©rante. Ainsi, comme le souligne lâhistorien Christian DelageDELAGE Christian, article CinĂ©ma et Histoire, un Ă©tat des lieux », revue MâScope, CRDP de Versailles, n°7, mai 1994, les correspondances entre image et Histoire peuvent se comprendre soit comme lâadaptation de la mĂ©thode historique Ă lâobjet particulier quâest le film, fiction ou documentaire, soit comme la prise en compte du film comme source historique Ă part entiĂšre ». En outre, les historiens trouvent lĂ©gitime de critiquer les films de fiction Ă caractĂšres historiques. Il sâagit au contraire de comprendre dans quel contexte se construit le film et de mesurer quelle distance celui-ci peut prendre par rapport Ă la rĂ©alitĂ© historique. Par ailleurs, contrĂŽler le passĂ© a toujours aidĂ© Ă maĂźtriser le prĂ©sent. Ainsi, lâinstrumentalisation de la mĂ©moire est essentielle pour dominer les masses. Lâengouement actuel pour les images rĂ©vĂšle donc lâenjeu dâune mĂ©moire dont lâhistorien est le garant contestĂ©. Pierre Nora va au-delĂ lorsquâil dit les mass mĂ©dias ont dĂ©sormais le monopole de lâHistoire ». Dans ce cadre, lâimage filmĂ©e entre dans la dĂ©finition des les lieux de mĂ©moire ». En effet, la dĂ©mocratisation de lâenseignement et la diffusion des connaissances historiques par dâautres moyens mĂ©diatiques contribuent Ă Ă©clairer le citoyen sur le fonctionnement de sa propre citĂ© et sur les usages politiques de lâHistoire. 1 Historiographie LâintĂ©rĂȘt des historiens pour le cinĂ©ma est relativement rĂ©cent. En effet, en 1971, Marc Ferro sâinterroge sur les relations entre cinĂ©ma et Histoire et pose la question sous forme de boutade du film comme document indĂ©sirable pour lâhistorien ? » Article repris in CinĂ©ma et Histoire, par M. Ferro, Paris, Gallimard, folio Histoire, 1993, Marc, CinĂ©ma et Histoire, Gallimard, rĂ©ed. 1993, Ainsi, dans son article, Marc Ferro souligne que les sources utilisĂ©es par lâhistorien forment un corpus aussi hiĂ©rarchisĂ© que la sociĂ©tĂ©, avec en tĂȘte les archives dâEtat et Ă lâarriĂšre plan les matĂ©riaux filmiques. Selon cette considĂ©ration, le film nâentre pas dans lâunivers mental de lâhistorien. TrĂšs vite, lâattitude des chercheurs sâavĂšre plus nuancĂ©e au point de rendre Ă©vident le lien entre cinĂ©ma et Histoire. Il convient alors dâĂ©noncer lâhistoire rĂ©cente de cette relation longtemps contestĂ©e en privilĂ©giant les grandes pistes historiographiques. Marc Ferro, dans le cadre de ses recherches, fait figure de vĂ©ritable prĂ©curseur dans ce domaine. En effet, la plupart des historiens, incapables de considĂ©rer le film comme une source dâinformation, nĂ©gligeaient ce champ de recherche. Avec Marc Ferro, lâhistorien pressent que le cinĂ©ma, Ă travers un discours explicite, permet dâatteindre un message implicite et constitue, documentaire ou fiction, un ensemble dâarchives inestimables. Un nouveau champ dâinvestigation actuellement en cours dâexploitation sâouvre Ă lâappĂ©tit des historiens. Le film devient alors objet dâĂ©tude pour lui-mĂȘme et acquiert dans cette perspective un statut de document dâHistoire. De fait, depuis ces recherches pionniĂšres, on assiste Ă un vĂ©ritable engouement des Ă©tudes historiques pour le cinĂ©ma. En 1972 par exemple, RenĂ© PrĂ©dal publie chez Armand Colin dans la collection U2 La sociĂ©tĂ© française Ă travers le cinĂ©ma, 1914/1945. Plus rĂ©cemment, M. Langny publie en 1990 aux Ă©ditions Armand Colin un ouvrage intitulĂ© De lâHistoire au cinĂ©ma⊠qui fait le point sur lâĂ©volution de la recherche dans ce domaine. En octobre 2001 le numĂ©ro 561 des Cahiers du cinĂ©ma intitulĂ© le cinĂ©ma rattrapĂ© par lâHistoire » pose des problĂ©matiques intĂ©ressantes sur la lecture historique du film et la lecture cinĂ©matographique de lâHistoire. Ainsi, de La grande illusion Ă Lacombe Lucien, de M le maudit aux Sentiers de la gloire en passant par La marseillaise ou le Danton de Wajda, les historiens font apparaĂźtre les nombreuses interfĂ©rences entre Histoire et cinĂ©ma qui permettent de mieux apprĂ©hender les sociĂ©tĂ©s actuelles et anciennes. Par ailleurs, depuis cet approfondissement de la recherche en Histoire, la mĂ©thodologie dâanalyse sâest diversifiĂ©e. Il faut remercier lâapport prĂ©cieux des Ă©tudes thĂ©oriques et esthĂ©tiques de chercheurs comme Jacques Aumont et Michel Marie qui considĂšrent le film comme objet dâart, comme produit artistique. Dans un ouvrage qualifiĂ© par la revue Avant scĂšne cinĂ©ma de bible et sĂ©same appliquĂ©s au cinĂ©ma » ces deux chercheurs dĂ©gagent de façon pertinente les acquis mĂ©thodologiques des axes de recherches liĂ©es Ă lâanalyse filmique. Toutefois, ils ne prĂ©conisent pas une mĂ©thode universelle mais des pistes de rĂ©flexion comme le titre de leur ouvrage lâindique AUMONT Jacques et MARIE Michel, Lâanalyse des films, Nathan cinĂ©ma, 1988. il ne sâagit pas de lâanalyse de film mais de lâanalyse des films, car chaque objet observĂ© recĂšle sa part dâoriginalitĂ©. PassionnĂ© par le cinĂ©ma, Pierre Sorlin a orientĂ© ses recherches sur le neuviĂšme art dans le mĂȘme sens en Ă©tudiant avec prĂ©cision le montage et le dĂ©coupage des films. Toutefois, conservant une approche technique et sĂ©miologique, il va trĂšs vite mettre en relief les interfĂ©rences entre cinĂ©ma et sociĂ©tĂ©. Son ouvrage Sociologie du cinĂ©ma ouverture pour lâHistoire de demain Paris, Aubier, collection historiques, 1977 fait date dans ce domaine. En effet, il montre que lâutilisation et la pratique de modes dâĂ©criture spĂ©cifiques joignent la sociĂ©tĂ© qui produit le film Ă la sociĂ©tĂ© qui le reçoit. Ces aspects techniques sont donc de premier ordre pour un travail dâanalyse filmique en classe. Comme le souligne Guy Hennebelle HENNEBELLE G., la marque Ferro », Ă©ditorial, CinĂ©ma et Histoire », revue CinĂ©mAction, 4iĂšme trimestre, 1992, la diversification de la mĂ©thodologie dâanalyse des films nĂ©cessite la mise en place dâun examen spĂ©cifique dâautant plus important quâil sâagira par la suite de le mettre Ă profit lors dâune transposition didactique DĂ©coder, aller au delĂ des fausses Ă©vidences dâune rĂ©ception passive, câest bien. DĂ©coder un contenu, câest beaucoup plus important. Et dĂ©masquer derriĂšre les images le vrai visage de la rĂ©alitĂ© historique et sociale, câest beaucoup plus passionnant ». 