La“rĂ©volution amĂ©ricaniste”, par son activation des outils sophistiquĂ©s du “dĂ©chaĂźnement de la MatiĂšre”, est reprĂ©sentĂ©e par la feuille qui entoure, Ă©touffe, Ă©trangle, trompe et convainc ; la “RĂ©volution française” reprĂ©sente les ciseaux qui tranchent, et ainsi effectue-t-elle la percĂ©e du choc en installant le mĂ©tal tranchant et la dynamique rĂ©volutionnaire sur le CHAPITRE l’amour de la libertĂ©. LA nĂ©cessitĂ© des gouvernemens libres, c’est-Ă -dire, des monarchies limitĂ©es pour les grands États, et des rĂ©publiques indĂ©pendantes pour les petits, est tellement Ă©vidente qu’on est tentĂ© de croire que personne ne peut se refuser sincĂšrement Ă  reconnaĂźtre cette vĂ©ritĂ© ; et cependant, quand on rencontre des hommes de bonne foi qui la combattent, on voudroit se rendre compte de leurs motifs. La libertĂ© a trois sortes d’adversaires en France les nobles qui placent l’honneur dans l’obĂ©issance passive, et les nobles plus avisĂ©s, mais moins candides, qui croient que leurs intĂ©rĂȘts aristocratiques et ceux du pouvoir absolu ne font qu’un ; les hommes que la rĂ©volution françoise a dĂ©goĂ»tĂ©s des idĂ©es qu’elle a profanĂ©es ; enfin les bonapartistes, les jacobins, tous les hommes sans conscience politique. Les nobles qui attachent l’honneur Ă  l’obĂ©issance passive confondent tout-Ă -fait l’esprit des anciens chevaliers avec celui des courtisans des derniers siĂšcles. Sans doute, les anciens anciens chevaliers mouroient pour leur roi, et ainsi feroient tous les guerriers pour leurs chefs ; mais ces chevaliers, comme nous l’avons dit, n’étoient nullement les partisans du pouvoir absolu ils cherchoient eux-mĂȘmes Ă  entourer ce pouvoir de barriĂšres, et mettoient leur gloire Ă  dĂ©fendre une libertĂ© aristocratique, il est vrai, mais enfin une libertĂ©. Quant aux nobles qui sentent que les privilĂ©ges de l’aristocratie doivent Ă  prĂ©sent s’appuyer sur le despotisme que jadis ils servoient Ă  limiter, on peut leur dire comme dans le roman de Waverley Ce qui vous importe, ce n’est pas tant que Jacques Stuart soit roi, mais que Fergus Mac-Ivor soit comte. » L’institution de la pairie accessible au mĂ©rite est, pour la noblesse, ce que la constitution angloise est pour la monarchie. C’est la seule maniĂšre de conserver l’une et l’autre ; car nous vivons dans un siĂšcle oĂč l’on ne conçoit pas bien comment la minoritĂ©, et une si petite minoritĂ©, auroit un droit qui ne seroit pas pour l’avantage de la majoritĂ©. Le sultan de Perse se faisoit rendre compte, il y a quelques annĂ©es, de la constitution angloise par l’ambassadeur d’Angleterre Ă  sa cour. AprĂšs l’avoir Ă©coutĂ©, et, comme l’on va voir, assez bien compris Je conçois, lui dit-il, comment l’ordre de choses que vous me dĂ©crivez convient mieux que le gouvernement de Perse Ă  la durĂ©e et au bonheur de votre empire ; mais il me semble beaucoup moins favorable aux jouissances du monarque. » C’étoit trĂšs-bien poser la question ; exceptĂ© que, mĂȘme pour le monarque, il vaut mieux ĂȘtre guidĂ© par l’opinion dans la direction des affaires publiques, que de courir sans cesse le risque d’ĂȘtre en opposition avec elle. La justice est l’égide de tous et de chacun ; mais en sa qualitĂ© de justice cependant, c’est le grand nombre qu’elle doit protĂ©ger. Il nous reste Ă  parler de ceux que les malheurs et les crimes de la rĂ©volution de France ont effrayĂ©s, et qui fuient d’un extrĂȘme Ă  l’autre, comme si le pouvoir arbitraire d’un seul Ă©toit l’unique prĂ©servatif certain contre la dĂ©magogie. C’est ainsi qu’ils ont Ă©levĂ© la tyrannie de Bonaparte ; et c’est ainsi qu’ils rendroient Louis XVIII despote, si sa haute sagesse ne l’en dĂ©fendoit pas. La tyrannie est une parvenue, et le despotisme un grand seigneur ; mais l’une et l’autre offensent Ă©galement la raison humaine. AprĂšs avoir vu la servilitĂ© avec laquelle Bonaparte a Ă©tĂ© obĂ©i, on a peine Ă  concevoir que ce soit l’esprit rĂ©publicain que l’on craigne en France. Les lumiĂšres et la nature des choses amĂšneront la libertĂ© en France, mais ce ne sera certainement pas la nation qui se montrera d’elle-mĂȘme factieuse ni turbulente. Quand depuis tant de siĂšcles toutes les Ăąmes gĂ©nĂ©reuses ont aimĂ© la libertĂ© ; quand les plus grandes actions ont Ă©tĂ© inspirĂ©es par elle ; quand l’antiquitĂ© et l’histoire des temps modernes nous offrent tant de prodiges opĂ©rĂ©s par l’esprit public ; quand nous venons de voir ce que peuvent les nations ; quand tout ce qu’il y a de penseurs parmi les Ă©crivains a proclamĂ© la libertĂ© ; quand on ne peut pas citer un ouvrage politique d’une rĂ©putation durable qui ne soit animĂ© par ce sentiment ; quand les beaux-arts, la poĂ©sie, les chefs-d’Ɠuvre du théùtre, destinĂ©s Ă  Ă©mouvoir le cƓur humain, exaltent la libertĂ© ; que dire de ces petits hommes Ă  grande fatuitĂ©, qui vous dĂ©clarent avec un accent fade et maniĂ©rĂ© comme tout leur ĂȘtre, qu’il est de bien mauvais goĂ»t de s’occuper de politique ; qu’aprĂšs les horreurs dont on a Ă©tĂ© tĂ©moin, personne ne se soucie plus de la libertĂ© ; que les Ă©lections populaires sont une institution tout-Ă -fait grossiĂšre ; que le peuple choisit toujours mal, et que les gens comme il faut ne sont pas faits pour aller, comme en Angleterre, se mĂȘler avec le peuple ? Il est de mauvais goĂ»t de s’occuper de politique. Eh ! juste ciel ! Ă  quoi donc penseront-ils, ces jeunes gens Ă©levĂ©s sous le rĂ©gime de Bonaparte, seulement pour aller se battre, sans aucune instruction, sans aucun intĂ©rĂȘt pour la littĂ©rature et les beaux-arts ? Puisqu’ils ne peuvent avoir ni une idĂ©e nouvelle, ni un jugement sain sur de tels sujets, au moins ils seroient des hommes, s’ils s’occupoient de leur pays, s’ils se croyoient citoyens, si leur vie Ă©toit utile de quelque maniĂšre. Mais que veulent-ils mettre Ă  la place de la politique, qu’ils se donnent les airs de proscrire ? quelques heures passĂ©es dans l’antichambre des ministres, pour obtenir des places qu’ils ne sont pas en Ă©tat de remplir ; quelques propos dans les salons, au-dessous mĂȘme de l’esprit des femmes les plus lĂ©gĂšres auxquelles ils les adressent. Quand ils se faisoient tuer, cela pouvoit aller encore, parce qu’il y a toujours de la grandeur dans le courage ; mais dans un pays qui, Dieu merci, sera en paix, ne savoir ĂȘtre qu’une seconde fois chambellan, et ne pouvoir prĂȘter ni lumiĂšres, ni dignitĂ©s Ă  sa patrie, c’est lĂ  ce qui est vraiment de mauvais goĂ»t. Le temps est passĂ© oĂč les jeunes François pouvoient donner le ton Ă  tous Ă©gards. Ils ont bien encore, il est vrai, la frivolitĂ© de jadis, mais ils n’ont plus la grĂące qui faisoit pardonner cette frivolitĂ© mĂȘme. AprĂšs les horreurs dont on a Ă©tĂ© tĂ©moin, disent-ils, personne ne veut plus entendre parler de libertĂ©. Si des caractĂšres sensibles se laissoient aller Ă  une haine involontaire et nerveuse, car on pourroit la nommer ainsi, puisqu’elle tient Ă  de certains souvenirs, Ă  de certaines associations de terreur qu’on ne peut vaincre, on leur dirait, ainsi qu’un poĂšte de nos jours Qu’il ne faut pas forcer la libertĂ© Ă  se poignarder comme LucrĂšce, parce qu’elle a Ă©tĂ© profanĂ©e. On leur rappelleroit que la Saint-BarthĂ©lemi n’a pas fait proscrire le catholicisme. On leur diroit enfin que le sort des vĂ©ritĂ©s ne peut dĂ©pendre des hommes qui mettent telle ou telle devise sur leur banniĂšre, et que le bon sens a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  chaque individu, pour juger des choses en elles-mĂȘmes, et non d’aprĂšs des circonstances accidentelles. Les coupables, de tout temps, ont tĂąchĂ© de se servir d’un gĂ©nĂ©reux prĂ©texte, pour excuser de mauvaises actions ; il n’existe presque pas de crimes dans le monde que leurs auteurs n’aient attribuĂ©s Ă  l’honneur, Ă  la religion, ou Ă  la libertĂ©. Il ne s’ensuit pas, je pense, qu’il faille pour cela proscrire tout ce qu’il y a de beau sur la terre. En politique surtout, comme il y a lieu au fanatisme aussi bien qu’à la mauvaise foi, au dĂ©vouement aussi bien qu’à l’intĂ©rĂȘt personnel, on est sujet Ă  des erreurs funestes, quand on n’a pas une certaine force d’esprit et d’ñme. Si le lendemain de la mort de Charles Ier, un Anglois, maudissant avec raison ce forfait, eĂ»t demandĂ© au ciel qu’il n’y eĂ»t jamais de libertĂ© en Angleterre, certainement on auroit pu s’intĂ©resser Ă  ce mouvement d’un bon cƓur, qui, dans son Ă©motion, confondoit tous les prĂ©textes d’un grand crime avec le crime lui-mĂȘme, et auroit proscrit, s’il l’avoit pu, jusqu’au soleil qui s’étoit levĂ© ce jour-lĂ  comme de coutume. Mais, si cette priĂšre irrĂ©flĂ©chie avoit Ă©tĂ© exaucĂ©e, l’Angleterre ne serviroit pas d’exemple au monde aujourd’hui, la monarchie universelle de Bonaparte pĂšseroit sur l’Europe, car l’Europe eĂ»t Ă©tĂ© hors d’état de s’affranchir sans le secours de cette nation libre. De tels argumens et bien d’autres pourroient ĂȘtre adressĂ©s Ă  des personnes dont les prĂ©jugĂ©s mĂȘmes mĂ©ritent des Ă©gards, parce qu’ils naissent des affections du cƓur. Mais que dire Ă  ceux qui traitent de jacobins les amis de la libertĂ©, quand eux-mĂȘmes ont servi d’instrumens au pouvoir impĂ©rial ? Nous y Ă©tions forcĂ©s, disent-ils. Ah ! j’en connois qui pourroient aussi parler de cette contrainte, et qui cependant y ont Ă©chappĂ©. Mais, puisque vous vous y ĂȘtes laissĂ© forcer, trouvez bon que l’on veuille vous donner une constitution libre, oĂč l’empire de la loi soit tel, qu’on n’exige rien de mal de vous car vous ĂȘtes en danger, ce me semble, de cĂ©der beaucoup aux circonstances. Ils pourroient plutĂŽt, ceux que la nature a faits rĂ©sistans, ne pas redouter le despotisme ; mais vous qu’il a si bien courbĂ©s, souhaitez donc que dans aucun temps, sous aucun prince, sous aucune forme, il ne puisse jamais vous atteindre. Les Ă©picuriens de nos jours voudroient que les lumiĂšres amĂ©liorassent l’existence physique sans exciter le dĂ©veloppement intellectuel ; ils voudroient que le tiers Ă©tat eĂ»t travaillĂ© Ă  rendre la vie sociale plus douce et plus facile, sans vouloir profiter des avantages qu’il a conquis pour tous. On savoit vivre durement autrefois, et les rapports de la sociĂ©tĂ© Ă©toient aussi beaucoup plus simples et plus fixes. Mais aujourd’hui que le commerce a tout multipliĂ©, si vous ne donnez pas de motifs d’émulation au talent, c’est le goĂ»t de l’argent qui prendra sa place. Vous ne relĂšverez pas les chĂąteaux forts ; vous ne ressusciterez pas les princesses qui filoient elles-mĂȘmes les vĂȘtemens des guerriers ; vous ne recommencerez pas mĂȘme le rĂšgne de Louis XIV. Le temps actuel n’admet plus un genre de gravitĂ© et de respect qui donnoit alors tant d’ascendant Ă  cette cour. Mais vous aurez de la corruption sans esprit, ce qui est le dernier degrĂ© oĂč l’espĂšce humaine puisse tomber. Ce n’est donc pas entre les lumiĂšres et l’antique fĂ©odalitĂ© qu’il faut choisir, mais entre le dĂ©sir de se distinguer et l’aviditĂ© de s’enrichir. Examinez les adversaires de la libertĂ© dans tous les pays, vous trouverez bien parmi eux quelques transfuges du camp des gens d’esprit, mais, en gĂ©nĂ©ral, vous verrez que les ennemis de la libertĂ© sont ceux des connoissances et des lumiĂšres ils sont fiers de ce qui leur manque en ce genre, et l’on doit convenir que ce triomphe nĂ©gatif est facile Ă  mĂ©riter. On a trouvĂ© le secret de prĂ©senter les amis da la libertĂ© comme des ennemis de la religion il y a deux prĂ©textes Ă  la singuliĂšre injustice qui voudroit interdire au plus noble sentiment de cette terre l’alliance avec le ciel. Le premier, c’est la rĂ©volution comme elle s’est faite au nom de la philosophie, on en a conclu qu’il falloit ĂȘtre athĂ©e pour aimer la libertĂ©. Certes, ce n’est que parce que les François n’ont pas uni la religion Ă  la libertĂ©, que leur rĂ©volution a sitĂŽt dĂ©viĂ© de sa direction primitive. Il se pouvoit que de certains dogmes de l’Église catholique ne s’accordassent pas avec les principes de la libertĂ© ; l’obĂ©issance passive au pape Ă©toit aussi peu soutenable que l’obĂ©issance passive au roi. Mais le christianisme a vĂ©ritablement apportĂ© la libertĂ© sur cette terre, la justice envers les opprimĂ©s, le respect pour les malheureux, enfin l’égalitĂ© devant Dieu, dont l’égalitĂ© devant la loi n’est qu’une image imparfaite. C’est par une confusion volontaire chez quelques-uns, aveugle chez quelques autres, qu’on a voulu faire considĂ©rer les privilĂ©ges de la noblesse et le pouvoir absolu du trĂŽne comme des dogmes de la religion. Les formes de l’organisation sociale ne peuvent toucher Ă  la religion