2 Le film de fiction historique essai de typologie. La lecture cinĂ©matographique de lâHistoire pose Ă lâhistorien le problĂšme de sa propre lecture du passĂ©. Les expĂ©riences des cinĂ©astes contemporains montrent que grĂące Ă la mĂ©moire populaire et Ă la tradition orale, le cinĂ©aste historien peut rendre Ă la sociĂ©tĂ© une Histoire dont lâinstitution lâa dĂ©possĂ©dĂ©e. Mais au delĂ dâun siĂšcle ou deux dâĂ©cart, la distance sâavĂšre excessive. Nous pouvons distinguer dâemblĂ©e deux genres de films exploitables par lâhistorien â Le film documentaire qui est censĂ© sâappuyer sur des documents, sur des tĂ©moignages ou sur une enquĂȘte. â Le film de fiction, historique ou non oĂč lâauteur peut exprimer en toute libertĂ© son imagination. Cependant, dans notre cadre, ce sont surtout les films de fiction historique qui attisent la curiositĂ© mĂȘme si la dramaturgie y est parfois sans rapport avec le contexte historique. En effet, lâanalyse dâun film de fiction historique peut sâavĂ©rer plus riche dans un cours dâHistoire que celle dâun film documentaire, pour plusieurs raisons. Dâune part, le film de fiction a lâavantage dâexprimer le non-dit le rĂȘve ou les grandes idĂ©es. Dâautre part, il peut se rĂ©vĂ©ler efficace dans la dĂ©nonciation de problĂšmes politiques ou sociaux. Une Ćuvre vraiment crĂ©atrice peut atteindre la vĂ©ritĂ© la plus profonde et exprimer les tendances marquantes dâune Ă©poque, parfois invisibles aux observateurs traditionnels. Le rĂ©alisateur nâest pas toujours conscient de la force et de la justesse de son message. Parmi ces films, ceux qui font allusion Ă une pĂ©riode oĂč le cinĂ©ma nâexistait pas, attirent lâattention car ils proposent des pistes de rĂ©flexion originales. Ainsi, les principaux problĂšmes que posent au rĂ©alisateur les films historiques prĂ©sentant une Ă©poque antĂ©rieure au XXĂšme siĂšcle sont essentiellement dâordre intellectuel. Dans un article, Denys Arcand ARCAND Denys, Unesco revue Cultures numĂ©ro spĂ©cial cinĂ©ma et Histoire », tome II, 1974 Ă©numĂšre les trois freins structurels de lâentreprise cinĂ©-historienne la contradiction entre le mouvement cinĂ©matographique et la stabilitĂ© de la connaissance historique, la faible capacitĂ© de mĂ©morisation du spectateur et la lenteur informative du mĂ©dium vocal. MalgrĂ© la difficultĂ© de la tĂąche et les impĂ©ratifs imposĂ©s par le rĂ©cit cinĂ©matographique, il nâest toutefois pas rare de voir des historiens concourir Ă la rĂ©alisation de films historiques de fiction et donner leur avis sur la vĂ©racitĂ© de telle ou telle sĂ©quence. LâHistoire, connaissance du passĂ© qui explique le prĂ©sent, a quatre sources principales qui inspirent abondamment les cinĂ©astes â Lâinstitution. Câest lâHistoire officielle. LâEtat dĂ©termine la connaissance historique en dĂ©cidant des programmes et en nommant les enseignants câest le discours du pouvoir. â La contre Histoire. Câest le contraire de ce que dit lâHistoire officielle. Mais en prĂŽnant la contestation idĂ©ologique, elle se rapproche parfois dâune autre Histoire officielle. â La mĂ©moire. On sâen sert pour Ă©crire lâHistoire. Cette mĂ©moire est discrĂ©ditĂ©e par lâinstitution qui voit en elle une Histoire vue sous un angle personnel. En fait, par sa subjectivitĂ©, la mĂ©moire nous trompe comme elle trompe lâHistoire. â LâHistoire analytique. Elle expose des problĂšmes en occultant les rĂ©cits trop subjectifs. Nous retrouvons ces quatre sources historiques dans le cinĂ©ma films dâHistoire officielle, films dâopposition, films de mĂ©moire et films dâHistoire analytique. Comment le professeur dâHistoire peut il sây retrouver ? Les films de fiction utilisĂ©s dans notre corpus sont de deux grands types cette typologie est empruntĂ© Ă lâouvrage de BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours dâHistoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985, ; Dâabord les films de fictions reconstructrices Ă visĂ©e didactique et pĂ©dagogique, comme Les annĂ©es lumiĂšres, les annĂ©es Terribles, ou 1788. Les dĂ©cors de ces films sont le plus souvent rĂ©els et le dialogue des acteurs se veut fidĂšle Ă la rĂ©alitĂ© historique. Puis le deuxiĂšme type met en relief les fictions dramatisĂ©es et partisanes. Les dialogues, qui mettent en prĂ©sence des acteurs connus sont théùtralisĂ©s, la rĂ©alitĂ© historique » dĂ©crite renvoie souvent Ă une problĂ©matique explicitement contemporaine. On peut citer parmi ces films Danton de Wajda, La marseillaise de Renoir et Ă un moindre degrĂ© Marie-Antoinette de Jean Delonnoy ou La nuit de Varennes dâEttore Scola. A cette typologie sâajoute bien entendu une rĂ©flexion personnelle des auteurs sur la RĂ©volution française correspondant trĂšs souvent Ă un moment prĂ©cis de lâhistoriographie et un contexte particulier. 3 Le mythe de la RĂ©volution française au cinĂ©ma. La RĂ©volution française a suscitĂ© des polĂ©miques, des chansons, des lettres, des romans, des piĂšces de théùtre, et une abondante historiographie. En effet, la rĂ©volution française ! Cet Ă©vĂ©nement, prodigieux par son ampleur et ses effets, nâa cessĂ© de hanter lâimaginaire des peuples comme de rĂ©gir les actes de maints zĂ©lateurs » ICART Roger, La RĂ©volution française Ă lâĂ©cran, Milan, 1988, . Honnie par les uns, exaltĂ©e par les autres, la RĂ©volution française se devait dâinspirer les Ă©crivains, les philosophes et dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les artistes. Dans les outils de transmission du savoir, le cinĂ©ma ne pouvait ĂȘtre ignorer bien longtemps. Le choix dâĂ©tudier la pĂ©riode rĂ©volutionnaire Ă travers le cinĂ©ma permet de mettre Ă jour de façon originale les problĂšmes scientifiques que pose lâĂ©tude de la RĂ©volution française car le mythe de la RĂ©volution » GERARD Alice, la RĂ©volution française, mythes et interprĂ©tations 1789-1970, Flammarion, 1970, coll. Questions dâHistoire. se nourrit de discours et de scĂšnes historiques ancrĂ©s le plus souvent dans lâabĂźme dâune lecture passionnelle des Ă©vĂšnements. Lâexamen de films consacrĂ©s Ă la RĂ©volution française met en Ă©vidence, selon Roger Icart ICART Roger, La RĂ©volution française Ă lâĂ©cran, Ed. Milan, 1988., des reprĂ©sentations Ă travers deux thĂšmes dâinspiration Ă forte charge symbolique les grands personnages de cette pĂ©riode troublĂ©e et le rĂ©cit des grandes journĂ©es rĂ©volutionnaires. Une remarque se dĂ©gage de la lecture des travaux de Sylvie Dallet DALLET Sylvie, La RĂ©volution française et le cinĂ©ma, Lherminier, Ă©ditions des quatre-vents, Paris, 1988. et de Raymond Lefevre LEFEVRE Raymond, CinĂ©ma et rĂ©volution, Edilig, 1988. aucun film ne raconte les Ă©vĂ©nement ou ne dĂ©cris un personnage de la mĂȘme façon. Dans leur plus grande proximitĂ©, les plans maintiennent une nette distinction entre deux Ćuvres. Cela revient Ă sâinterroger sur la façon dont les cinĂ©astes recrĂ©ent les pages dâHistoire et sur lâinfluence de lâhistoriographie de la RĂ©volution sur leur production. Le contexte de crĂ©ation des films peut donc ĂȘtre mis en Ă©troite collaboration avec les grandes phases historiographiques de la RĂ©volution. La perception de la RĂ©volution française au cinĂ©ma repose sur une tradition historiographique prĂ©cise et sur un arsenal lĂ©gendaire souvent antĂ©rieur au 19Ăšme siĂšcle. Une Confrontation est nĂ©cessaire entre le cinĂ©ma et les grands courants de la littĂ©rature et de la politique pour saisir lâimplication dâune forme dâart sur dâautres, et dâun mouvement de pensĂ©e sur lâinconscient collectif. Ainsi le cinĂ©ma prend place aux cĂŽtĂ©s de lâenseignement universitaire et de la littĂ©rature historique pour Ă©voquer la transmission du passĂ©. MĂȘme si les images filmiques sont encore mal acceptĂ©es parmi ces lieux de mĂ©moire » qui, selon Pierre Nora, ont modelĂ© depuis la RĂ©volution française les imaginaires nationaux, le cinĂ©ma concurrence efficacement lâenseignement de lâHistoire et joue un rĂŽle de premier ordre dans la construction de nos appartenances nationales. Ainsi, un rĂ©alisateur fidĂšle dans ses lectures Ă Furet, Soboul ou Vovelle oriente son film de façon plus ou moins consciente vers une conception raisonnablement engagĂ©e de la RĂ©volution française. Il semble aujourdâhui, que lâimaginaire du public et des mĂ©dias corresponde plus au Danton de Wajda quâĂ celui de Lavisse. A lâinstar de Pierre Guibert et Michel Oms, auteurs de LâHistoire de France au cinĂ©ma, lâanalyse du personnage de Louis XVI, souligne que aux yeux Ă©blouit de plusieurs gĂ©nĂ©rations de spectateurs, Louis XVI a-t-il pris pour longtemps les traits de Pierre Renoir, Jacques Morel, Robert Morley ou Jean-François Balmer ? Cependant, en sens inverse, des personnages romanesques issus de la grande littĂ©rature ou du feuilleton populaire ont pris pied dans lâHistoire, tel le bossu au contact du rĂ©gent, ils ont acquis lâĂ©paisseur de la vĂ©ritĂ© historique. Voici comment, inextricablement, Ă la faveur de la confusion quâengendrent les salles obscures, la fiction et le rĂ©el, mais aussi le passĂ© national et le passĂ© du spectateur se sont croisĂ©s pour former la trame du tissu culturel français » GUIBERT P., OMS M., âlâHistoire de France au cinĂ©maâ in CinĂ©maction H. S., Ed. Corlet, 1993.. Le cinĂ©ma a recréé un portrait de Louis XVI Ă partir de celui que la RĂ©volution avait dressĂ© Ă lâusage de tous un homme bon mais faible, irrĂ©solu, qui nâĂ©tait pas lâhomme de la situation. Un homme bien gentil en somme, mais qui incarne Ă merveille le mythe de la royautĂ© extĂ©nuĂ©e, expirante, surannĂ©e, vieillie, dĂ©passĂ©e par une Histoire dynamique et ambitieuse. Bref, une monarchie inadaptĂ©e Ă lâavenir. Autre clichĂ©s Ă©tabli par le cinĂ©ma Louis XVI reprĂ©sentĂ© trĂšs souvent de la mĂȘme taille que les personnages qui lâentourent alors quâen rĂ©alitĂ© il mesurait plus dâun mĂštre quatre-vingt-dix et quâil Ă©tait dâun carrure colossale. Que dire alors du Louis XVI caricaturĂ© en glouton ? Certains films vont jusquâĂ le reprĂ©senter bĂ©gayant ou zozotant pour inspirer la moquerie du public ! Or nul ne sait sâil avait de dĂ©faut dâĂ©locution. Peu importe lâimportant est de le ridiculiser pour le rendre pathĂ©tique voir TP Louis XVI Ă travers le prisme du cinĂ©ma. Les historiens ne doivent donc pas rester insensibles Ă ces phĂ©nomĂšnes de sociĂ©tĂ© surtout lorsquâils traitent de sujets passionnels comme la RĂ©volution française. Conclusion Le cinĂ©ma est bien un objet dâHistoire. A la lumiĂšre de la recherche actuelle, le film est de moins en moins Ă©tranger Ă lâunivers mental des historiens. A ce titre, lâenseignant peut tout autant sâappuyer sur des films dont lâHistoire est le cadre que sur des films dont lâHistoire est lâobjet. Le professeur dâHistoire apparaĂźt ainsi Ă la charniĂšre des savoirs savants et scolaires. Certes, ce type de document ne doit pas ĂȘtre privilĂ©giĂ© mais ses apports demeurent fĂ©conds pour le professeur dâHistoire dans sa perspective pĂ©dagogique et critique car le film rĂ©vĂšle aisĂ©ment son intĂ©rĂȘt cognitif. Le cinĂ©ma est une passerelle tendue entre les savoirs scolaires et la culture extrascolaire, en particulier tĂ©lĂ©visuelle des Ă©lĂšves. Pour enseigner lâHistoire Ă travers le cinĂ©ma, plusieurs questions se posent comment faire pour que les Ă©lĂšves se sentent concernĂ©s par le sujet ? Comment transformer en acteur ce public souvent passif ? Quelle conception de lâHistoire sous-tend le document ? Le scĂ©nario est-il bĂąti autour dâun personnage, dâun thĂšme ou dâune classe sociale ? Le film est-il rĂ©ellement compatible avec une utilisation pĂ©dagogique ? Quels sont les rĂ©ajustements nĂ©cessaires pour cette forme dâutilisation ? Il va de soi que le dĂ©bat sur lâhistoriographie de la RĂ©volution visible Ă travers des productions cinĂ©matographiques pour le spectateur averti doit rester toujours Ă lâesprit de lâenseignant et se reflĂ©tera dans le choix des extraits et de la problĂ©matique choisie aussi bien au niveau du collĂšge que du lycĂ©e mĂȘme si au collĂšge il ne sera pas engagĂ© pour lui mĂȘme. II De la source historique au support pĂ©dagogique. 