que par leur influence sur le maintien de la justice envers tous, et de la morale de chacun ; le reste appartient Ă  la science de ce monde. Il est temps que vingt-cinq annĂ©es, dont quinze appartiennent au despotisme militaire, ne se placent plus comme un fantĂŽme entre l’histoire et nous, et ne nous privent plus de toutes les leçons et de tous les exemples qu’elle nous offre. N’y auroit-il plus d’Aristide, de Phocion, d’Épaminondas en GrĂšce ; de RĂ©gulus, de Caton, de Brutus Ă  Rome ; de Tell en Suisse ; d’Egmont, de Nassau en Hollande ; de Sidney, de Russel en Angleterre, parce qu’un pays gouvernĂ© long-temps par le pouvoir arbitraire, s’est vu livrĂ© pendant une rĂ©volution aux hommes que l’arbitraire mĂȘme avoit pervertis ? Qu’y-a-t-il de si extraordinaire dans un tel Ă©vĂ©nement, qu’il doive changer le cours des astres, c’est-Ă -dire, faire reculer la vĂ©ritĂ©, qui s’avançoit avec l’histoire pour Ă©clairer le genre humain ? Et par quel sentiment public serions-nous dĂ©sormais Ă©mus, si nous repoussions l’amour de la libertĂ© ? Les vieux prĂ©jugĂ©s n’agissent plus sur les hommes que par calcul, ils ne sont soutenus que par ceux qui ont un intĂ©rĂȘt personnel Ă  les dĂ©fendre. Qui veut en France le pouvoir absolu par amour pur, c’est-Ă -dire, pour lui-mĂȘme ? Informez-vous de la situation personnelle de chacun de ses dĂ©fenseurs, et vous connaĂźtrez bien vite les motifs de leur doctrine. Sur quoi donc se fonderoit la fraternitĂ© des associations humaines, si quelque enthousiasme ne se dĂ©veloppoit pas dans les cƓurs ? Qui seroit fier d’ĂȘtre François, si l’on avoit vu la libertĂ© dĂ©truite par la tyrannie, la tyrannie brisĂ©e par les Ă©trangers, et que les lauriers de la guerre ne fussent pas au moins honorĂ©s par la conquĂȘte de la libertĂ© ? Il ne s’agiroit plus que de voir lutter l’un contre l’autre l’égoĂŻsme des privilĂ©giĂ©s par la naissance et l’égoĂŻsme des privilĂ©giĂ©s par les Ă©vĂ©nements. Mais la France, oĂč seroit-elle ? Qui pourroit se vanter de l’avoir servie, puisque rien ne resteroit dans les cƓurs, ni des temps passĂ©s, ne de la rĂ©forme nouvelle ? La libertĂ© ! rĂ©pĂ©tons son nom avec d’autant plus de force, que les hommes qui devroient au moins le prononcer comme excuse, l’éloignent par flatterie ; rĂ©pĂ©tons-le sans crainte de blesser aucune puissance respectable car tout ce que nous aimons, tout ce que nous honorons y est compris. Rien que la libertĂ© ne peut remuer l’ñme dans les rapports de l’ordre social. Les rĂ©unions d’hommes ne seroient que des associations de commerce ou d’agriculture, si la vie du patriotisme n’excitoit pas les individus Ă  se sacrifier Ă  leurs semblables. La chevalerie Ă©toit une confrĂ©rie guerriĂšre qui satisfaisoit au besoin de dĂ©vouement qu’éprouvent tous les cƓurs gĂ©nĂ©reux. Les nobles Ă©toient des compagnons d’armes qu’un honneur et un devoir rĂ©unissoient ; mais depuis que les progrĂšs de l’esprit humain ont créé les nations, c’est-Ă -dire, depuis que tous les hommes participent de quelque maniĂšre aux mĂȘmes avantages, que feroit-on de l’espĂšce humaine sans le sentiment de la libertĂ© ? Pourquoi le patriotisme françois commenceroit-il Ă  telle frontiĂšre et s’arrĂȘteroit-il Ă  telle autre, s’il n’y avoit pas dans cette enceinte des espĂ©rances, des jouissances, une Ă©mulation, une sĂ©curitĂ©, qui font aimer son pays natal par l’ñme autant que par l’habitude ? Pourquoi le nom de France causeroit-il une invincible Ă©motion, s’il n’y avoit d’autres liens entre les habitans de cette belle contrĂ©e que les privilĂ©ges des uns et l’asservissement des autres ? Partout oĂč vous rencontrez du respect pour la nature humaine, de l’affection pour ses semblables, et cette Ă©nergie d’indĂ©pendance qui sait rĂ©sister Ă  tout sur la terre, et ne se prosterner que devant Dieu, lĂ  vous voyez l’homme image de son CrĂ©ateur, lĂ  vous sentez au fond de l’ñme un attendrissement si intime qu’il ne peut vous tromper sur la vĂ©ritĂ©. Et vous, nobles françois, pour qui l’honneur Ă©toit la libertĂ© ; vous qui, par une longue transmission d’exploits et de grandeur, deviez vous considĂ©rer comme l’élite de l’espĂšce humaine, souffrez que la nation s’élĂšve jusqu’à vous ; elle a aussi maintenant les droits de conquĂȘte, et tout François aujourd’hui peut se dire gentilhomme, si tout gentilhomme ne veut pas se dire citoyen. C’est une chose remarquable en effet qu’à une certaine profondeur de pensĂ©e parmi tous les hommes, il n’y a pas un ennemi de la libertĂ©. De la mĂȘme maniĂšre que le cĂ©lĂšbre Humboldt a tracĂ© sur les montagnes du nouveau monde les diffĂ©rens degrĂ©s d’élĂ©vation qui permettent le dĂ©veloppement de telle ou telle plante, on pourroit dire d’avance quelle Ă©tendue, quelle hauteur d’esprit fait concevoir les grands intĂ©rĂȘts de l’humanitĂ© dans leur ensemble et dans leur vĂ©ritĂ©. L’évidence de ces opinions est telle, que jamais ceux qui les ont admises ne pourront y renoncer, et, d’un bout du monde Ă  l’autre, les amis de la libertĂ© communiquent par les lumiĂšres, comme les hommes religieux par les sentimens ; ou plutĂŽt les lumiĂšres et les sentimens se rĂ©unissent dans l’amour de la libertĂ© comme dans celui de l’Être suprĂȘme. S’agit-il de l’abolition de la traite des nĂšgres, de la libertĂ© de la presse, de la tolĂ©rance religieuse, Jefferson pense comme la Fayette, la Fayette comme Wilberforce ; et ceux qui ne sont plus comptent aussi dans la sainte ligue. Est-ce donc par calcul, est-ce donc par de mauvais motifs que des hommes si supĂ©rieurs, dans des situations et des pays si divers, sont tellement en harmonie par leurs opinions politiques ? Sans doute il faut des lumiĂšres pour s’élever au-dessus des prĂ©jugĂ©s ; mais c’est dans l’ñme aussi que les principes de la libertĂ© sont fondĂ©s ; ils font battre le cƓur comme l’amour et l’amitiĂ© ; ils viennent de la nature, ils ennoblissent le caractĂšre. Tout un ordre de vertus, aussi bien que d’idĂ©es, semble former cette chaĂźne d’or dĂ©crite par HomĂšre, qui, en rattachant l’homme au ciel, l’affranchit de tous les fers de la tyrannie. FIN DU TOME TROISIÈME ET DERNIER. LesrĂ©volutions Ă©trangĂšres, particuliĂšrement les Ă©vĂ©nements survenus Ă  Saint-Domingue, explique Newman, ont jouĂ© un rĂŽle crucial dans le changement de l’idĂ©ologie politique rĂ©publicaine, faisant voler en Ă©clats les convictions optimistes sur le progrĂšs et la perfectibilitĂ© du genre humain en montrant la potentialitĂ© rĂ©volutionnaire de ceux qui ne dĂ©tiennent pas le
Pour retrouver et savourer le goĂ»t de la France, rien de mieux que quelques rendez-vous allĂ©chants autour de la gastronomie. Au menu, au fil des saisons, des produits du terroir, des recettes de chefs, de la tradition, de l’innovation culinaire et toujours la promesse de beaux et bons moments partagĂ©s sur un marchĂ©, dans les allĂ©es d’un salon gourmand ou Ă  la table d’un grand restaurant Ă©toilĂ©. Aiguisez vos papilles
 On va dĂ©guster ! Le Grand Repas 20 octobre 2022 ConvivialitĂ©, partage, curiositĂ©, plaisir
 Voici quelques-unes des valeurs au menu du Grand Repas, un Ă©vĂ©nement initiĂ© en 2016 dans le Val de Loire puis Ă©tendu sur toute la France en 2019. Le concept est simple un menu rĂ©gional unique conçu par un chef local Ă  base de produits du terroir et de saison est proposĂ© dans chacun des territoires participants. En 2022, le parrain national de l’évĂ©nement est le chef Ă©toilĂ© Mory Sacko. Il est accompagnĂ© d’un chef parrain dans chacun des territoires participants. Le Grand Repas Lien externe Les MarchĂ©s aux truffes, en Provence et PĂ©rigord © Marina / Adobe Stock — Truffes sur un marchĂ© en Provence De mi-novembre 2022 Ă  fin mars 2023 On la surnomme le diamant noir et aucun champignon ne comble autant les amateurs avec son parfum puissant, son arĂŽme subtil. Botte secrĂšte de bien des plats raffinĂ©s, la truffe a les faveurs des plus grands chefs français. C’est en Provence, dans le Vaucluse, et dans la VallĂ©e de la Dordogne que ce joyau comestible se laisse le mieux admirer sur les Ă©tals. DĂšs la mi-novembre et jusqu’à fin mars, la saison de la truffe bat son plein et les marchĂ©s assurent le spectacle. A Carpentras, Richerenches, Lalbenque ou Cuzance comme Ă  Sarlat, pĂ©pite du PĂ©rigord, on sent, on soupĂšse, on nĂ©gocie entourĂ© de professionnels qui ont du nez. Conseils, dĂ©gustations, idĂ©es de recettes
 RĂ©gal en vue. Les MarchĂ©s aux truffes dans le PĂ©rigord Lien externe Les MarchĂ©s aux truffes en Provence Lien externe Salon de la gastronomie des Outre-mer et de la Francophonie 27 au 29 janvier 2023 Du soleil et de l’exotisme culinaire au cƓur de l’hiver, c’est que propose chaque annĂ©e depuis 2014 le Salon de la gastronomie des Outre-mer et de la Francophonie. Le temps d’un week-end, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Nouvelle CalĂ©donie, PolynĂ©sie Française, RĂ©union, St-Martin, St-Barthelemy, St-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna font pĂ©tiller Paris Expo- Porte de Versailles. Saveurs du bout du monde, pyramides de fruits et mets colorĂ©s, effluves Ă©picĂ©es ou suaves 
 De quoi dĂ©couvrir et apprĂ©cier, dans la bonne humeur, le patrimoine gastronomique de ces dĂ©partements et territoires français aux talents culinaires bien affirmĂ©s. Salon de la gastronomie des Outre-mer et de la Francophonie Lien externe GoĂ»t de France/Good France Dates Ă  confirmer Faire rayonner Ă  l'Ă©tranger les terroirs et savoir-faire culinaires de la France ainsi que cĂ©lĂ©brer l'inscription du "Repas gastronomique des Français" sur la liste du patrimoine immatĂ©riel de l'Unesco, c’est la mission que s’est fixĂ©e GoĂ»t de France/Good France depuis sa crĂ©ation en 2015. Chaque annĂ©e, les restaurateurs et grands chefs du monde entier composent un menu GoĂ»t de France tandis qu’à Paris et dans toute la France, des dizaines de restaurants fĂȘtent l’évĂ©nement avec des plats emblĂ©matiques du patrimoine culinaire français GoĂ»t de France/Good France
Achetezle livre Couverture souple, ConsidĂ©rations Sur Les Principaux ÉvĂ©nements De La RĂ©volution Française: Ouvrage Posthume, PubliĂ© E de Achille-lĂ©on-victor Broglie sur Indigo.ca, la plus grande librairie au Canada. L’expĂ©dition Ă  domicile et la cueillette en magasin sont gratuites pour les commandes admissibles. Article publiĂ© le 11/05/2020 mis Ă  jour le 18/11/2021 histoire La RĂ©volution française est un point majeur dans l’histoire de France. Elle a amenĂ© de nombreux changements dans notre pays mais Ă©galement en Europe. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes Ă©tapes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement et les principales dates de cette rĂ©volution historique. Qu’est-ce que la RĂ©volution française ? Il s’agit d’une pĂ©riode s’étendant du 5 mai 1789 au 9 novembre 1799 qui a Ă©tĂ© marquĂ©e par de profonds changements sociaux et politiques en France puis en Europe. Elle a dĂ©butĂ© sous le rĂšgne du roi Louis XVI dans un contexte de crise financiĂšre et de fortes tensions politiques, alimentĂ©es par un profond dĂ©sir de rĂ©forme chez le peuple français pour un État plus efficace et un systĂšme monarchique amĂ©liorĂ©. Cette rĂ©volution s’est manifestĂ©e par des Ă©pisodes de violence envers le pouvoir en place et Ă©galement entre groupes rĂ©volutionnaires rivaux. Les dates Ă  retenir de la RĂ©volution française 5 mai 1789 Ouverture des États gĂ©nĂ©raux Ă  Versailles l’assemblĂ©e des trois ordres clergĂ©, noblesse, tiers Ă©tat commence Ă  se rĂ©unir Ă  la demande du roi Louis XVI pour trouver une solution au dĂ©ficit budgĂ©taire. 20 juin 1789 Serment du Jeu de Paume une grande partie des dĂ©putĂ©s du tiers Ă©tat ainsi qu’une partie des dĂ©putĂ©s du clergĂ© et de la noblesse font le serment solennel de s’unir en tant qu’assemblĂ©e constituante afin de crĂ©er une Constitution. 14 juillet 1789 Prise de la Bastille des Ă©meutiers issus du peuple parisien prennent d’assaut la Bastille, Ă  l’époque forteresse royale servant de prison, crĂ©ant un mouvement rĂ©volutionnaire Ă  l’échelle de la capitale puis du pays. 4 aoĂ»t 1789 Abolition des privilĂšges et des droits fĂ©odaux l’AssemblĂ©e nationale constituante vote leur suppression pour rĂ©pondre aux insurrections qui sĂ©vissent dans les campagnes françaises. 26 aoĂ»t 1789 Adoption de la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen l’AssemblĂ©e constituante dĂ©livre la DĂ©claration, en prĂ©ambule de la future Constitution. Elle est promulguĂ©e par le roi sous la pression des Ă©meutes. 21 juin 1791 Fuite de Varennes Louis XVI et sa famille sont arrĂȘtĂ©s alors qu’ils tentent de se rendre dans un bastion royaliste de la Meuse pour enclencher une contre-rĂ©volution. 