1 La place des images et le choix du corpus au regard des programmes et des instructions officielles. La richesse des images quâoffre le cinĂ©ma permet au professeur dâHistoire de puiser dans une mine inĂ©puisable dâinformations. Il ne doit pas systĂ©matiquement considĂ©rer le film comme un tout mais utiliser avec profit de courtes sĂ©quences. Ainsi, la fonction principale du professeur est alors de trier les informations, de sĂ©lectionner les sĂ©quences susceptibles dâĂȘtre intĂ©ressantes et dâen analyser les dĂ©rives car Enseigner câest dâabord faire des choix » LE PELLEC Jacqueline, VIOLETTE Marcos-Alvarez, Enseigner lâHistoire un mĂ©tier qui sâapprend, Hachette Ă©ducation, 1991, Ce travail effectuĂ© en fonction des instructions officielles met en valeur des Ă©lĂ©ments qui seront utilisables comme documents historiques et transposables dans des sĂ©quences dâenseignement. Ainsi, des scĂšnes bien choisies sont plus faciles Ă mĂ©moriser quâun ouvrage abordant le sujet et elles enrichissent la prĂ©sentation pĂ©dagogique Ă telle point que Les annĂ©es lumiĂšres et Les annĂ©es terribles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă des fins pĂ©dagogique claires et annoncĂ©es lors du bicentenaire de la RĂ©volution française. De plus, nous pouvons constater que les connaissances que peuvent avoir les Ă©lĂšves sur la RĂ©volution française ou sur dâautres pĂ©riodes historiques sont la plupart du temps issues du cinĂ©ma. Ainsi, ayant consciencieusement relu Furet et Soboul pour prĂ©parer son cours sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire, lâenseignant dĂ©couvre que ses Ă©lĂšves sont imprĂ©gnĂ©s des images de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e sur NapolĂ©on ou dâimages du film dâEnrico sur la RĂ©volution diffusĂ©s la veille. VoilĂ donc deux formes de savoirs diffĂ©rents par leur mode de transmission, auxquels le professeur mais aussi les Ă©lĂšves ont accĂšs. Or dans lâesprit des Ă©lĂšves, ces deux savoirs ne se distinguent pas. Pour cela, il faut confronter et critiquer les documents car le cinĂ©ma est nĂ©cessairement lâobjet dâune reprĂ©sentation. En accord avec les instructions officielles, le but du professeur est de montrer que ces diffĂ©rents savoirs ne sont pas rĂ©gis par les mĂȘmes principes de construction. Cependant, il est parfois difficile de montrer aux Ă©lĂšves en quoi les mĂ©dias sont les vecteurs dâune ou plusieurs Histoires. Le choix du document filmique se fait donc en fonction de la progression Ă©tablie, des instructions officielles, des connaissances et des capacitĂ©s des Ă©lĂšves Ă regarder et Ă comprendre le document retenu. Enfin, la place de lâextrait dans la sĂ©quence est dĂ©terminĂ©e par les stratĂ©gies pĂ©dagogiques et les dĂ©marches adoptĂ©es qui peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes en classe de quatriĂšme ou de seconde. Le personnage du roi sert de trame narrative pour Ă©voquer la pĂ©riode rĂ©volutionnaire mĂȘme aprĂšs sa mort. Louis XVI dâune maniĂšre ou dâune autre apparaĂźtra donc en filigrane Ă travers toute la sĂ©quence sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire. 2 Le film comme illustration Le premier intĂ©rĂȘt du film de fiction pour lâenseignant est dâabord sa fonction dâappĂąt. Ainsi, les films sur la RĂ©volution française sont volontiers utilisĂ©s pour illustrer Ă plusieurs niveaux des Ă©vĂšnements, des personnages, des lieux ou des thĂšmes. A travers ces considĂ©rations, le personnage du roi et ses rĂ©actions face aux Ă©vĂšnements peuvent apparaĂźtre comme fil conducteur de lâanalyse des sĂ©quences. â- Louis XVI au cĆur de trois dimensions de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire â- â Le film comme illustration dâun Ă©vĂ©nement. LâĂ©vĂ©nement fait parti inhĂ©rente du rĂ©cit et de lâĂ©volution de la dramatique du film. Il est donc primordial de choisir des moments clĂ©s et rĂ©vĂ©lateurs pour construire sa sĂ©quence. Le choix de ces Ă©vĂ©nements sâeffectuer en fonction des repĂšres chronologiques proposĂ©s par les programmes. Ainsi, la prise de la bastille 14 juillet 1789, lâabolition des privilĂšges 4 aoĂ»t 1789, la dĂ©claration des droits de lâhomme 26 aoĂ»t 1789, la chute de la monarchie 10 aoĂ»t 1792, la chute de Robespierre 9 thermidor an II, le coup dâĂ©tat du 18 brumaire 1799, le sacre de NapolĂ©on dĂ©cembre 1801 sont autant de dates clĂ©s, prĂ©sentes dans les programmes, que le cinĂ©ma peut illustrer. Le cinĂ©ma offre non seulement un rĂ©cit synthĂ©tique qui permet de prĂ©senter les Ă©pisodes majeurs » de la RĂ©volution française mais aussi des reprĂ©sentations plus ou moins originales de cette pĂ©riode. Le rĂŽle du professeur est alors double dâabord, il se doit dâinsister sur la signification politique et sociale de chacune des phases retenues, Ă©tape indispensable en QuatriĂšme, puis il nuance les visions proposĂ©es en confrontant les sources filmiques et les diffĂ©rentes conceptions des rĂ©alisateurs, dĂ©marche plus appropriĂ©e en Seconde. On peut mettre Ă profit lâĂ©tude dâune journĂ©e rĂ©volutionnaire par le film de fiction afin de sĂ©lectionner quelques grandes idĂ©es dĂ©veloppĂ©es Ă lâaide dâexemple prĂ©cis, Ă forte charge symbolique ». Le suivi dâune journĂ©e rĂ©volutionnaire Ă travers le cinĂ©ma a lâavantage de rendre compte du rĂŽle concret des diffĂ©rents acteurs de la RĂ©volution, des tensions Ă lâĆuvre et de lâemploi de la violence. Deux exemples sont particuliĂšrement parlants pour Ă©voquer les tournants majeurs de la marche Ă la RĂ©volution le 14 juillet 1789 et le 10 aoĂ»t 1792. Tout dâabord, le 14 juillet 1789 apparaĂźt comme le premier Ă©vĂ©nement rĂ©volutionnaire retenu par le cinĂ©ma. Pierre Nora lâa clairement identifiĂ© comme lâun de nos principaux lieux de mĂ©moire ». Il renseigne sur la force dâune pression populaire inorganisĂ©e et sur la distance du roi face Ă lâĂ©vĂšnement. Toutefois, si beaucoup de films parlent de la prise de la Bastille, peu la montrent, car cela exige dâimportants moyens financiers. Ainsi, Renoir dans sa Marseillaise y faisait allusion par le dialogue sans la montrer. La Marie-Antoinette de Jean Delannoy ou les diffĂ©rentes versions de Madame sans gĂȘne prĂ©sentent le mĂȘme artifice filmique. La troisiĂšme RĂ©publique, en la choisissant pour fĂȘte nationale, en fait un symbole celui de la victoire des idĂ©es dĂ©mocratiques sur lâarbitraire royal, la vidant aussi de sa rĂ©alitĂ© premiĂšre pour lâanoblir, la parer des Ă©clatantes couleurs dâun Ă©vĂ©nement heureux, dâune dĂ©livrance salutaire. Câest dâailleurs sous cette forme que, la plupart du temps, le cinĂ©ma lâĂ©voque. Toutefois, seuls les films amĂ©ricains peuvent, grĂące Ă leurs Ă©normes moyens, se permettre de faire revivre cette scĂšne de mouvement et de fureur. Un travail auquel ils sâappliquent dans les diverses adaptations de A tale of two cities oĂč lâaccent est mis sur lâaspect salvateur de lâĂ©vĂ©nement. En brisant les chaĂźnes du pont-levis de la forteresse ce sont celles de la monarchie qui sont brisĂ©es. Dans la mĂȘme perspective, la prise de la Bastille dans Les annĂ©es lumiĂšres voir TP LâannĂ©e 1789 Ă lâĂ©cran constitue, dans le contexte de sa rĂ©alisation lâannĂ©e du bicentenaire, une forme de cĂ©lĂ©bration officielle. En classe, on peut insister sur les scĂšnes de foule et les scĂšnes comportant des personnages identifiĂ©s en y comparant le cadrage et lâutilisation de la musique pour dĂ©montrer comment ces techniques appuient ce que le rĂ©alisateur a voulu montrer. La prise des tuileries fait parfaitement Ă©chos Ă celle de la bastille et permet de mesurer les acquis des Ă©lĂšves, bien quâil sâagisse ici dâune insurrection organisĂ©e et non dâune Ă©meute. Le 10 AoĂ»t est souvent traitĂ© de maniĂšre allusive voire symbolique par le septiĂšme art. Ainsi, les nombreuses versions de Madame Sans-GĂȘne, voir TP La chute de la royautĂ© vue par le cinĂ©ma retracent cet Ă©pisode mais sans jamais le montrer. LĂ encore, il faut attendre les grosses productions amĂ©ricaines pour voir le peuple de Paris dresser des barricades et sâĂ©lancer Ă lâassaut du palais des tyrans. En France, le seul film qui, Ă ce jour, ait tentĂ© de nous faire comprendre cet Ă©pisode dĂ©cisif, est La Marseillaise de Jean Renoir. Ce film est dâautant plus original quâil met en avant un aspect de la personnalitĂ© de Louis XVI peu connu et loin des clichĂ©s habituels. AprĂšs avoir suivi la longue marche des Marseillais et assistĂ© Ă leur arrivĂ©e triomphante au faubourg Saint-Antoine, le spectateur est transportĂ© aux tuileries au moment oĂč parvient Ă Paris le dĂ©sastreux manifeste du duc de Brunswick. Câest lâoccasion pour Renoir de nous prĂ©senter un Louis XVI digne, malheureux, pathĂ©tique, dĂ©passĂ© par les Ă©vĂšnements face Ă une Marie Antoinette hautaine, agressive et mĂ©prisante. Cette vision inhabituelle, qui lui fut reprochĂ©e, a Ă©tĂ© expliquĂ© par la suite en me documentant, jâen suis arrivĂ© Ă la conclusion que Louis XVI Ă©tait un personnage, dâabord dâune trĂšs grande bontĂ©, et ensuite dâune trĂšs grande distinction. Jâentends par lĂ , quâil nâĂ©tait pas vulgaire. Jâai mĂȘme lâimpression que cet homme se savait victime de la destinĂ©e et savait quâil nây avait pas Ă lutter. Ce personnage royal est flanquĂ© dâune femme qui est une espĂšce de caquetiĂšre agressive, car malgrĂ© sa naissance, Marie-Antoinette Ă©taitunefemme Elle nâavait aucun goĂ»t. Tandis que Louis XVI avait du goĂ»t. Et aussi de la luciditĂ©. Jâai lâimpression que Louis XVI savait que câĂ©tait la fin⊠» In Cahiers du CinĂ©ma, n°196, dĂ©cembre, 1967.. Cette conception explique la façon dont Renoir a reconstituĂ© ces journĂ©es la dĂ©sapprobation de Louis XVI devant les excĂšs du manifeste, lâintervention de la reine pour sa publication, une scĂšne trĂšs vive entre elle et le procureur syndic de la Seine, Roederer, lâascendant de celui-ci sur le roi. Avec application, Renoir retrace les principaux Ă©pisodes de cette journĂ©e lâinspection des gentilshommes qui lâacclament, celle des canonniers qui le conspuent, le dĂ©part de la famille vers lâassemblĂ©e avec ces mots historiques » -marchons ! -les feuilles tombent de bonne heure cette annĂ©e, le combat enfin oĂč lâon retrouve le bataillon des marseillais. Les annĂ©es lumiĂšres oĂč Louis XVI, incarnĂ© par un Jean-François Balmer attachant, imitent la reprĂ©sentation du roi pathĂ©tique mais lucide du film de Renoir. La musique de fin de cette premiĂšre partie dĂ©marre sur la prise des tuilerie avec pour prĂ©ambule une phrase du roi envers son fils Charles rĂ©fugiĂ©s Ă lâassemblĂ©e tu vois Charles Ă partir de maintenant il nây a plus de roi en France ». Dans cette optique, la question fondamentale Ă se poser avec les Ă©lĂšves est celle du sens de ces journĂ©es et pour cela il est souhaitable dâaller au delĂ de lâĂ©vĂ©nement et de le mettre en perspective par la construction dâun tableau et dâune frise chronologique. â Le film comme illustration dâun personnage ou dâun groupe de personnages. Il est indispensable de proposer les portraits de quelques-uns des principaux acteurs de la RĂ©volution, symboles Ă©loquents de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. En effet, les notices biographiques et les portraits, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă tous moment pendant lâĂ©tude du chapitre et rĂ©pondent Ă lâexigence du programme de prĂ©senter aux Ă©lĂšves les principaux acteurs de la RĂ©volution. Quelques grands personnages peuvent ainsi ĂȘtre Ă©voquĂ©es Louis XVI et Marie Antoinette, Danton et Robespierre, Barras et Bonaparte. Lâobjectif est de savoir construire une biographie et de mĂ©moriser des moments clĂ©s de la RĂ©volution concernĂ©s par ces acteurs. La disparition du roi de la scĂšne politique dĂ©chaĂźne les passions et renforce les conflits pour le pouvoir. LâĂ©poque de la terreur rĂ©vĂšle le duel inĂ©vitable Danton-Robespierre