17 juillet 1791 Fusillade du Champ-de-Mars une fusillade orchestrĂ©e par la garde nationale Ă©clate lors d’un rassemblement populaire visant Ă  signer une pĂ©tition pour obtenir la destitution du roi et la proclamation d’une rĂ©publique. L’évĂšnement engendre une rupture idĂ©ologique dans la classe politique monarchie constitutionnelle club des Feuillants / dĂ©mocratie club des Jacobins. 14 septembre 1791 Naissance de la monarchie constitutionnelle Louis XVI accepte de prĂȘter serment Ă  la toute premiĂšre Constitution. 10 aoĂ»t 1792 Prise des Tuileries une nouvelle insurrection prend d’assaut le Palais des Tuileries oĂč siĂšge le pouvoir exĂ©cutif. C’est lors de cette journĂ©e qu’est créé un chant de marche par les fĂ©dĂ©rĂ©s marseillais, qui sera appelĂ© "La Marseillaise". Cet Ă©vĂ©nement entraĂźne la fin de la monarchie. 21 septembre 1792 Abolition de la monarchie et naissance de la 1Ăšre RĂ©publique sous le rĂ©gime politique de la Convention nationale. 21 janvier 1793 ExĂ©cution de Louis XVI Ă  la suite de son procĂšs. Les partisans du roi, appelĂ©s les VendĂ©ens ou les contre-rĂ©volutionnaires, prennent les armes pour manifester leur mĂ©contentement. Septembre 1793 DĂ©but de la Terreur grande pĂ©riode de rĂ©pressions et de violences d’État menĂ©e par Robespierre envers tous les ennemis de la RĂ©publique en France et Ă  l’étranger. 26 juillet 1794 9 thermidor an II Fin de la Terreur Robespierre se fait arrĂȘter et est exĂ©cutĂ© avec certains de ses partisans. 26 octobre 1795 9 brumaire an IV DĂ©but du Directoire un nouveau rĂ©gime politique est instaurĂ© avec 5 chefs du gouvernement qui se partagent le pouvoir exĂ©cutif afin d’éviter toute nouvelle tyrannie. 9 novembre 1799 18 brumaire an VIII Coup d’État de NapolĂ©on Bonaparte et crĂ©ation d’un nouveau rĂ©gime politique le Consulat. Les points clĂ©s La rĂ©volution française marque la fin de la monarchie absolue et la fin de l’Ancien RĂ©gime, pour faire naĂźtre une monarchie constitutionnelle, qui sera finalement un Ă©chec et aboutira alors vers une RĂ©publique, la premiĂšre de l’histoire de France. Pendant la RĂ©volution française, la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 a Ă©tĂ© créée, prĂŽnant des valeurs qui dominent encore largement la vie politique d’aujourd’hui. Les rebellions lors de la RĂ©volution française ont permis l’abolition de la sociĂ©tĂ© d’ordres privilĂšges, droits fĂ©odaux
 en France, mais pas seulement. Elles ont eu un effet boule de neige dans les autres pays d’Europe. La RĂ©volution française prend fin en mĂȘme temps que le Directoire avec le coup d’État de NapolĂ©on Bonaparte, qui instaure un nouveau rĂ©gime politique le Consulat. Cette fiche a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par ClĂ©mence L. Les Ă©vĂ©nements de l’annĂ©e 1993 L’annĂ©e 1993 voit la disparition du bon vieux 45 tours
 mais elle sera aussi celle de la fin des travaux du tunnel sous la Manche et de la naissance de l’Union EuropĂ©enne. Voici quelques faits marquants de l’annĂ©e 1993, en France et Ă  l’étranger. Les dates clĂ©s de la conquĂȘte spatiale Les Ă©toiles sont tellement jolies vues depuis la terre que l’Homme, toujours avide de curiositĂ©, a voulu aller les voir de plus prĂšs. "Espace, frontiĂšre de l’infini
" voici les dates clĂ©s de la conquĂȘte spatiale. Les dates importantes de la vie de Louis XIV Il avait choisi le soleil pour emblĂšme et son chĂąteau de Versailles est l'un des tĂ©moignages de ses goĂ»ts fastueux. NĂ© en 1638 et mort en 1715, il devient roi de France et de Navarre alors qu'il a Ă  peine 5 ans et son rĂšgne sera le plus long de... Les dates importantes de la guerre de CorĂ©e La guerre de CorĂ©e a durĂ© 3 ans, de l'Ă©tĂ© 1950 Ă  l'Ă©tĂ© 1953. Dessinant aujourd'hui la frontiĂšre entre la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud, elle est l'un des premiers conflits de la Guerre Froide. Voici les dates importantes de la guerre de CorĂ©e. Les dates importantes de la vie de NapolĂ©on 1er NapolĂ©on Bonaparte est nĂ© le 15 aoĂ»t 1769 Ă  Ajaccio, et est dĂ©cĂ©dĂ© 51 ans plus tard sur l'Ăźle Sainte-HĂ©lĂšne. Personnage majeur de l'histoire de France, il deviendra Ă  35 ans le premier empereur des Français. Voici les dates importantes de la vie de NapolĂ©on Premier. Les dates importantes de la guerre de SĂ©cession La "Civil War" amĂ©ricaine, que l'on connaĂźt ici sous le nom de Guerre de SĂ©cession, a causĂ© 620 000 morts et a durĂ© 4 ans, presque jour pour jour. Pour comprendre l'origine de ce conflit majeur de l'histoire des États-Unis, voici les dates importantes de la Guerre de SĂ©cession. Les dates importantes de la guerre de Cent Ans La guerre de Cent Ans s'Ă©tend en rĂ©alitĂ© sur une pĂ©riode plus longue et alterne, entre 1337 et 1453, les combats et les trĂȘves entre les royaumes de France et d'Angleterre. Pour tout savoir sur cette pĂ©riode clĂ© du Moyen-Âge, voici les dates importantes de la Guerre de Cent Ans. Les dates importantes de la guerre d'Indochine La guerre d’Indochine est un point majeur dans l’histoire des colonies françaises. Elle est pourtant peu Ă©voquĂ©e, parfois mĂȘme ignorĂ©e. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes Ă©tapes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement et les principales dates de ce conflit armĂ©. Les dates importantes de la Renaissance La Renaissance est une pĂ©riode de bouleversements scientifiques, intellectuels, politiques et artistiques en Europe, qui puise son inspiration dans l’AntiquitĂ©. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes dates de la Renaissance, nous vous rĂ©capitulons les points clĂ©s de cette pĂ©riode charniĂšre de l’histoire. Les dates importantes de la guerre d’AlgĂ©rie La guerre d’AlgĂ©rie est un conflit qui s’est dĂ©roulĂ© dans les annĂ©es 50 et 60 en AlgĂ©rie, colonie française Ă  l’époque, et qui a entraĂźnĂ© l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. Pour apprendre ou se remĂ©morer les dates importantes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement de cette guerre.
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ConsidĂ©rationssur les principaux Ă©vĂ©nements de la RĂ©volution française, depuis son origine jusques et compris le 8 juillet (posthume) ƒuvres complĂštes de Mme la Baronne de StaĂ«l, publiĂ©es par son fils, prĂ©cĂ©dĂ©es d’une notice sur le caractĂšre et les Ă©crits de Mme de StaĂ«l, par Mme Necker de Saussure, 1820-1821

The Project Gutenberg EBook of Histoire de la RĂ©volution française, VII. by Adolphe Thiers This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at Title Histoire de la RĂ©volution française, VII. Author Adolphe Thiers Release Date April 8, 2004 [EBook 11964] Language French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA RVOLUTION FRANAISE, VII. *** Produced by Carlo Traverso, Tonya Allen, Wilelmina MalliĂšre and PG Distributed Proofreaders. This file was produced from images generously made available by the BibliothĂšque nationale de France BnF/Gallica at HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE PAR M. A. THIERS TOME SEPTIÈME MDCCCXXXIX CONVENTION NATIONALE. CHAPITRE XXVI. CHAPITRE XXVII. CHAPITRE XXVIII. CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX. CHAPITRE XXXI. TABLE DES CHAPITRES CONTENUS DANS LE TOME SEPTIÈME. CHAPITRE XXVI. CONTINUATION DE LA GUERRE SUR LE RHIN. PRISE DE NIMÈGUE PAR LES FRANÇAIS.—POLITIQUE EXTÉRIEURE DE LA FRANCE. PLUSIEURS PUISSANCES DEMANDENT A TRAITER.—DÉCRET D'AMNISTIE POUR LA VENDÉE.—CONQUÊTE DE LA HOLLANDE PAR PICHEGRU. PRISE D'UTRECHT, D'AMSTERDAM ET DES PRINCIPALES VILLES; OCCUPATION DES SEPT PROVINCES-UNIES. NOUVELLE ORGANISATION POLITIQUE DE LA HOLLANDE.—VICTOIRES AUX PYRÉNÉES.—FIN DE LA CAMPAGNE DE 1794.—LA PRUSSE ET PLUSIEURS AUTRES PUISSANCES COALISÉES DEMANDENT LA PAIX. PREMIÈRES NÉGOCIATIONS.—ÉTAT DE LA VENDÉE ET DE LA BRETAGNE. PUISAYE EN ANGLETERRE. MESURES DE HOCHE POUR LA PACIFICATION DE LA VENDÉE. NÉGOCIATIONS AVEC LES CHEFS VENDÉENS. Les armĂ©es françaises, maĂźtresses de toute la rive gauche du Rhin, et prĂȘtes Ă  dĂ©boucher sur la rive droite, menaçaient la Hollande et l'Allemagne fallait-il les porter en avant ou les faire entrer dans leurs cantonnemens? telle Ă©tait la question qui s'offrait. MalgrĂ© leurs triomphes, malgrĂ© leur sĂ©jour dans la riche Belgique, elles Ă©taient dans le plus grand dĂ©nuement. Le pays qu'elles occupaient, foulĂ© pendant trois ans par d'innombrables lĂ©gions, Ă©tait entiĂšrement Ă©puisĂ©. Aux maux de la guerre s'Ă©taient joints ceux de l'administration française, qui avait introduit Ă  sa suite les assignats, le maximum et les rĂ©quisitions. Des municipalitĂ©s provisoires, huit administrations intermĂ©diaires, et une administration centrale Ă©tablie Ă  Bruxelles, gouvernaient la contrĂ©e en attendant son sort dĂ©finitif. Quatre-vingts millions avaient Ă©tĂ© frappĂ©s sur le clergĂ©, les abbayes, les nobles, les corporations. Les assignats avaient Ă©tĂ© mis en circulation forcĂ©e; les prix de Lille avaient servi Ă  dĂ©terminer le maximum dans toute la Belgique. Les denrĂ©es, les marchandises utiles aux armĂ©es Ă©taient soumises Ă  la rĂ©quisition. Ces rĂšglemens n'avaient pas fait cesser la disette. Les marchands, les fermiers cachaient tout ce qu'ils possĂ©daient; et tout manquait Ă  l'officier comme au soldat. LevĂ©e en masse l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, Ă©quipĂ©e sur-le-champ, transportĂ©e en hĂąte Ă  Hondschoote, Watignies, Landau, l'armĂ©e entiĂšre n'avait plus rien reçu de l'administration que de la poudre et des projectiles. Depuis long-temps elle ne campait plus sous toile; elle bivouaquait sous des branches d'arbre, malgrĂ© le commencement d'un hiver dĂ©jĂ  trĂšs rigoureux. Beaucoup de soldats, manquant de souliers, s'enveloppaient les pieds avec des tresses de paille, ou se couvraient avec des nattes en place de capotes. Les officiers, payĂ©s en assignats, voyaient leurs appointemens se rĂ©duire quelquefois Ă  huit ou dix francs effectifs par mois; ceux qui recevaient quelques secours de leurs familles n'en pouvaient guĂšre faire usage, car tout Ă©tait requis d'avance par l'administration française. Ils Ă©taient soumis au rĂ©gime du soldat, marchant Ă  pied, portant le sac sur le dos, mangeant le pain de munition, et vivant des hasards de la guerre. L'administration semblait Ă©puisĂ©e par l'effort extraordinaire qu'elle avait fait pour lever et armer douze cent mille hommes. La nouvelle organisation du pouvoir, faible et divisĂ©e, n'Ă©tait pas propre Ă  lui rendre le nerf et l'activitĂ© nĂ©cessaires. Ainsi tout aurait commandĂ© de faire entrer l'armĂ©e en quartiers d'hiver, et de la rĂ©compenser de ses victoires et de ses vertus militaires par du repos et d'abondantes fournitures. Cependant nous Ă©tions devant la place de NimĂšgue, qui, placĂ©e sur le Wahal c'est le nom du Rhin prĂšs de son embouchure, en commandait les deux rives, et pouvait servir de tĂȘte de pont Ă  l'ennemi pour dĂ©boucher Ă  la campagne suivante sur la rive gauche. Il Ă©tait donc important de s'emparer de cette place avant d'hiverner; mais l'attaque en Ă©tait trĂšs difficile. L'armĂ©e anglaise, rangĂ©e sur la rive droite, y campait au nombre de trente-huit mille hommes; un pont de bateaux lui fournissait le moyen de communiquer avec la place et de la ravitailler. Outre ses fortifications, NimĂšgue Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e par un camp retranchĂ© garni de troupes. Il aurait donc fallu, pour rendre l'investissement complet, jeter sur la rive droite une armĂ©e qui aurait eu Ă  courir les chances du passage et d'une bataille, et qui, en cas de dĂ©faite, n'aurait eu aucun moyen de retraite. On ne pouvait donc agir que par la rive gauche, et on Ă©tait rĂ©duit Ă  attaquer le camp retranchĂ© sans un grand espoir de succĂšs. Cependant les gĂ©nĂ©raux français Ă©taient dĂ©cidĂ©s Ă  essayer une de ces attaques brusques et hardies qui venaient de leur ouvrir en si peu de temps les places de MaĂ«stricht et Venloo. Les coalisĂ©s, sentant l'importance de NimĂšgue, s'Ă©taient rĂ©unis Ă  Arnheim pour concerter les moyens de la dĂ©fendre. Il avait Ă©tĂ© convenu qu'un corps autrichien, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Wernek, passerait Ă  la solde anglaise, et formerait la gauche du duc d'York pour la dĂ©fense de la Hollande. Tandis que le duc d'York, avec ses Anglais et ses Hanovriens, resterait sur la rive droite devant le pont de NimĂšgue, et renouvellerait les forces de la place, le gĂ©nĂ©ral Wernek devait