voir TP sur les acteurs de la RĂ©volution française Le duel Danton /Robespierre Ă lâĂ©cran. Alors que Robespierre quoique prĂ©sent dans de nombreux films, nâa suscitĂ© aucune Ćuvre biographique », Danton polarise sur sa robuste personne lâintĂ©rĂȘt des cinĂ©astes de divers pays. Cependant trĂšs souvent lorsque Danton hante la pellicule, Robespierre nâest jamais trĂšs loin. La tradition veut que la mort de Danton symbolise la mort dâune certaine idĂ©e de la libertĂ©. Le cinĂ©ma a ainsi toujours reprĂ©sentĂ© Danton comme un personnage haut en couleur, dont lâĂ©loquence et la vitalitĂ© sont les atouts premiers de la sĂ©duction quâil exerce sur ses compagnons. MĂȘme sa vĂ©nalitĂ© est justifiĂ©e par son intense besoin de profiter de la vie. A cette figure extravertie sâoppose lâimage rigoriste dâun Robespierre repliĂ© sur lui mĂȘme et sur son idĂ©ologie, dont la vie nâest alimentĂ©e que par les froides rĂ©solutions rĂ©volutionnaires. Dans la grande coproduction rĂ©alisĂ©e Ă Paris en 1982 sous les auspices du gouvernement français, par le cinĂ©aste polonais Andrezj Wajda, Danton est prĂ©sentĂ© comme le partisan dâune rĂ©volution modĂ©rĂ©e qui mettrait fin aux consĂ©quences sanglantes de la terreur. Le film situe lâaction au plus fort de la crise, entre novembre 1793 et avril 1794, au moment oĂč la terreur apparaĂźt comme la seule solution pour galvaniser les Ă©nergies face aux pĂ©rils de la nation. Il ne se perd pas en reconstitutions somptueuses, mais cherche au contraire lâaffrontement verbal dâune tragĂ©die shakespearienne entre deux hommes. Mais la dĂ©faite de Danton, câest aussi lâHistoire dâun procĂšs politique, oĂč lâaccusĂ© ne peut se dĂ©fendre ni sâexpliquer, oĂč la condamnation est dĂ©cidĂ©e dâavance. Victime de lâintolĂ©rance, Danton devait ĂȘtre opposĂ© Ă un personnage incarnant lâidĂ©e de despotisme. Câest la fonction que Robespierre a souvent remplie quand il Ă©tait question de prĂ©senter la RĂ©volution, car la complexitĂ© de sa personnalitĂ© a longtemps dĂ©routĂ© cinĂ©astes et historiens. En tout cas, il est indĂ©niable que sa bonne comprĂ©hension des Ă©vĂšnements et son rĂŽle privilĂ©giĂ© dans la RĂ©volution font de lui un personnage dĂ©terminant de cette pĂ©riode. La confrontation de ces hommes hauts en couleur permet Ă lâĂ©lĂšve de mettre en avant les tendances politiques de lâĂ©poque. Bien plus quâau traditionnel portrait physique, on sâattache aussi aux origines sociales, Ă la formation reçue, Ă lâappartenance Ă une gĂ©nĂ©ration que lâon situe avec prĂ©cision. Par exemple, les Ă©lĂšves peuvent remarquer que les lectures de Robespierre dans Les annĂ©es lumiĂšres Le contrat social de Rousseau sont hĂ©ritĂ©es des philosophes du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Cela assure un continuum avec les chapitres Ă©tudiĂ©s auparavant. Pour optimiser ce travail, il convient de prĂ©parer la rĂ©flexion des Ă©lĂšves en leur faisant rĂ©diger de courtes biographies sur ces personnages avant de visionner les extraits. Elles sont utiles pour comprendre les choix des rĂ©alisateurs les acteurs sont ils bien choisis et sont ils reprĂ©sentatifs ? Le film se manifeste alors comme une aide prĂ©cieuse Ă la mĂ©morisation de grands personnages. Toutefois, il est important de souligner que cette mĂ©morisation nâest pas une fin en soi, mais un point de dĂ©part pour la dĂ©couverte dâun personnage voir dâun groupe de personnages. Il est aisĂ© de sĂ©lectionner dans notre corpus des scĂšnes qui mettent en relief un groupe dâindividus comme le clergĂ© haut ou bas, la noblesse, ou le tiers-Ă©tat bourgeoisie ou paysannerie. 1788 et La Marseillaise semblent adĂ©quat pour dresser un portrait du monde paysan lors de la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances, comme les deux Marie Antoinette offrent une vision pertinente des fastes de la cour voir TP Dansez marquises !. Autre groupe capital, les sans-culottes font ressortir, au-delĂ de lâactivitĂ© des grands hommes », lâaction dĂ©cisive du peuple comme acteur collectif dans le processus rĂ©volutionnaire. Le mĂȘme travail peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© autour de lâapparition des femmes dans la sphĂšre politique. â Dâun document patrimonial La DĂ©claration des droits de lâhomme et du citoyen Ă travers lâĂ©tude de quelques articles significatifs, attire lâattention des intellectuels. Ainsi, pour Michelet, la dĂ©claration est le vraie gĂ©nie de la rĂ©volution » car elle connaĂźt un retentissement universel. A travers, la dĂ©claration des droits de lâhomme et du citoyen, le propos dâEnrico apparaĂźt comme une profonde mĂ©diation, par la mise en scĂšne cinĂ©matographique, sur lâessence du pouvoir et sur ses mutations historiques ». Ainsi dans les annĂ©es LumiĂšres, la sĂ©quence des droits de lâhomme sâarticule autour dâune voix aĂ©rienne qui descend sur le peuple et redresse les humilitĂ©s, relĂšve les tĂȘtes et donne enfin sens Ă tous les Ă©crits philosophiques sur la dignitĂ© humaine. Les Ă©lĂšves apprĂ©cient de repĂ©rer les scĂšnes qui sont autant de tableaux et de vĂ©rifier si lâarticle lu Ă haute voix lui correspond bien. Lâarticle 11 de La dĂ©claration la libre communication des pensĂ©es et des opinions est un des droits les plus prĂ©cieux de lâhomme, tout citoyen peut donc parler, Ă©crire, imprimer librement, sauf Ă rĂ©pondre de lâabus de cette libertĂ©, dans les cas dĂ©terminĂ©s par la loi » est Ă©voquĂ©e Ă travers une scĂšne reprĂ©sentant lâimprimerie de Camille Desmoulins de façon assez rĂ©aliste. Le sacre de NapolĂ©on le 2 dĂ©cembre 1804 et sa reprĂ©sentation par David, peintre officiel de lâempereur, est aussi inscrit dans les programmes comme document patrimonial. Il permet de montrer de façon pertinente tous les enjeux de lâĂ©vĂ©nement. Le tĂ©lĂ©film de France 2 avec Christian Clavier dans le rĂŽle de NapolĂ©on peut dans cette optique ĂȘtre utilisĂ© de maniĂšre cohĂ©rente. En effet, de la prĂ©paration du sacre jusquâĂ sa commĂ©moration Ă travers la peinture de David, il se manifeste telle une poupĂ©e gigogne » dans la production tĂ©lĂ©visĂ©e voir TP Le sacre de NapolĂ©on Ă lâĂ©cran. â Dâun thĂšme dâĂ©tudes Nous pouvons essentiellement privilĂ©gier cette approche en classe de seconde. Le film est interprĂ©tĂ© comme un point de vue subjectif sur une pĂ©riode historique. Il introduit et favorise les complĂ©ments dâanalyse, les nuances ou les divergences qui enrichiront les reprĂ©sentations. La dimension critique vient alors nourrir le discours de lâenseignant et les acquis de ses Ă©lĂšves. Ainsi lâĂ©tude des diffĂ©rents lieux de lâexercice de la dĂ©mocratie Ă©glises pour la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances voir TP La sociĂ©tĂ© française Ă la veille de la RĂ©volution française 1788, salle des menus plaisirs pour la rĂ©union des Etats gĂ©nĂ©raux, assemblĂ©e ou clubs organisant les dĂ©bats politiques, permettent de spatialiser les expĂ©riences politiques de la pĂ©riode. 