tenter du cĂŽtĂ© de Wesel, fort au-dessus de NimĂšgue, un mouvement singulier, que les militaires expĂ©rimentĂ©s ont jugĂ© l'un des plus absurdes que la coalition ait imaginĂ©s pendant toutes ces campagnes. Ce corps, profitant d'une Ăźle que forme le Rhin vers Buderich, devait passer sur la rive gauche, et essayer une pointe entre l'armĂ©e de Sambre-et-Meuse et celle du Nord. Ainsi vingt mille hommes allaient ĂȘtre jetĂ©s au-delĂ  d'un grand fleuve entre deux armĂ©es victorieuses, de quatre-vingt Ă  cent mille hommes chacune, pour voir quel effet ils produiraient sur elles on devait les renforcer suivant l'Ă©vĂ©nement. On conçoit que ce mouvement, exĂ©cutĂ© avec les armĂ©es coalisĂ©es rĂ©unies, pĂ»t devenir grand et dĂ©cisif; mais essayĂ© avec vingt mille hommes, il n'Ă©tait qu'une tentative puĂ©rile et peut-ĂȘtre dĂ©sastreuse pour le corps qui en serait chargĂ©. NĂ©anmoins, croyant sauver NimĂšgue par ces moyens, les coalisĂ©s firent d'une part avancer le corps de Wernek vers Buderich, et de l'autre exĂ©cuter des sorties par la garnison de NimĂšgue. Les Français repoussĂšrent les sorties, et, comme Ă  MaĂ«stricht et Venloo, ouvrirent la tranchĂ©e Ă  une proximitĂ© de la place encore inusitĂ©e Ă  la guerre. Un hasard heureux accĂ©lĂ©ra leurs travaux. Les deux extrĂ©mitĂ©s de l'arc qu'ils dĂ©crivaient autour de NimĂšgue aboutissaient au Wahal; ils essayaient de tirer de ces extrĂ©mitĂ©s sur le pont. Quelques-uns de leurs projectiles atteignirent plusieurs pontons, et mirent en pĂ©ril les communications de la garnison avec l'armĂ©e anglaise. Les Anglais, qui Ă©taient dans la place, surpris de cet Ă©vĂ©nement imprĂ©vu, rĂ©tablirent les pontons, et se hĂątĂšrent de rejoindre le gros de leur armĂ©e sur l'autre rive, abandonnant Ă  elle-mĂȘme la garnison, composĂ©e de trois mille Hollandais. A peine les rĂ©publicains se furent-ils aperçus de l'Ă©vacuation, qu'ils redoublĂšrent le feu. Le gouverneur, Ă©pouvantĂ©, fit part au prince d'Orange de sa position, et obtint la permission de se retirer dĂšs qu'il jugerait le pĂ©ril assez grand. A peine eut-il reçu cette autorisation, qu'il repassa le Wahal de sa personne. Le dĂ©sordre se mit dans la garnison; une partie rendit les armes; une autre, ayant voulu se sauver sur un pont volant, fut arrĂȘtĂ©e par les Français, qui coupĂšrent les cĂąbles, et vint Ă©chouer dans une Ăźle oĂč elle fut faite prisonniĂšre. Le 18 brumaire 8 novembre, les Français entrĂšrent dans NimĂšgue, et se trouvĂšrent maĂźtres de cette place importante, grĂące Ă  leur tĂ©mĂ©ritĂ© et Ă  la terreur qu'inspiraient leurs armes. Pendant ce temps, les Autrichiens, commandĂ©s par Wernek, avaient essayĂ© de dĂ©boucher de Wesel; mais l'impĂ©tueux Vandamme, fondant sur eux au moment oĂč ils mettaient le pied au-delĂ  du Rhin, les avait rejetĂ©s sur la rive droite, et ils Ă©taient fort heureux de n'avoir pas obtenu plus de succĂšs, car ils auraient couru la chance d'ĂȘtre dĂ©truits, s'ils se fussent avancĂ©s davantage. Le moment Ă©tait enfin arrivĂ© d'entrer dans les cantonnemens, puisqu'on Ă©tait maĂźtre de tous les points importans sur le Rhin. Sans doute, conquĂ©rir la Hollande, s'assurer ainsi la navigation de trois grands fleuves, l'Escaut, la Meuse et le Rhin; priver l'Angleterre de sa plus puissante alliance maritime, menacer l'Allemagne sur ses flancs, interrompre les communications de nos ennemis du continent avec ceux de l'OcĂ©an, ou du moins les obliger Ă  faire le long circuit de Hambourg; nous ouvrir enfin la plus riche contrĂ©e du monde, et la plus dĂ©sirable pour nous dans l'Ă©tat oĂč se trouvait notre commerce, Ă©tait un but digne d'exciter l'ambition de notre gouvernement et de nos armĂ©es; mais comment oser tenter cette conquĂȘte de la Hollande, presque impossible en tout temps, mais surtout inexĂ©cutable dans la saison des pluies? SituĂ©e Ă  l'embouchure de plusieurs fleuves, la Hollande ne consiste qu'en quelques lambeaux de terre jetĂ©s entre les eaux de ces fleuves et celles de l'OcĂ©an. Son sol, partout infĂ©rieur au lit de eaux, est sans cesse menacĂ© par la mer, le Rhin, la Meuse, l'Escaut, et coupĂ© en outre par de petits bras dĂ©tachĂ©s des fleuves, et par une multitude de canaux artificiels. Ces bas-fonds si menacĂ©s sont couverts de jardins, de villes manufacturiĂšres et d'arsenaux. A chaque pas que veut y faire une armĂ©e, elle trouve ou de grands fleuves, dont les rives sont des digues Ă©levĂ©es et chargĂ©es de canons, ou des bras de riviĂšres et des canaux, tous dĂ©fendus par l'art des fortifications, ou enfin des places qui sont les plus fortes de l'Europe. Ces grandes manoeuvres, qui souvent dĂ©concertent la dĂ©fense mĂ©thodique en rendant les siĂ©ges inutiles, sont donc impossibles au milieu d'un pays coupĂ© et dĂ©fendu par des lignes innombrables. Si une armĂ©e parvient cependant Ă  vaincre tant d'obstacles et Ă  s'avancer en Hollande, ses habitans, par un acte d'hĂ©roĂŻsme dont ils donnĂšrent l'exemple sous Louis XIV, n'ont qu'Ă  percer leurs digues, et peuvent engloutir avec leur pays l'armĂ©e assez tĂ©mĂ©raire pour y pĂ©nĂ©trer. Il leur reste leurs vaisseaux, avec lesquels ils peuvent, comme les AthĂ©niens, s'enfuir avec leurs principales dĂ©pouilles, et attendre des temps meilleurs, ou aller dans les Indes habiter un vaste empire qui leur appartient. Toutes ces difficultĂ©s deviennent bien plus grandes encore dans la saison des inondations, et une alliance maritime telle que celle de l'Angleterre les rend insurmontables. Il est vrai que l'esprit d'indĂ©pendance qui travaillait les Hollandais Ă  cette Ă©poque, leur haine du stathoudĂ©rat, leur aversion contre l'Angleterre et la Prusse, la connaissance qu'ils avaient de leurs intĂ©rĂȘts vĂ©ritables, leurs ressentimens de la rĂ©volution si malheureusement Ă©touffĂ©e en 1787, donnaient la certitude aux armĂ©es françaises d'ĂȘtre vivement dĂ©sirĂ©es. On devait croire que les Hollandais s'opposeraient Ă  ce qu'on perçùt les digues, et qu'on ruinĂąt le pays pour une cause qu'ils dĂ©testaient. Mais l'armĂ©e du prince d'Orange, celle du duc d'York les comprimaient encore, et rĂ©unies, elles suffisaient pour empĂȘcher le passage des innombrables lignes qu'il fallait emporter en leur prĂ©sence. Si donc une surprise Ă©tait tĂ©mĂ©raire du temps de Dumouriez, elle Ă©tait presque folle Ă  la fin de 1794. NĂ©anmoins le comitĂ© de salut public, excitĂ© par les rĂ©fugiĂ©s hollandais, songeait sĂ©rieusement Ă  pousser une pointe au-delĂ  du Wahal. Pichegru, presque aussi maltraitĂ© que ses soldats, qui Ă©taient couverts de gale et de vermine, Ă©tait allĂ© Ă  Bruxelles se faire guĂ©rir d'une maladie cutanĂ©e. Moreau et RĂ©gnier l'avaient remplacĂ© tous deux conseillaient le repos et les quartiers d'hiver. Le gĂ©nĂ©ral hollandais Daendels, rĂ©fugiĂ© hollandais, militaire intrĂ©pide, proposait avec instance une premiĂšre tentative sur l'Ăźle de Bommel, sauf Ă  ne pas poursuivre si cette attaque ne rĂ©ussissait pas. La Meuse et le Wahal, coulant parallĂšlement vers la mer, se joignent un moment fort au-dessous de NimĂšgue, se sĂ©parent de nouveau, et se rĂ©unissent encore Ă  Wondrichem, un peu au-dessus de Gorcum. Le terrain compris entre leurs deux bras forme ce qu'on appelle l'Ăźle de Bommel. MalgrĂ© l'avis de Moreau et RĂ©gnier, une attaque fut tentĂ©e sur cette Ăźle par trois points diffĂ©rens elle ne rĂ©ussit pas, et fut abandonnĂ©e sur-le-champ avec une grande bonne foi, surtout de la part de Daendels, qui s'empressa d'en avouer l'impossibilitĂ© dĂšs qu'il l'eut reconnue. Alors, c'est-Ă -dire vers le milieu de frimaire commencement de dĂ©cembre, on donna Ă  l'armĂ©e les quartiers d'hiver dont elle avait tant besoin, et on Ă©tablit une partie des cantonnemens autour de Breda pour en former le blocus. Cette place et celle de Grave ne s'Ă©taient pas rendues, mais le dĂ©faut de communications pendant la durĂ©e de l'hiver devait certainement les obliger Ă  se rendre. C'est dans cette position que l'armĂ©e croyait voir s'achever la saison; et certes, elle avait assez fait pour ĂȘtre fiĂšre de sa gloire et de ses services. Mais un hasard presque miraculeux lui rĂ©servait de nouvelles destinĂ©es le froid, dĂ©jĂ  trĂšs vif, augmenta bientĂŽt au point de faire espĂ©rer que peut-ĂȘtre les grands fleuves seraient gelĂ©s. Pichegru quitta Bruxelles, et n'acheva pas de se faire guĂ©rir, afin d'ĂȘtre prĂȘt Ă  saisir l'occasion de nouvelles conquĂȘtes, si la saison la lui offrait. En effet, l'hiver devint bientĂŽt plus rude, et s'annonça comme le plus rigoureux du siĂšcle. DĂ©jĂ  la Meuse et le Wahal charriaient et leurs bords Ă©taient pris. Le 3 nivĂŽse 23 dĂ©cembre, la Meuse fut entiĂšrement gelĂ©e, et de maniĂšre Ă  pouvoir porter du canon. Le gĂ©nĂ©ral Walmoden, Ă  qui le duc d'York avait laissĂ© le commandement en partant pour l'Angleterre, et qu'il avait condamnĂ© ainsi Ă  n'essuyer que des dĂ©sastres, se vit dans la position la plus difficile. La Meuse Ă©tant glacĂ©e, son front se trouvait dĂ©couvert; et le Wahal charriant, menaçant mĂȘme d'emporter tous les ponts, sa retraite Ă©tait compromise. BientĂŽt mĂȘme il apprit que le pont d'Arnheim venait d'ĂȘtre emportĂ©; il se hĂąta de faire filer sur ses derriĂšres ses bagages et sa grosse cavalerie, et lui-mĂȘme dirigea sa retraite sur Deventer, vers les bords de l'Yssel. Pichegru, profitant de l'occasion que lui offrait la fortune de surmonter des obstacles ordinairement invincibles, se prĂ©para Ă  franchir la Meuse sur la glace. Il se disposa Ă  la passer sur trois points, et Ă  s'emparer de l'Ăźle de Bommel, tandis que la division qui bloquait Breda attaquerait les lignes qui entouraient cette place. Ces braves Français, exposĂ©s presque sans vĂȘtemens au plus rude hiver du siĂšcle, marchant avec des souliers auxquels il ne restait que l'empeigne, sortirent aussitĂŽt de leurs quartiers, et renoncĂšrent gaiement au repos dont ils commençaient Ă  peine Ă  jouir. Le 8 nivĂŽse 28 dĂ©cembre, par un froid de dix-sept degrĂ©s, ils se prĂ©sentĂšrent sur trois points, Ă  CrĂšvecoeur, Empel et le fort Saint-AndrĂ©; ils franchirent la glace avec leur artillerie, surprirent les Hollandais, presque engourdis par le froid, et les dĂ©firent complĂštement. Tandis qu'ils s'emparaient de l'Ăźle de Bommel, celle de leurs divisions qui assiĂ©geait Breda en attaqua les lignes, et les emporta. Les Hollandais, assaillis sur tous les points, se retirĂšrent en dĂ©sordre, les uns vers le quartier-gĂ©nĂ©ral du prince d'Orange, qui s'Ă©tait toujours tenu Ă  Gorcum, les autres Ă  Thiel. Dans le dĂ©sordre de leur retraite, ils ne songĂšrent pas mĂȘme Ă  dĂ©fendre les passages du Wahal, qui n'Ă©tait pas entiĂšrement gelĂ©. Pichegru, maĂźtre de l'Ăźle de Bommel, dans laquelle il avait pĂ©nĂ©trĂ© en passant sur les glaces de la Meuse, franchit le Wahal sur diffĂ©rens points, mais n'osa pas s'aventurer au-delĂ  du fleuve, la glace n'Ă©tant pas assez forte pour porter du canon. Dans cette situation, le sort de la Hollande Ă©tait dĂ©sespĂ©rĂ© si la gelĂ©e continuait, et tout annonçait que le froid durerait. Le prince d'Orange avec ses Hollandais dĂ©couragĂ©s Ă  Gorcum, Walmoden avec ses Anglais en pleine retraite sur Deventer, ne pouvaient tenir contre un vainqueur formidable, qui leur Ă©tait de beaucoup supĂ©rieur en forces, et qui venait d'enfoncer le centre de leur ligne. La situation politique n'Ă©tait pas moins alarmante que la situation militaire. Les Hollandais, pleins d'espĂ©rance et de joie en voyant s'approcher les Français, commençaient Ă  s'agiter. Le parti orangiste Ă©tait de beaucoup trop faible pour imposer au parti rĂ©publicain. Partout les ennemis de la puissance stathoudĂ©rienne lui reprochaient d'avoir aboli les libertĂ©s du pays, d'avoir enfermĂ© ou banni les meilleurs et les plus gĂ©nĂ©reux patriotes, d'avoir surtout sacrifiĂ© la Hollande Ă  l'Angleterre, en l'entraĂźnant dans une alliance contraire Ă  tous ses intĂ©rĂȘts commerciaux et maritimes. Ils se rĂ©unissaient secrĂštement en comitĂ©s rĂ©volutionnaires, prĂȘts Ă  se soulever au premier signal, Ă  destituer les autoritĂ©s, et Ă  en nommer d'autres. La province de Frise, dont les Ă©tats Ă©taient assemblĂ©s, osa dĂ©clarer qu'elle voulait se sĂ©parer du stathouder; les citoyens d'Amsterdam firent une pĂ©tition aux autoritĂ©s de la province, dans laquelle ils dĂ©claraient qu'ils Ă©taient prĂȘts Ă  s'opposer Ă  tout prĂ©paratif de dĂ©fense, et qu'ils ne souffriraient jamais surtout qu'on voulĂ»t percer les digues. Dans cette situation dĂ©sespĂ©rĂ©e, le stathouder songea Ă  nĂ©gocier, et adressa des envoyĂ©s au quartier-gĂ©nĂ©ral de Pichegru, pour demander une trĂšve, et offrir pour conditions de paix la neutralitĂ© et une indemnitĂ© des frais de la guerre. Le gĂ©nĂ©ral français et les reprĂ©sentans refusĂšrent la trĂšve; et, quant aux offres de paix, en rĂ©fĂ©rĂšrent aussitĂŽt au comitĂ© de salut public. DĂ©jĂ  l'Espagne, menacĂ©e par Dugommier, que nous avons laissĂ© descendant des PyrĂ©nĂ©es, et par Moncey, qui, maĂźtre du Guipuscoa, s'avançait sur Pampelune, avait fait des propositions d'accommodement. Les reprĂ©sentans envoyĂ©s en VendĂ©e, pour examiner si une pacification Ă©tait possible, avaient rĂ©pondu affirmativement et demandĂ© un dĂ©cret d'amnistie. Quelque secret que soit un gouvernement, toujours les nĂ©gociations de ce genre transpirent elles transpirent mĂȘme avec des ministres absolus, inamovibles; comment seraient-elles restĂ©es secrĂštes avec des comitĂ©s renouvelĂ©s par quart tous les mois? On savait dans le public que la Hollande, l'Espagne, faisaient des propositions; on ajoutait que la Prusse, revenue de ses illusions, et reconnaissant la faute qu'elle avait faite de s'allier Ă  la maison d'Autriche, demandait Ă  traiter; on savait par tous les journaux de l'Europe qu'Ă  la diĂšte de Ratisbonne plusieurs Ă©tats de l'Empire, fatiguĂ©s d'une guerre qui les touchait peu, avaient demandĂ© l'ouverture d'une nĂ©gociation tout disposait donc les esprits Ă  la paix; et de mĂȘme qu'ils Ă©taient revenus des idĂ©es de terreur rĂ©volutionnaire Ă  des sentimens de clĂ©mence, ils passaient maintenant des idĂ©es de guerre Ă  celles d'une rĂ©conciliation gĂ©nĂ©rale avec l'Europe. On recueillait les moindres circonstances pour en tirer des conjectures. Les malheureux enfans de Louis XVI, privĂ©s de tous leurs parens, et sĂ©parĂ©s l'un de l'autre dans la prison du Temple, avaient vu leur sort un peu amĂ©liorĂ© depuis le 9 thermidor. Le cordonnier Simon, gardien du jeune prince, avait pĂ©ri comme complice de Robespierre. On lui avait substituĂ© trois gardiens, dont un seul changeait chaque jour, et qui montraient au jeune prince plus d'humanitĂ©. On tirait de ces changemens opĂ©rĂ©s au Temple de vastes consĂ©quences. Le travail projetĂ© sur les moyens de retirer les assignats donnait lieu aussi Ă  de grandes conjectures. Les royalistes, qui se montraient dĂ©jĂ , et dont le nombre s'augmentait de ces incertains qui abandonnent toujours un parti qui commence Ă  faiblir, disaient avec malice qu'on allait faire la paix. Ne pouvant plus dire aux rĂ©publicains Vos armĂ©es seront battues, ce qui avait Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ© trop souvent sans succĂšs, et ce qui devenait trop niais, ils leur disaient On va les arrĂȘter dans la victoire; la paix est signĂ©e; on n'aura pas le Rhin; la condition de la paix sera le rĂ©tablissement de Louis XVII sur le trĂŽne, la rentrĂ©e des Ă©migrĂ©s, l'abolition des assignats, la restitution des biens nationaux. On conçoit combien de tels bruits devaient irriter les patriotes. Ceux-ci, dĂ©jĂ  effrayĂ©s des poursuites dirigĂ©es contre eux, voyaient avec dĂ©sespoir le but qu'ils avaient poursuivi avec tant d'effort, compromis par le gouvernement. A quoi destinez-vous le jeune Capet? disaient-ils; qu'allez-vous faire des assignats? Nos armĂ©es n'auront-elles versĂ© tant de sang que pour ĂȘtre arrĂȘtĂ©es au milieu de leurs victoires? n'auront-elles pas la satisfaction de donner Ă  leur patrie la ligne du Rhin et des Alpes? L'Europe a voulu dĂ©membrer la France; la juste reprĂ©saille de la France victorieuse sur l'Europe doit ĂȘtre de conquĂ©rir les provinces qui complĂštent son sol. Que va-t-on faire pour la VendĂ©e? Va-t-on pardonner aux rebelles quand on immole les patriotes? Il vaudrait mieux, s'Ă©cria un membre de la Montagne dans un transport d'indignation, ĂȘtre Charette que dĂ©putĂ© Ă  la convention.» On conçoit combien tous ces sujets de division, joints Ă  ceux que la politique intĂ©rieure fournissait dĂ©jĂ , devaient agiter les esprits. Le comitĂ© de salut public, se voyant pressĂ© entre les deux partis, se crut obligĂ© de s'expliquer il vint dĂ©clarer Ă  deux reprises diffĂ©rentes, une premiĂšre fois par l'organe de Carnot, une autre fois par celui de Merlin de Douai, que les armĂ©es avaient reçu ordre de poursuivre leurs triomphes, et de n'entendre les propositions de paix qu'au milieu des capitales ennemies. Les propositions de la Hollande lui parurent en effet trop tardives pour ĂȘtre acceptĂ©es, et il ne crut pas devoir consentir Ă  nĂ©gocier Ă  l'instant oĂč on allait ĂȘtre maĂźtre du pays. Abattre la puissance stathoudĂ©rienne, relever la rĂ©publique hollandaise, lui sembla digne de la rĂ©publique française. On s'exposa, Ă  la vĂ©ritĂ©, Ă  voir toutes les colonies de la Hollande et mĂȘme une partie de sa marine, devenir la proie des Anglais, qui dĂ©clareraient s'en emparer au nom du stathouder; mais les considĂ©rations politiques devaient l'emporter. La France ne pouvait pas ne pas abattre le stathoudĂ©rat; cette conquĂȘte de la Hollande ajoutait au merveilleux de ses victoires, intimidait davantage l'Europe, compromettait surtout les flancs de la Prusse, obligeait cette puissance Ă  traiter sur-le-champ, et par-dessus tout rassurait les patriotes français. En consĂ©quence Pichegru eut ordre de ne plus s'arrĂȘter. La Prusse, l'Empire, n'avaient encore fait aucune ouverture, et on n'eut rien Ă  leur rĂ©pondre. Quant Ă  l'Espagne, qui promettait de reconnaĂźtre la rĂ©publique et de lui payer des indemnitĂ©s, Ă  condition qu'on ferait vers les PyrĂ©nĂ©es un petit Ă©tat Ă  Louis XVII, elle fut Ă©coutĂ©e avec mĂ©pris et indignation, et ordre fut donnĂ© aux deux gĂ©nĂ©raux français de s'avancer sans relĂąche. Quant Ă  la VendĂ©e, un dĂ©cret d'amnistie fut rendu il portait que tous les rebelles, sans distinction de grade, qui poseraient les armes dans l'intervalle d'un mois, ne seraient pas poursuivis pour le fait de leur insurrection. Le gĂ©nĂ©ral Canclaux, destituĂ© Ă  cause de sa modĂ©ration, fut replacĂ© Ă  la tĂȘte de l'armĂ©e dite de l'Ouest, qui comprenait la VendĂ©e. Le jeune Hoche, qui avait dĂ©jĂ  le commandement de l'armĂ©e des cĂŽtes de Brest, reçut en outre celui de l'armĂ©e des cĂŽtes de Cherbourg personne n'Ă©tait plus capable que ces deux gĂ©nĂ©raux de pacifier le pays, par le mĂ©lange de la prudence et de l'Ă©nergie. Pichegru, qui avait reçu ordre de poursuivre sa marche victorieuse, attendait que la surface du Wahal fĂ»t entiĂšrement prise. Notre armĂ©e longeait le fleuve; elle Ă©tait rĂ©pandue sur ses bords vers Millingen, NimĂšgue, et tout le long de l'Ăźle de Bommel, dont nous Ă©tions maĂźtres. Walmoden, voyant que Pichegru, vers Bommel, n'avait laissĂ© que quelques avant-postes sur la rive droite, les replia, et commença un mouvement offensif. Il proposait au prince d'Orange de se joindre Ă  lui, pour former de leurs deux armĂ©es rĂ©unies une masse imposante, qui pĂ»t arrĂȘter par une bataille l'ennemi qu'on ne pouvait plus contenir maintenant par la ligne des fleuves. Le prince d'Orange, tenant Ă  ne pas dĂ©couvrir la route d'Amsterdam, ne voulut jamais quitter Gorcum. Walmoden songea Ă  se placer sur la ligne de retraite, qu'il avait tracĂ©e d'avance du Wahal Ă  lĂ  Linge, de la Linge au Leck, du Leck Ă  l'Yssel, par Thiel, Arnheim et Deventer. Tandis que les rĂ©publicains attendaient la gelĂ©e avec la plus vive impatience, la place de Grave, dĂ©fendue avec un courage hĂ©roĂŻque par le commandant Debons, se rendit presque rĂ©duite en cendres. C'Ă©tait la principale des places que les Hollandais possĂ©daient au-delĂ  de la Meuse, et la seule qui n'eĂ»t pas cĂ©dĂ© Ă  l'ascendant de nos armes. Les Français y entrĂšrent le 9 nivĂŽse 29 dĂ©cembre. Enfin, le 19 nivĂŽse 8 janvier 1795, le Wahal se trouva solidement gelĂ©. La division Souham le franchit vers Bommel; la brigade Dewinther, dĂ©tachĂ©e du corps de Macdonald, le traversa vers Thiel. A NimĂšgue et au-dessus, le passage n'Ă©tait pas aussi facile, parce que le Wahal n'Ă©tait pas entiĂšrement pris. NĂ©anmoins le 21 10, la droite des Français le passa au-dessus de NimĂšgue, et Macdonald, appuyĂ© par elle, passa Ă  NimĂšgue mĂȘme dans des bateaux. En voyant ce mouvement gĂ©nĂ©ral, l'armĂ©e de Walmoden se retira. Une bataille seule aurait pu la sauver; mais dans l'Ă©tat de division et de dĂ©couragement oĂč se trouvaient les coalisĂ©s, une bataille n'aurait peut-ĂȘtre amenĂ© qu'un dĂ©sastre. Walmoden exĂ©cuta un changement de front en arriĂšre, en se portant sur la ligne de l'Yssel, afin de gagner le Hanovre par les provinces de la terre ferme. ConformĂ©ment au plan de retraite qu'il s'Ă©tait tracĂ©, il abandonna ainsi les provinces d'Utrecht et de la Gueldre aux Français. Le prince d'Orange resta vers la mer, c'est-Ă -dire Ă  Gorcum. N'espĂ©rant plus rien, il abandonna son armĂ©e, se prĂ©senta aux Ă©tats rĂ©unis Ă  La Haye, leur dĂ©clara qu'il avait essayĂ© tout ce qui Ă©tait en son pouvoir pour la dĂ©fense du pays, et qu'il ne lui restait plus rien Ă  faire. Il engagea les reprĂ©sentans Ă  ne pas rĂ©sister davantage au vainqueur, pour ne pas amener de plus grands malheurs. Il s'embarqua aussitĂŽt aprĂšs pour l'Angleterre. DĂšs cet instant, les vainqueurs n'avaient plus qu'Ă  se rĂ©pandre comme un torrent dans toute la Hollande. Le 28 nivĂŽse 17 janvier, la brigade Salm entra Ă  Utrecht, et le gĂ©nĂ©ral Vandamme Ă  Arnheim. Les Ă©tats de Hollande dĂ©cidĂšrent qu'on ne rĂ©sisterait plus aux Français, et que des commissaires iraient leur ouvrir les places dont ils croiraient avoir besoin pour leur sĂ»retĂ©. De toutes parts, les comitĂ©s secrets qui s'Ă©taient formĂ©s manifestaient leur existence, chassaient les autoritĂ©s Ă©tablies, et en nommaient spontanĂ©ment de nouvelles. Les Français Ă©taient reçus
ConsidĂ©rations sur la RĂ©volution française » de Mme de StaĂ«l Michel Winock dans mensuel 338 datĂ© janvier 2009 - La fille de Necker se bat contre la monarchie sans bornes, le jacobinisme sans frein et le bonapartisme sans contre-pouvoir. L’auteur C’est une banalitĂ© de dire que notre monde est envahi par des images toujours plus prĂ©sentes au cinĂ©ma, Ă  la tĂ©lĂ©vision, sur les affiches publicitaires, dans les bandes dessinĂ©es et les jeux vidĂ©os. Dans ce contexte, l’image en mouvement et plus particuliĂšrement le cinĂ©ma apparaĂźt comme un champ de recherche important et a fortiori comme un objectif Ă©ducatif prioritaire l’abondance des images, la prĂ©sence des Ă©quipements informatiques mettent Ă  la disposition des professeurs et des Ă©lĂšves des supports d’apprentissage nombreux et des occasions de connaissance multipliĂ©es. Seule la cohĂ©rence du projet pĂ©dagogique, construit par rapport aux objectifs essentiels, permet le choix des techniques, des mĂ©thodes et des documents les plus pertinents »Annexes Ă  l’arrĂȘtĂ© du 14 novembre 1985, parues en 1987 et en 1989 Instructions gĂ©nĂ©rales. Une question se pose alors comment utiliser et exploiter un savoir mĂ©diatisĂ© Ă  la fois pour le chercheur et pour l’enseignant ? I- L’image en mouvement une source pour l’historien ? L’image d’Epinal, la bande dessinĂ©e, les rĂ©cits de grands-parents, les romans historiques, les films, la tĂ©lĂ©vision vĂ©hiculent des connaissances dans lesquelles la part de fiction et des reprĂ©sentations est essentielle. Le savoir historique peut donc ĂȘtre mĂ©diatisĂ© par diffĂ©rents canaux parmi lesquels le cinĂ©ma occupe une place de plus en plus prĂ©pondĂ©rante. Ainsi, comme le souligne l’historien Christian DelageDELAGE Christian, article CinĂ©ma et Histoire, un Ă©tat des lieux », revue M’Scope, CRDP de Versailles, n°7, mai 1994, les correspondances entre image et Histoire peuvent se comprendre soit comme l’adaptation de la mĂ©thode historique Ă  l’objet particulier qu’est le film, fiction ou documentaire, soit comme la prise en compte du film comme source historique Ă  part entiĂšre ». En outre, les historiens trouvent lĂ©gitime de critiquer les films de fiction Ă  caractĂšres historiques. Il s’agit au contraire de comprendre dans quel contexte se construit le film et de mesurer quelle distance celui-ci peut prendre par rapport Ă  la rĂ©alitĂ© historique. Par ailleurs, contrĂŽler le passĂ© a toujours aidĂ© Ă  maĂźtriser le prĂ©sent. Ainsi, l’instrumentalisation de la mĂ©moire est essentielle pour dominer les masses. L’engouement actuel pour les images rĂ©vĂšle donc l’enjeu d’une mĂ©moire dont l’historien est le garant contestĂ©. Pierre Nora va au-delĂ  lorsqu’il dit les mass mĂ©dias ont dĂ©sormais le monopole de l’Histoire ». Dans ce cadre, l’image filmĂ©e entre dans la dĂ©finition des les lieux de mĂ©moire ». En effet, la dĂ©mocratisation de l’enseignement et la diffusion des connaissances historiques par d’autres moyens mĂ©diatiques contribuent Ă  Ă©clairer le citoyen sur le fonctionnement de sa propre citĂ© et sur les usages politiques de l’Histoire. 