3 Le film comme discours historique une mĂ©thode dâanalyse pour lâenseignement. Le film se manifeste comme un document historique Ă part entiĂšre. De ce fait, il doit ĂȘtre soumis Ă lâanalyse critique du professeur Ă plusieurs niveaux. En effet, comme tout autre document, lâimage doit ĂȘtre identifiĂ©e composition, source, support, technique. De mĂȘme les particularitĂ©s de lâextrait doivent ĂȘtre observĂ©es critique externe avec le rapport Ă lâĂ©poque de rĂ©alisation du film et critique interne avec le rapport Ă lâĂ©poque oĂč se dĂ©roule le film. Il faut initier lâĂ©lĂšve au regard critique sur un document trop souvent reçu comme argent comptant. La prĂ©sence des universitaires sur les plateaux de tournage tend Ă crĂ©dibiliser lâutilisation pĂ©dagogique des films. On peut citer dans ce domaine des films tel que 1788. Certains films aident Ă comprendre le passĂ© en offrant une reconstitution crĂ©dible dâun Ă©vĂ©nement ou dâune situation, mĂȘme si elle nâest pas fidĂšle Ă la rĂ©alitĂ©. Ils restituent une atmosphĂšre historique difficile Ă rendre par Ă©crit comme un mouvement social, la vie dâun quartier ou les conditions dâexistence particuliĂšres dâun groupe. Ces films peuvent donc ĂȘtre largement mis Ă profit devant une classe en prenant soin de les restituer dans leur contexte de production. LâĂ©ducation du regard et lâĂ©veil critique par la confrontation des images filmiques avec dâautres documents dâorigine et de nature variĂ©es doit plus que jamais ĂȘtre au centre des prĂ©occupations du professeur. Les programmes de lycĂ©e indiquent quâ il sâagit de poursuivre ce qui a Ă©tĂ© entrepris au collĂšge, accĂšs au document historique, lecture et analyse de documents Ă©crits ou figurĂ©s, confrontation de documents prĂ©sentant une approche diffĂ©rente dâun mĂȘme Ă©vĂ©nement ». En effet, lâimage filmique ne prend de sens quâau contact dâautres sources dâinformations textes, gravures, tableaux. On peut Ă©voquer ici la scĂšne des AnnĂ©es lumiĂšres dâEnrico qui reprend jusquâau vent qui sâengouffre dans les rideaux du croquis de David sur Le serment du jeu de paume. Conclusion Certains films ont pour ambition de relater des Ă©vĂšnements historiques, dâautres recrĂ©ent une Ă©poque lâenseignant doit avoir en mĂ©moire que lâimage nâest jamais la reproduction ou la photocopie dâun rĂ©el, mais une reprĂ©sentation codĂ©e quâil faut apprendre Ă lire car lâimage est langage ». Câest pourquoi la confrontation de diffĂ©rents films sâavĂšre toujours pertinente Ă nâimporte quel niveau. III De lâutilitĂ© du film en classe. La place dâun film relĂšve dâune Ă©valuation complexe, les Ă©lĂ©ments de cet assemblage rĂ©flexif sont ancrĂ©s dans la discipline au niveau Ă©pistĂ©mologique mais aussi didactique et pĂ©dagogique. Le professeur dâHistoire doit ainsi tenir compte de tous ces paramĂštres pour mettre en place une situation dâapprentissage cohĂ©rente. 1 Prendre place dans une problĂ©matique. Le problĂšme didactique renvoie aux choix des thĂšmes et des concepts retenus pour lâĂ©tude de la RĂ©volution française. Il sâagit dâaprĂšs les programmes de sĂ©lectionner des jalons importants dans lâĂ©laboration de la civilisation contemporaine et des ruptures majeures » BO HS numĂ©ro 6 du 31 aoĂ»t 2000. . Trois objectifs sont assignĂ©s au professeur faire percevoir la rupture fondamentale reprĂ©sentĂ©e par cette pĂ©riode », Ă©voquer les grands repĂšres chronologiques, les moments forts et les acteurs de cette pĂ©riode », dĂ©gager un bilan des bouleversements provoquĂ©s, en particulier dans les domaines politiques et sociaux » Idem . Il est important de prĂ©ciser ces problĂ©matiques au prĂ©alable car elles ne sont pas explicites dans le visionnage des films. Dans ce cadre, lâenseignant se doit de formuler de maniĂšre claire la problĂ©matique aux Ă©lĂšves. Celle-ci peut poser les questions suivantes en quoi la pĂ©riode rĂ©volutionnaire est elle une rupture fondamentale ? Comment la France parvient elle Ă rĂ©aliser un fragile Ă©quilibre politique et social. En accord avec les programmes, le processus pourrait, dans la classe de seconde, sâĂ©noncer sur trois axes dâobservation La France entre perturbation et stabilitĂ© Ă la veille de la RĂ©volution, lâambiguĂŻtĂ© de la fondation dâune France nouvelle entre 1789 et 1799, lâhĂ©ritage des valeurs de la RĂ©volution française de 1799 Ă 1851. 2 DĂ©marche dâapprentissage ou dĂ©marche pĂ©dagogique ? En premier lieu, cette dĂ©marche pĂ©dagogique sâinscrit dans un contexte institutionnel classe de quatriĂšme et classe de seconde, textes officiels et programmes dâaccompagnements du collĂšge et du lycĂ©e. Elle se rĂ©fĂšre Ă des choix de mĂ©thodes qui peuvent ĂȘtre variĂ©es. Il nây pas, en effet, de mode unique dâintĂ©gration dâun film dans une pratique scolaire. Lâenseignant doit retenir en second lieu, que le film permet de recourir aux reprĂ©sentations et Ă lâimaginaire de lâĂ©lĂšve reposant sur lâimage mais aussi sur une bande sonore, le film est un dĂ©clencheur privilĂ©giĂ© dâimages mentales » BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours dâHistoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985 . Or, lâimaginaire a un rĂŽle important dans le processus dâapprentissage. Son objectif nâest pas dĂšs lors dâaccroĂźtre la quantitĂ© de connaissance mais dâen assurer lâassimilation. Il devient ainsi un moyen dâintriguer les Ă©lĂšves et peut leur servir de motivant pour consulter dâautres documents, pour approfondir des recherches au CDI ou sur Internet, ou pour sâapproprier le thĂšme Ă©tudiĂ© en prenant lâinitiative de prĂ©parer un exposĂ©. 