1 Historiographie L’intĂ©rĂȘt des historiens pour le cinĂ©ma est relativement rĂ©cent. En effet, en 1971, Marc Ferro s’interroge sur les relations entre cinĂ©ma et Histoire et pose la question sous forme de boutade du film comme document indĂ©sirable pour l’historien ? » Article repris in CinĂ©ma et Histoire, par M. Ferro, Paris, Gallimard, folio Histoire, 1993, Marc, CinĂ©ma et Histoire, Gallimard, rĂ©ed. 1993, Ainsi, dans son article, Marc Ferro souligne que les sources utilisĂ©es par l’historien forment un corpus aussi hiĂ©rarchisĂ© que la sociĂ©tĂ©, avec en tĂȘte les archives d’Etat et Ă  l’arriĂšre plan les matĂ©riaux filmiques. Selon cette considĂ©ration, le film n’entre pas dans l’univers mental de l’historien. TrĂšs vite, l’attitude des chercheurs s’avĂšre plus nuancĂ©e au point de rendre Ă©vident le lien entre cinĂ©ma et Histoire. Il convient alors d’énoncer l’histoire rĂ©cente de cette relation longtemps contestĂ©e en privilĂ©giant les grandes pistes historiographiques. Marc Ferro, dans le cadre de ses recherches, fait figure de vĂ©ritable prĂ©curseur dans ce domaine. En effet, la plupart des historiens, incapables de considĂ©rer le film comme une source d’information, nĂ©gligeaient ce champ de recherche. Avec Marc Ferro, l’historien pressent que le cinĂ©ma, Ă  travers un discours explicite, permet d’atteindre un message implicite et constitue, documentaire ou fiction, un ensemble d’archives inestimables. Un nouveau champ d’investigation actuellement en cours d’exploitation s’ouvre Ă  l’appĂ©tit des historiens. Le film devient alors objet d’étude pour lui-mĂȘme et acquiert dans cette perspective un statut de document d’Histoire. De fait, depuis ces recherches pionniĂšres, on assiste Ă  un vĂ©ritable engouement des Ă©tudes historiques pour le cinĂ©ma. En 1972 par exemple, RenĂ© PrĂ©dal publie chez Armand Colin dans la collection U2 La sociĂ©tĂ© française Ă  travers le cinĂ©ma, 1914/1945. Plus rĂ©cemment, M. Langny publie en 1990 aux Ă©ditions Armand Colin un ouvrage intitulĂ© De l’Histoire au cinĂ©ma
 qui fait le point sur l’évolution de la recherche dans ce domaine. En octobre 2001 le numĂ©ro 561 des Cahiers du cinĂ©ma intitulĂ© le cinĂ©ma rattrapĂ© par l’Histoire » pose des problĂ©matiques intĂ©ressantes sur la lecture historique du film et la lecture cinĂ©matographique de l’Histoire. Ainsi, de La grande illusion Ă  Lacombe Lucien, de M le maudit aux Sentiers de la gloire en passant par La marseillaise ou le Danton de Wajda, les historiens font apparaĂźtre les nombreuses interfĂ©rences entre Histoire et cinĂ©ma qui permettent de mieux apprĂ©hender les sociĂ©tĂ©s actuelles et anciennes. Par ailleurs, depuis cet approfondissement de la recherche en Histoire, la mĂ©thodologie d’analyse s’est diversifiĂ©e. Il faut remercier l’apport prĂ©cieux des Ă©tudes thĂ©oriques et esthĂ©tiques de chercheurs comme Jacques Aumont et Michel Marie qui considĂšrent le film comme objet d’art, comme produit artistique. Dans un ouvrage qualifiĂ© par la revue Avant scĂšne cinĂ©ma de bible et sĂ©same appliquĂ©s au cinĂ©ma » ces deux chercheurs dĂ©gagent de façon pertinente les acquis mĂ©thodologiques des axes de recherches liĂ©es Ă  l’analyse filmique. Toutefois, ils ne prĂ©conisent pas une mĂ©thode universelle mais des pistes de rĂ©flexion comme le titre de leur ouvrage l’indique AUMONT Jacques et MARIE Michel, L’analyse des films, Nathan cinĂ©ma, 1988. il ne s’agit pas de l’analyse de film mais de l’analyse des films, car chaque objet observĂ© recĂšle sa part d’originalitĂ©. PassionnĂ© par le cinĂ©ma, Pierre Sorlin a orientĂ© ses recherches sur le neuviĂšme art dans le mĂȘme sens en Ă©tudiant avec prĂ©cision le montage et le dĂ©coupage des films. Toutefois, conservant une approche technique et sĂ©miologique, il va trĂšs vite mettre en relief les interfĂ©rences entre cinĂ©ma et sociĂ©tĂ©. Son ouvrage Sociologie du cinĂ©ma ouverture pour l’Histoire de demain Paris, Aubier, collection historiques, 1977 fait date dans ce domaine. En effet, il montre que l’utilisation et la pratique de modes d’écriture spĂ©cifiques joignent la sociĂ©tĂ© qui produit le film Ă  la sociĂ©tĂ© qui le reçoit. Ces aspects techniques sont donc de premier ordre pour un travail d’analyse filmique en classe. Comme le souligne Guy Hennebelle HENNEBELLE G., la marque Ferro », Ă©ditorial, CinĂ©ma et Histoire », revue CinĂ©mAction, 4iĂšme trimestre, 1992, la diversification de la mĂ©thodologie d’analyse des films nĂ©cessite la mise en place d’un examen spĂ©cifique d’autant plus important qu’il s’agira par la suite de le mettre Ă  profit lors d’une transposition didactique DĂ©coder, aller au delĂ  des fausses Ă©vidences d’une rĂ©ception passive, c’est bien. DĂ©coder un contenu, c’est beaucoup plus important. Et dĂ©masquer derriĂšre les images le vrai visage de la rĂ©alitĂ© historique et sociale, c’est beaucoup plus passionnant ». 2 Le film de fiction historique essai de typologie. La lecture cinĂ©matographique de l’Histoire pose Ă  l’historien le problĂšme de sa propre lecture du passĂ©. Les expĂ©riences des cinĂ©astes contemporains montrent que grĂące Ă  la mĂ©moire populaire et Ă  la tradition orale, le cinĂ©aste historien peut rendre Ă  la sociĂ©tĂ© une Histoire dont l’institution l’a dĂ©possĂ©dĂ©e. Mais au delĂ  d’un siĂšcle ou deux d’écart, la distance s’avĂšre excessive. Nous pouvons distinguer d’emblĂ©e deux genres de films exploitables par l’historien – Le film documentaire qui est censĂ© s’appuyer sur des documents, sur des tĂ©moignages ou sur une enquĂȘte. – Le film de fiction, historique ou non oĂč l’auteur peut exprimer en toute libertĂ© son imagination. Cependant, dans notre cadre, ce sont surtout les films de fiction historique qui attisent la curiositĂ© mĂȘme si la dramaturgie y est parfois sans rapport avec le contexte historique. En effet, l’analyse d’un film de fiction historique peut s’avĂ©rer plus riche dans un cours d’Histoire que celle d’un film documentaire, pour plusieurs raisons. D’une part, le film de fiction a l’avantage d’exprimer le non-dit le rĂȘve ou les grandes idĂ©es. D’autre part, il peut se rĂ©vĂ©ler efficace dans la dĂ©nonciation de problĂšmes politiques ou sociaux. Une Ɠuvre vraiment crĂ©atrice peut atteindre la vĂ©ritĂ© la plus profonde et exprimer les tendances marquantes d’une Ă©poque, parfois invisibles aux observateurs traditionnels. Le rĂ©alisateur n’est pas toujours conscient de la force et de la justesse de son message. Parmi ces films, ceux qui font allusion Ă  une pĂ©riode oĂč le cinĂ©ma n’existait pas, attirent l’attention car ils proposent des pistes de rĂ©flexion originales. Ainsi, les principaux problĂšmes que posent au rĂ©alisateur les films historiques prĂ©sentant une Ă©poque antĂ©rieure au XXĂšme siĂšcle sont essentiellement d’ordre intellectuel. Dans un article, Denys Arcand ARCAND Denys, Unesco revue Cultures numĂ©ro spĂ©cial cinĂ©ma et Histoire », tome II, 1974 Ă©numĂšre les trois freins structurels de l’entreprise cinĂ©-historienne la contradiction entre le mouvement cinĂ©matographique et la stabilitĂ© de la connaissance historique, la faible capacitĂ© de mĂ©morisation du spectateur et la lenteur informative du mĂ©dium vocal. MalgrĂ© la difficultĂ© de la tĂąche et les impĂ©ratifs imposĂ©s par le rĂ©cit cinĂ©matographique, il n’est toutefois pas rare de voir des historiens concourir Ă  la rĂ©alisation de films historiques de fiction et donner leur avis sur la vĂ©racitĂ© de telle ou telle sĂ©quence. L’Histoire, connaissance du passĂ© qui explique le prĂ©sent, a quatre sources principales qui inspirent abondamment les cinĂ©astes – L’institution. C’est l’Histoire officielle. L’Etat dĂ©termine la connaissance historique en dĂ©cidant des programmes et en nommant les enseignants c’est le discours du pouvoir. – La contre Histoire. C’est le contraire de ce que dit l’Histoire officielle. Mais en prĂŽnant la contestation idĂ©ologique, elle se rapproche parfois d’une autre Histoire officielle. – La mĂ©moire. On s’en sert pour Ă©crire l’Histoire. Cette mĂ©moire est discrĂ©ditĂ©e par l’institution qui voit en elle une Histoire vue sous un angle personnel. En fait, par sa subjectivitĂ©, la mĂ©moire nous trompe comme elle trompe l’Histoire. – L’Histoire analytique. Elle expose des problĂšmes en occultant les rĂ©cits trop subjectifs. Nous retrouvons ces quatre sources historiques dans le cinĂ©ma films d’Histoire officielle, films d’opposition, films de mĂ©moire et films d’Histoire analytique. Comment le professeur d’Histoire peut il s’y retrouver ? Les films de fiction utilisĂ©s dans notre corpus sont de deux grands types cette typologie est empruntĂ© Ă  l’ouvrage de BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours d’Histoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985, ; D’abord les films de fictions reconstructrices Ă  visĂ©e didactique et pĂ©dagogique, comme Les annĂ©es lumiĂšres, les annĂ©es Terribles, ou 1788. Les dĂ©cors de ces films sont le plus souvent rĂ©els et le dialogue des acteurs se veut fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ© historique. Puis le deuxiĂšme type met en relief les fictions dramatisĂ©es et partisanes. Les dialogues, qui mettent en prĂ©sence des acteurs connus sont théùtralisĂ©s, la rĂ©alitĂ© historique » dĂ©crite renvoie souvent Ă  une problĂ©matique explicitement contemporaine. On peut citer parmi ces films Danton de Wajda, La marseillaise de Renoir et Ă  un moindre degrĂ© Marie-Antoinette de Jean Delonnoy ou La nuit de Varennes d’Ettore Scola. A cette typologie s’ajoute bien entendu une rĂ©flexion personnelle des auteurs sur la RĂ©volution française correspondant trĂšs souvent Ă  un moment prĂ©cis de l’historiographie et un contexte particulier. 3 Le mythe de la RĂ©volution française au cinĂ©ma. La RĂ©volution française a suscitĂ© des polĂ©miques, des chansons, des lettres, des romans, des piĂšces de théùtre, et une abondante historiographie. En effet, la rĂ©volution française ! Cet Ă©vĂ©nement, prodigieux par son ampleur et ses effets, n’a cessĂ© de hanter l’imaginaire des peuples comme de rĂ©gir les actes de maints zĂ©lateurs » ICART Roger, La RĂ©volution française Ă  l’écran, Milan, 1988, . Honnie par les uns, exaltĂ©e par les autres, la RĂ©volution française se devait d’inspirer les Ă©crivains, les philosophes et d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les artistes. Dans les outils de transmission du savoir, le cinĂ©ma ne pouvait ĂȘtre ignorer bien longtemps. Le choix d’étudier la pĂ©riode rĂ©volutionnaire Ă  travers le cinĂ©ma permet de mettre Ă  jour de façon originale les problĂšmes scientifiques que pose l’étude de la RĂ©volution française car le mythe de la RĂ©volution » GERARD Alice, la RĂ©volution française, mythes et interprĂ©tations 1789-1970, Flammarion, 1970, coll. Questions d’Histoire. se nourrit de discours et de scĂšnes historiques ancrĂ©s le plus souvent dans l’abĂźme d’une lecture passionnelle des Ă©vĂšnements. L’examen de films consacrĂ©s Ă  la RĂ©volution française met en Ă©vidence, selon Roger Icart ICART Roger, La RĂ©volution française Ă  l’écran, Ed. Milan, 1988., des reprĂ©sentations Ă  travers deux thĂšmes d’inspiration Ă  forte charge symbolique les grands personnages de cette pĂ©riode troublĂ©e et le rĂ©cit des grandes journĂ©es rĂ©volutionnaires. Une remarque se dĂ©gage de la lecture des travaux de Sylvie Dallet DALLET Sylvie, La RĂ©volution française et le cinĂ©ma, Lherminier, Ă©ditions des quatre-vents, Paris, 1988. et de Raymond Lefevre LEFEVRE Raymond, CinĂ©ma et rĂ©volution, Edilig, 1988. aucun film ne raconte les Ă©vĂ©nement ou ne dĂ©cris un personnage de la mĂȘme façon. Dans leur plus grande proximitĂ©, les plans maintiennent une nette distinction entre deux Ɠuvres. Cela revient Ă  s’interroger sur la façon dont les cinĂ©astes recrĂ©ent les pages d’Histoire et sur l’influence de l’historiographie de la RĂ©volution sur leur production. Le contexte de crĂ©ation des films peut donc ĂȘtre mis en Ă©troite collaboration avec les grandes phases historiographiques de la RĂ©volution. La perception de la RĂ©volution française au cinĂ©ma repose sur une tradition historiographique prĂ©cise et sur un arsenal lĂ©gendaire souvent antĂ©rieur au 19Ăšme siĂšcle. Une Confrontation est nĂ©cessaire entre le cinĂ©ma et les grands courants de la littĂ©rature et de la politique pour saisir l’implication d’une forme d’art sur d’autres, et