3 IntĂ©grer le film dans la sĂ©quence. Lâutilisation de lâimage filmĂ©e en classe ne doit pas se compromettre dans une transmission passive de la connaissance. Le professeur doit initier au langage filmique prĂ©alable Ă toute projection, pour les aider Ă repĂ©rer les effets produits par les diverses techniques cinĂ©matographiques. A cotĂ© de lâapproche classique du contenu, lâĂ©tude dâun film de fiction nĂ©cessite une juste analyse des formes qui sâappuie sur lâĂ©tude de tableaux dans les chapitres prĂ©cĂ©dents lâEurope moderne au XVII et XVIIIĂšme siĂšcles Ă travers lâart baroque et classique en QuatriĂšme, Humanisme et Renaissance avec lâanalyse de La tour de Babel de Bruegel en Seconde. Elle suppose un minimum dâapprentissage du vocabulaire et de la forme cinĂ©matographique, dâoĂč la mise en place avant le premier extrait de quelques jalons techniques. Il convient dâabord de diffĂ©rencier les Ă©tapes de fabrications dâun film avec un dĂ©part Ă©crit, le synopsis et le scĂ©nario prĂ©alables au tournage et au montage. A chaque Ă©tape le rĂ©alisateur opĂšre des choix spĂ©cifiques en fonction de son message. La vision dâun extrait permet ensuite de dĂ©terminer ce quâest une sĂ©quence de film une unitĂ© de temps, dâaction et de lieu. A partir du choix de lâune dâentre elles, le professeur explique les diffĂ©rents types de plans plan large, plan dâensemble, plan moyen, amĂ©ricain, gros plan. Les mouvements de camĂ©ra se rĂ©partissent entre plan fixe, panoramique et travelling. Quant aux axes de la camĂ©ra, on retient gĂ©nĂ©ralement, la plongĂ©e et la contre plongĂ©e. Toute cette technique a une signification. Ainsi, le comte de Parilly est filmĂ© la plupart du temps en contre plongĂ©e dans 1788, ce qui symbolise la domination quâil exerce sur les paysans. LâĂ©lĂšve, confrontĂ© Ă ce dĂ©coupage de lâextrait sâĂ©tonne souvent de lâimportance de chaque dĂ©tail qui rĂ©sulte dâun choix conscient du rĂ©alisateur. Bien sĂ»r, pour respecter la logique de concentration des Ă©lĂšves, aucune sĂ©quence de film ne doit dĂ©passer dix minutes. Au-delĂ , le cours est menacĂ© par la dispersion des Ă©lĂšves et par lâarrĂȘt impromptu de la sĂ©ance par la sonnerie. Câest en fonction de tous les paramĂštres exposĂ©s dans le schĂ©ma suivant que le professeur peut Ă©laborer sa sĂ©quence dâapprentissage. â- La place du film dans la sĂ©quence dâenseignement. â- Conclusion Incontestablement, lâinitiation Ă la lecture de lâimage ne relĂšve pas dâun simple apprentissage technique. Elle renvoie pleinement Ă une formation mĂ©thodologique, Ă une Ă©ducation non seulement de lâĆil mais aussi de lâoreille. Elle apparaĂźt au cĆur des sciences sociales et plus particuliĂšrement dâun projet dâĂ©ducation civique par le dĂ©veloppement de lâesprit critique. LâĂ©ducation du regard des Ă©lĂšves, par rapport au cinĂ©ma et Ă la tĂ©lĂ©vision est donc un enjeu essentiel de la mise Ă distance de lâobjet observĂ©. Cette dĂ©marche progressive permet alors dâapporter Ă lâĂ©lĂšve un perfectionnement rĂ©gulier en matiĂšre dâattitude car il passe dâun statut de spectateur passif Ă une position dâacteur dynamique grĂące Ă lâapprentissage du geste. Bibliographie Sur la RĂ©volution française GERARD A., La RĂ©volution française, mythe et interprĂ©tation 1789-1970, Paris, 1970. FURET F., OZOUF M., Dictionnaire critique de la RĂ©volution française, 4 tomes, Paris Flammarion, réédition, 1992. FURET F., Penser la RĂ©volution française, Paris, Gallimard, réédition, 1996. FURET F., La RĂ©volution française 1770-1880, 2 tomes, Paris, Hachettes, LittĂ©rature, collection Pluriel, 1997. SOLE J., La RĂ©volution en questions, Paris, Le Seuil, 1988. TULARD J., Les rĂ©volutions de 1789 Ă 1851, Paris, Fayard, 1985. VOVELLE M., La RĂ©volution française 1789-1799, Armand Colin, 1992. Sur les rapports cinĂ©ma et Histoire ARCAND D., CinĂ©ma et Histoire », numĂ©ro spĂ©cial, tome II, revue Cultures, Unesco 1974. 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Marie Antoinette De Jean Delonnoy, 1964, noir et blanc. La nuit de Varennes dâEttore Scola, 1981, couleur, 2h30 min. Madame sans gĂȘne de Christian Jaque, 1961, couleur, 97 minutes. A tale of two cities de Jack Conway, 1935, noir et blanc. NapolĂ©on dâAbel Gance, 1927, noir et blanc. NapolĂ©on, tĂ©lĂ©film de Simmenau, France 2, 2002, couleur, 4 Ă©pisodes Lafracture de la RĂ©volution française inaugure un nouveau rĂ©gime dâhistoricitĂ© dans lequel la pensĂ©e de lâHistoire se transforme, et avec elle la maniĂšre de faire et dâĂ©crire lâHistoire. La rĂ©volution historiographique des annĂ©es 1820-1830, en mĂȘme temps quâelle instaure un autre rapport aux sources et des mĂ©thodes dâinvestigation historique scientifiques, invite Ă RĂ©sumĂ© - CommencĂ©e avec lâouverture des Ă©tats gĂ©nĂ©raux mai 1789, la RĂ©volution française a provoquĂ© le renversement de la monarchie et de lâordre social de lâAncien RĂ©gime reposant sur trois classes distinctes dont les droits devant la loi et devant lâimpĂŽt Ă©taient inĂ©gaux. AprĂšs une pĂ©riode modĂ©rĂ©e, marquĂ©e par lâabolition des privilĂšges et la DĂ©claration des droits de lâHomme et du Citoyen aoĂ»t 1789, la RĂ©volution se radicalise Ă partir de la fuite du roi Ă Varennes juin 1791 et lâentrĂ©e en guerre contre les puissances europĂ©ennes avril 1792. Au lendemain de la chute de la monarchie aoĂ»t 1792 et de lâinstauration de la RĂ©publique septembre 1792, la Terreur est Ă lâordre du jour, mais les modĂ©rĂ©s renversent Robespierre juillet 1794, puis instaurent le Directoire octobre 1795. Lui succĂšdera enfin le Consulat en 1799, prĂ©lude de l'Ă©popĂ©e napolĂ©onienne. . 51 481 308 359 397 187 424 217