d’un mouvement de pensĂ©e sur l’inconscient collectif. Ainsi le cinĂ©ma prend place aux cĂŽtĂ©s de l’enseignement universitaire et de la littĂ©rature historique pour Ă©voquer la transmission du passĂ©. MĂȘme si les images filmiques sont encore mal acceptĂ©es parmi ces lieux de mĂ©moire » qui, selon Pierre Nora, ont modelĂ© depuis la RĂ©volution française les imaginaires nationaux, le cinĂ©ma concurrence efficacement l’enseignement de l’Histoire et joue un rĂŽle de premier ordre dans la construction de nos appartenances nationales. Ainsi, un rĂ©alisateur fidĂšle dans ses lectures Ă  Furet, Soboul ou Vovelle oriente son film de façon plus ou moins consciente vers une conception raisonnablement engagĂ©e de la RĂ©volution française. Il semble aujourd’hui, que l’imaginaire du public et des mĂ©dias corresponde plus au Danton de Wajda qu’à celui de Lavisse. A l’instar de Pierre Guibert et Michel Oms, auteurs de L’Histoire de France au cinĂ©ma, l’analyse du personnage de Louis XVI, souligne que aux yeux Ă©blouit de plusieurs gĂ©nĂ©rations de spectateurs, Louis XVI a-t-il pris pour longtemps les traits de Pierre Renoir, Jacques Morel, Robert Morley ou Jean-François Balmer ? Cependant, en sens inverse, des personnages romanesques issus de la grande littĂ©rature ou du feuilleton populaire ont pris pied dans l’Histoire, tel le bossu au contact du rĂ©gent, ils ont acquis l’épaisseur de la vĂ©ritĂ© historique. Voici comment, inextricablement, Ă  la faveur de la confusion qu’engendrent les salles obscures, la fiction et le rĂ©el, mais aussi le passĂ© national et le passĂ© du spectateur se sont croisĂ©s pour former la trame du tissu culturel français » GUIBERT P., OMS M., “l’Histoire de France au cinĂ©ma” in CinĂ©maction H. S., Ed. Corlet, 1993.. Le cinĂ©ma a recréé un portrait de Louis XVI Ă  partir de celui que la RĂ©volution avait dressĂ© Ă  l’usage de tous un homme bon mais faible, irrĂ©solu, qui n’était pas l’homme de la situation. Un homme bien gentil en somme, mais qui incarne Ă  merveille le mythe de la royautĂ© extĂ©nuĂ©e, expirante, surannĂ©e, vieillie, dĂ©passĂ©e par une Histoire dynamique et ambitieuse. Bref, une monarchie inadaptĂ©e Ă  l’avenir. Autre clichĂ©s Ă©tabli par le cinĂ©ma Louis XVI reprĂ©sentĂ© trĂšs souvent de la mĂȘme taille que les personnages qui l’entourent alors qu’en rĂ©alitĂ© il mesurait plus d’un mĂštre quatre-vingt-dix et qu’il Ă©tait d’un carrure colossale. Que dire alors du Louis XVI caricaturĂ© en glouton ? Certains films vont jusqu’à le reprĂ©senter bĂ©gayant ou zozotant pour inspirer la moquerie du public ! Or nul ne sait s’il avait de dĂ©faut d’élocution. Peu importe l’important est de le ridiculiser pour le rendre pathĂ©tique voir TP Louis XVI Ă  travers le prisme du cinĂ©ma. Les historiens ne doivent donc pas rester insensibles Ă  ces phĂ©nomĂšnes de sociĂ©tĂ© surtout lorsqu’ils traitent de sujets passionnels comme la RĂ©volution française. Conclusion Le cinĂ©ma est bien un objet d’Histoire. A la lumiĂšre de la recherche actuelle, le film est de moins en moins Ă©tranger Ă  l’univers mental des historiens. A ce titre, l’enseignant peut tout autant s’appuyer sur des films dont l’Histoire est le cadre que sur des films dont l’Histoire est l’objet. Le professeur d’Histoire apparaĂźt ainsi Ă  la charniĂšre des savoirs savants et scolaires. Certes, ce type de document ne doit pas ĂȘtre privilĂ©giĂ© mais ses apports demeurent fĂ©conds pour le professeur d’Histoire dans sa perspective pĂ©dagogique et critique car le film rĂ©vĂšle aisĂ©ment son intĂ©rĂȘt cognitif. Le cinĂ©ma est une passerelle tendue entre les savoirs scolaires et la culture extrascolaire, en particulier tĂ©lĂ©visuelle des Ă©lĂšves. Pour enseigner l’Histoire Ă  travers le cinĂ©ma, plusieurs questions se posent comment faire pour que les Ă©lĂšves se sentent concernĂ©s par le sujet ? Comment transformer en acteur ce public souvent passif ? Quelle conception de l’Histoire sous-tend le document ? Le scĂ©nario est-il bĂąti autour d’un personnage, d’un thĂšme ou d’une classe sociale ? Le film est-il rĂ©ellement compatible avec une utilisation pĂ©dagogique ? Quels sont les rĂ©ajustements nĂ©cessaires pour cette forme d’utilisation ? Il va de soi que le dĂ©bat sur l’historiographie de la RĂ©volution visible Ă  travers des productions cinĂ©matographiques pour le spectateur averti doit rester toujours Ă  l’esprit de l’enseignant et se reflĂ©tera dans le choix des extraits et de la problĂ©matique choisie aussi bien au niveau du collĂšge que du lycĂ©e mĂȘme si au collĂšge il ne sera pas engagĂ© pour lui mĂȘme. II De la source historique au support pĂ©dagogique. 1 La place des images et le choix du corpus au regard des programmes et des instructions officielles. La richesse des images qu’offre le cinĂ©ma permet au professeur d’Histoire de puiser dans une mine inĂ©puisable d’informations. Il ne doit pas systĂ©matiquement considĂ©rer le film comme un tout mais utiliser avec profit de courtes sĂ©quences. Ainsi, la fonction principale du professeur est alors de trier les informations, de sĂ©lectionner les sĂ©quences susceptibles d’ĂȘtre intĂ©ressantes et d’en analyser les dĂ©rives car Enseigner c’est d’abord faire des choix » LE PELLEC Jacqueline, VIOLETTE Marcos-Alvarez, Enseigner l’Histoire un mĂ©tier qui s’apprend, Hachette Ă©ducation, 1991, Ce travail effectuĂ© en fonction des instructions officielles met en valeur des Ă©lĂ©ments qui seront utilisables comme documents historiques et transposables dans des sĂ©quences d’enseignement. Ainsi, des scĂšnes bien choisies sont plus faciles Ă  mĂ©moriser qu’un ouvrage abordant le sujet et elles enrichissent la prĂ©sentation pĂ©dagogique Ă  telle point que Les annĂ©es lumiĂšres et Les annĂ©es terribles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă  des fins pĂ©dagogique claires et annoncĂ©es lors du bicentenaire de la RĂ©volution française. De plus, nous pouvons constater que les connaissances que peuvent avoir les Ă©lĂšves sur la RĂ©volution française ou sur d’autres pĂ©riodes historiques sont la plupart du temps issues du cinĂ©ma. Ainsi, ayant consciencieusement relu Furet et Soboul pour prĂ©parer son cours sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire, l’enseignant dĂ©couvre que ses Ă©lĂšves sont imprĂ©gnĂ©s des images de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e sur NapolĂ©on ou d’images du film d’Enrico sur la RĂ©volution diffusĂ©s la veille. VoilĂ  donc deux formes de savoirs diffĂ©rents par leur mode de transmission, auxquels le professeur mais aussi les Ă©lĂšves ont accĂšs. Or dans l’esprit des Ă©lĂšves, ces deux savoirs ne se distinguent pas. Pour cela, il faut confronter et critiquer les documents car le cinĂ©ma est nĂ©cessairement l’objet d’une reprĂ©sentation. En accord avec les instructions officielles, le but du professeur est de montrer que ces diffĂ©rents savoirs ne sont pas rĂ©gis par les mĂȘmes principes de construction. Cependant, il est parfois difficile de montrer aux Ă©lĂšves en quoi les mĂ©dias sont les vecteurs d’une ou plusieurs Histoires. Le choix du document filmique se fait donc en fonction de la progression Ă©tablie, des instructions officielles, des connaissances et des capacitĂ©s des Ă©lĂšves Ă  regarder et Ă  comprendre le document retenu. Enfin, la place de l’extrait dans la sĂ©quence est dĂ©terminĂ©e par les stratĂ©gies pĂ©dagogiques et les dĂ©marches adoptĂ©es qui peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes en classe de quatriĂšme ou de seconde. Le personnage du roi sert de trame narrative pour Ă©voquer la pĂ©riode rĂ©volutionnaire mĂȘme aprĂšs sa mort. Louis XVI d’une maniĂšre ou d’une autre apparaĂźtra donc en filigrane Ă  travers toute la sĂ©quence sur la pĂ©riode rĂ©volutionnaire. 2 Le film comme illustration Le premier intĂ©rĂȘt du film de fiction pour l’enseignant est d’abord sa fonction d’appĂąt. Ainsi, les films sur la RĂ©volution française sont volontiers utilisĂ©s pour illustrer Ă  plusieurs niveaux des Ă©vĂšnements, des personnages, des lieux ou des thĂšmes. A travers ces considĂ©rations, le personnage du roi et ses rĂ©actions face aux Ă©vĂšnements peuvent apparaĂźtre comme fil conducteur de l’analyse des sĂ©quences. —- Louis XVI au cƓur de trois dimensions de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire —- – Le film comme illustration d’un Ă©vĂ©nement. L’évĂ©nement fait parti inhĂ©rente du rĂ©cit et de l’évolution de la dramatique du film. Il est donc primordial de choisir des moments clĂ©s et rĂ©vĂ©lateurs pour construire sa sĂ©quence. Le choix de ces Ă©vĂ©nements s’effectuer en fonction des repĂšres chronologiques proposĂ©s par les programmes. Ainsi, la prise de la bastille 14 juillet 1789, l’abolition des privilĂšges 4 aoĂ»t 1789, la dĂ©claration des droits de l’homme 26 aoĂ»t 1789, la chute de la monarchie 10 aoĂ»t 1792, la chute de Robespierre 9 thermidor an II, le coup d’état du 18 brumaire 1799, le sacre de NapolĂ©on dĂ©cembre 1801 sont autant de dates clĂ©s, prĂ©sentes dans les programmes, que le cinĂ©ma peut illustrer. Le cinĂ©ma offre non seulement un rĂ©cit synthĂ©tique qui permet de prĂ©senter les Ă©pisodes majeurs » de la RĂ©volution française mais aussi des reprĂ©sentations plus ou moins originales de cette pĂ©riode. Le rĂŽle du professeur est alors double d’abord, il se doit d’insister sur la signification politique et sociale de chacune des phases retenues, Ă©tape indispensable en QuatriĂšme, puis il nuance les visions proposĂ©es en confrontant les sources filmiques et les diffĂ©rentes conceptions des rĂ©alisateurs, dĂ©marche plus appropriĂ©e en Seconde. On peut mettre Ă  profit l’étude d’une journĂ©e rĂ©volutionnaire par le film de fiction afin de sĂ©lectionner quelques grandes idĂ©es dĂ©veloppĂ©es Ă  l’aide d’exemple prĂ©cis, Ă  forte charge symbolique ». Le suivi d’une journĂ©e rĂ©volutionnaire Ă  travers le cinĂ©ma a l’avantage de rendre compte du rĂŽle concret des diffĂ©rents acteurs de la RĂ©volution, des tensions Ă  l’Ɠuvre et de l’emploi de la violence. Deux exemples sont particuliĂšrement parlants pour Ă©voquer les tournants majeurs de la marche Ă  la RĂ©volution le 14 juillet 1789 et le 10 aoĂ»t 1792. Tout d’abord, le 14 juillet 1789 apparaĂźt comme le premier Ă©vĂ©nement rĂ©volutionnaire retenu par le cinĂ©ma. Pierre Nora l’a clairement identifiĂ© comme l’un de nos principaux lieux de mĂ©moire ». Il renseigne sur la force d’une pression populaire inorganisĂ©e et sur la distance du roi face Ă  l’évĂšnement. Toutefois, si beaucoup de films parlent de la prise de la Bastille, peu la montrent, car cela exige d’importants moyens financiers. Ainsi, Renoir dans sa Marseillaise y faisait allusion par le dialogue sans la montrer. La Marie-Antoinette de Jean Delannoy ou les diffĂ©rentes versions de Madame sans gĂȘne prĂ©sentent le mĂȘme artifice filmique. La troisiĂšme RĂ©publique, en la choisissant pour fĂȘte nationale, en fait un symbole celui de la victoire des idĂ©es dĂ©mocratiques sur l’arbitraire royal, la vidant aussi de sa rĂ©alitĂ© premiĂšre pour l’anoblir, la parer des Ă©clatantes couleurs d’un Ă©vĂ©nement heureux, d’une dĂ©livrance salutaire. C’est d’ailleurs sous cette forme que, la plupart du temps, le cinĂ©ma l’évoque. Toutefois, seuls les films amĂ©ricains peuvent, grĂące Ă  leurs Ă©normes moyens, se permettre de faire revivre cette scĂšne de mouvement et de fureur. Un travail auquel ils s’appliquent dans les diverses adaptations de A tale of two cities oĂč l’accent est mis sur l’aspect salvateur de l’évĂ©nement. En brisant les chaĂźnes du pont-levis de la forteresse ce sont celles de la monarchie qui sont brisĂ©es. Dans la mĂȘme perspective, la prise de la Bastille dans Les annĂ©es lumiĂšres voir TP L’annĂ©e 1789 Ă  l’écran constitue, dans le contexte de sa rĂ©alisation l’annĂ©e du bicentenaire, une forme de cĂ©lĂ©bration officielle. En classe, on peut insister sur les scĂšnes de foule et les scĂšnes comportant des personnages identifiĂ©s en y comparant le cadrage et l’utilisation de la musique pour dĂ©montrer comment ces techniques appuient ce que le rĂ©alisateur a voulu montrer. La prise des tuileries fait parfaitement Ă©chos Ă  celle de la bastille et permet de mesurer les acquis des Ă©lĂšves, bien qu’il s’agisse ici d’une insurrection organisĂ©e et non d’une Ă©meute. Le 10 AoĂ»t est souvent traitĂ© de maniĂšre allusive voire symbolique par le septiĂšme art. Ainsi, les nombreuses versions de Madame Sans-GĂȘne, voir TP La chute de la royautĂ© vue par le cinĂ©ma retracent cet Ă©pisode mais sans jamais le montrer. LĂ  encore, il faut attendre les grosses productions amĂ©ricaines pour voir le peuple de Paris dresser des barricades et s’élancer Ă  l’assaut du palais des tyrans. En France, le seul film qui, Ă  ce jour, ait tentĂ© de nous faire comprendre cet Ă©pisode dĂ©cisif, est La Marseillaise de Jean Renoir. Ce film est d’autant plus original qu’il met en avant un aspect de la personnalitĂ© de Louis XVI peu connu et loin des clichĂ©s habituels. AprĂšs avoir suivi la longue marche des Marseillais et assistĂ© Ă  leur arrivĂ©e triomphante au faubourg Saint-Antoine, le spectateur est transportĂ© aux tuileries au moment oĂč parvient Ă  Paris le dĂ©sastreux manifeste du duc de Brunswick. C’est l’occasion pour Renoir de nous prĂ©senter un Louis XVI digne, malheureux, pathĂ©tique, dĂ©passĂ© par les Ă©vĂšnements face Ă  une Marie Antoinette hautaine, agressive et mĂ©prisante. Cette vision inhabituelle, qui lui fut reprochĂ©e, a Ă©tĂ© expliquĂ© par la suite en me documentant, j’en suis arrivĂ© Ă  la conclusion que Louis XVI Ă©tait un personnage, d’abord d’une trĂšs grande bontĂ©, et ensuite d’une trĂšs grande distinction. J’entends par lĂ , qu’il n’était pas vulgaire. J’ai mĂȘme l’impression que cet homme se savait victime de la destinĂ©e et savait qu’il n’y avait pas Ă  lutter. Ce personnage royal est flanquĂ© d’une femme qui est une espĂšce de caquetiĂšre agressive, car malgrĂ© sa naissance, Marie-Antoinette Ă©taitunefemme Elle n’avait aucun goĂ»t. Tandis que Louis XVI avait du goĂ»t. Et aussi de la luciditĂ©. J’ai l’impression que Louis XVI savait que c’était la fin
 » In Cahiers du CinĂ©ma, n°196, dĂ©cembre, 1967.. Cette conception explique la façon dont Renoir a reconstituĂ© ces journĂ©es la dĂ©sapprobation de Louis XVI devant les excĂšs du manifeste, l’intervention de la reine pour sa publication, une scĂšne trĂšs vive entre elle et le procureur syndic de la Seine, Roederer, l’ascendant de celui-ci sur le roi. Avec application, Renoir retrace les principaux Ă©pisodes de cette journĂ©e l’inspection des gentilshommes qui l’acclament, celle des canonniers qui le conspuent, le dĂ©part de la famille vers l’assemblĂ©e avec ces mots historiques » -marchons ! -les feuilles tombent de bonne heure cette annĂ©e, le combat enfin oĂč l’on retrouve le bataillon des marseillais. Les annĂ©es lumiĂšres oĂč Louis XVI, incarnĂ© par un Jean-François Balmer attachant, imitent la reprĂ©sentation du roi pathĂ©tique mais lucide du film de Renoir. La musique de fin de cette premiĂšre partie dĂ©marre sur la prise des tuilerie avec pour prĂ©ambule une phrase du roi envers son fils Charles rĂ©fugiĂ©s Ă  l’assemblĂ©e tu vois Charles Ă  partir de maintenant il n’y a plus de roi en France ». Dans cette optique, la question fondamentale Ă  se poser avec les Ă©lĂšves est celle du sens de ces journĂ©es et pour cela il est souhaitable d’aller au delĂ  de l’évĂ©nement et de le mettre en perspective par la construction d’un tableau et d’une frise chronologique. – Le film comme illustration d’un personnage ou d’un groupe de personnages. Il est indispensable de proposer les portraits de quelques-uns des principaux acteurs de la RĂ©volution, symboles Ă©loquents de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. En effet, les notices biographiques et les portraits, peuvent ĂȘtre utilisĂ©s Ă  tous moment pendant l’étude du chapitre et rĂ©pondent Ă  l’exigence du programme de prĂ©senter aux Ă©lĂšves les principaux acteurs de la RĂ©volution. Quelques grands personnages peuvent ainsi ĂȘtre Ă©voquĂ©es Louis XVI et Marie Antoinette, Danton et Robespierre, Barras et Bonaparte. L’objectif est de savoir construire une biographie et de mĂ©moriser des moments clĂ©s de la RĂ©volution concernĂ©s par ces acteurs. La disparition du roi de la scĂšne politique dĂ©chaĂźne les passions et renforce les conflits pour le pouvoir. L’époque de la terreur rĂ©vĂšle le duel inĂ©vitable Danton-Robespierre voir TP sur les acteurs de la RĂ©volution française Le duel Danton /Robespierre Ă  l’écran. Alors que Robespierre quoique prĂ©sent dans de nombreux films, n’a suscitĂ© aucune Ɠuvre biographique », Danton polarise sur sa robuste personne l’intĂ©rĂȘt des cinĂ©astes de divers pays. Cependant trĂšs souvent lorsque Danton hante la pellicule, Robespierre n’est jamais trĂšs loin. La tradition veut que la mort de Danton symbolise la mort d’une certaine idĂ©e de la libertĂ©. Le cinĂ©ma a ainsi toujours reprĂ©sentĂ© Danton comme un personnage haut en couleur, dont l’éloquence et la vitalitĂ© sont les atouts premiers de la sĂ©duction qu’il exerce sur ses compagnons. MĂȘme sa vĂ©nalitĂ© est justifiĂ©e par son intense besoin de profiter de la vie. A cette figure extravertie s’oppose l’image rigoriste d’un Robespierre repliĂ© sur lui mĂȘme et sur son idĂ©ologie, dont la vie n’est alimentĂ©e que par les froides rĂ©solutions rĂ©volutionnaires. Dans la grande coproduction rĂ©alisĂ©e Ă  Paris en 1982 sous les auspices du gouvernement français, par le cinĂ©aste polonais Andrezj Wajda, Danton est prĂ©sentĂ© comme le partisan d’une rĂ©volution modĂ©rĂ©e qui mettrait fin aux consĂ©quences sanglantes de la terreur. Le film situe l’action au plus fort de la crise, entre novembre 1793 et avril 1794, au moment oĂč la terreur apparaĂźt comme la seule solution pour galvaniser les Ă©nergies face aux pĂ©rils de la nation. Il ne se perd pas en reconstitutions somptueuses, mais cherche au contraire l’affrontement verbal d’une tragĂ©die shakespearienne entre deux hommes. Mais la dĂ©faite de Danton, c’est aussi l’Histoire d’un procĂšs politique, oĂč l’accusĂ© ne peut se dĂ©fendre ni s’expliquer, oĂč la condamnation est dĂ©cidĂ©e d’avance. Victime de l’intolĂ©rance, Danton devait ĂȘtre opposĂ© Ă  un personnage incarnant l’idĂ©e de despotisme. C’est la fonction que Robespierre a souvent remplie quand il Ă©tait question de prĂ©senter la RĂ©volution, car la complexitĂ© de sa personnalitĂ© a longtemps dĂ©routĂ© cinĂ©astes et historiens. En tout cas, il est indĂ©niable que sa bonne comprĂ©hension des Ă©vĂšnements et son rĂŽle privilĂ©giĂ© dans la RĂ©volution font de lui un personnage dĂ©terminant de cette pĂ©riode. La confrontation de ces hommes hauts en couleur permet Ă  l’élĂšve de mettre en avant les tendances politiques de l’époque. Bien plus qu’au traditionnel portrait physique, on s’attache aussi aux origines sociales, Ă  la formation reçue, Ă  l’appartenance Ă  une gĂ©nĂ©ration que l’on situe avec prĂ©cision. Par exemple, les Ă©lĂšves peuvent remarquer que les lectures de Robespierre dans Les annĂ©es lumiĂšres Le contrat social de Rousseau sont hĂ©ritĂ©es des philosophes du siĂšcle prĂ©cĂ©dent. Cela assure un continuum avec les chapitres Ă©tudiĂ©s auparavant. Pour optimiser ce travail, il convient de prĂ©parer la rĂ©flexion des Ă©lĂšves en leur faisant rĂ©diger de courtes biographies sur ces personnages avant de visionner les extraits. Elles sont utiles pour comprendre les choix des rĂ©alisateurs les acteurs sont ils bien choisis et sont ils reprĂ©sentatifs ? Le film se manifeste alors comme une aide prĂ©cieuse Ă  la mĂ©morisation de grands personnages. Toutefois, il est important de souligner que cette mĂ©morisation n’est pas une fin en soi, mais un point de dĂ©part pour la dĂ©couverte d’un personnage voir d’un groupe de personnages. Il est aisĂ© de sĂ©lectionner dans notre corpus des scĂšnes qui mettent en relief un groupe d’individus comme le clergĂ© haut ou bas, la noblesse, ou le tiers-Ă©tat bourgeoisie ou paysannerie. 1788 et La Marseillaise semblent adĂ©quat pour dresser un portrait du monde paysan lors de la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances, comme les deux Marie Antoinette offrent une vision pertinente des fastes de la cour voir TP Dansez marquises !. Autre groupe capital, les sans-culottes font ressortir, au-delĂ  de l’activitĂ© des grands hommes », l’action dĂ©cisive du peuple comme acteur collectif dans le processus rĂ©volutionnaire. Le mĂȘme travail peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© autour de l’apparition des femmes dans la sphĂšre politique. – D’un document patrimonial La DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen Ă  travers l’étude de quelques articles significatifs, attire l’attention des intellectuels. Ainsi, pour Michelet, la dĂ©claration est le vraie gĂ©nie de la rĂ©volution » car elle connaĂźt un retentissement universel. A travers, la dĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen, le propos d’Enrico apparaĂźt comme une profonde mĂ©diation, par la mise en scĂšne cinĂ©matographique, sur l’essence du pouvoir et sur ses mutations historiques ». Ainsi dans les annĂ©es LumiĂšres, la sĂ©quence des droits de l’homme s’articule autour d’une voix aĂ©rienne qui descend sur le peuple et redresse les humilitĂ©s, relĂšve les tĂȘtes et donne enfin sens Ă  tous les Ă©crits philosophiques sur la dignitĂ© humaine. Les Ă©lĂšves apprĂ©cient de repĂ©rer les scĂšnes qui sont autant de tableaux et de vĂ©rifier si l’article lu Ă  haute voix lui correspond bien. L’article 11 de La dĂ©claration la libre communication des pensĂ©es et des opinions est un des droits les plus prĂ©cieux de l’homme, tout citoyen peut donc parler, Ă©crire, imprimer librement, sauf Ă  rĂ©pondre de l’abus de cette libertĂ©, dans les cas dĂ©terminĂ©s par la loi » est Ă©voquĂ©e Ă  travers une scĂšne reprĂ©sentant l’imprimerie de Camille Desmoulins de façon assez rĂ©aliste. Le sacre de NapolĂ©on le 2 dĂ©cembre 1804 et sa reprĂ©sentation par David, peintre officiel de l’empereur, est aussi inscrit dans les programmes comme document patrimonial. Il permet de montrer de façon pertinente tous les enjeux de l’évĂ©nement. Le tĂ©lĂ©film de France 2 avec Christian Clavier dans le rĂŽle de NapolĂ©on peut dans cette optique ĂȘtre utilisĂ© de maniĂšre cohĂ©rente. En effet, de la prĂ©paration du sacre jusqu’à sa commĂ©moration Ă  travers la peinture de David, il se manifeste telle une poupĂ©e gigogne » dans la production tĂ©lĂ©visĂ©e voir TP Le sacre de NapolĂ©on Ă  l’écran. – D’un thĂšme d’études Nous pouvons essentiellement privilĂ©gier cette approche en classe de seconde. Le film est interprĂ©tĂ© comme un point de vue subjectif sur une pĂ©riode historique. Il introduit et favorise les complĂ©ments d’analyse, les nuances ou les divergences qui enrichiront les reprĂ©sentations. La dimension critique vient alors nourrir le discours de l’enseignant et les acquis de ses Ă©lĂšves. Ainsi l’étude des diffĂ©rents lieux de l’exercice de la dĂ©mocratie Ă©glises pour la rĂ©daction des cahiers de dolĂ©ances voir TP La sociĂ©tĂ© française Ă  la veille de la RĂ©volution française 1788, salle des menus plaisirs pour la rĂ©union des Etats gĂ©nĂ©raux, assemblĂ©e ou clubs organisant les dĂ©bats politiques, permettent de spatialiser les expĂ©riences politiques de la pĂ©riode. 3 Le film comme discours historique une mĂ©thode d’analyse pour l’enseignement. Le film se manifeste comme un document historique Ă  part entiĂšre. De ce fait, il doit ĂȘtre soumis Ă  l’analyse critique du professeur Ă  plusieurs niveaux. En effet, comme tout autre document, l’image doit ĂȘtre identifiĂ©e composition, source, support, technique. De mĂȘme les particularitĂ©s de l’extrait doivent ĂȘtre observĂ©es critique externe avec le rapport Ă  l’époque de rĂ©alisation du film et critique interne avec le rapport Ă  l’époque oĂč se dĂ©roule le film. Il faut initier l’élĂšve au regard critique sur un document trop souvent reçu comme argent comptant. La prĂ©sence des universitaires sur les plateaux de tournage tend Ă  crĂ©dibiliser l’utilisation pĂ©dagogique des films. On peut citer dans ce domaine des films tel que 1788. Certains films aident Ă  comprendre le passĂ© en offrant une reconstitution crĂ©dible d’un Ă©vĂ©nement ou d’une situation, mĂȘme si elle n’est pas fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ©. Ils restituent une atmosphĂšre historique difficile Ă  rendre par Ă©crit comme un mouvement social, la vie d’un quartier ou les conditions d’existence particuliĂšres d’un groupe. Ces films peuvent donc ĂȘtre largement mis Ă  profit devant une classe en prenant soin de les restituer dans leur contexte de production. L’éducation du regard et l’éveil critique par la confrontation des images filmiques avec d’autres documents d’origine et de nature variĂ©es doit plus que jamais ĂȘtre au centre des prĂ©occupations du professeur. Les programmes de lycĂ©e indiquent qu’ il s’agit de poursuivre ce qui a Ă©tĂ© entrepris au collĂšge, accĂšs au document historique, lecture et analyse de documents Ă©crits ou figurĂ©s, confrontation de documents prĂ©sentant une approche diffĂ©rente d’un mĂȘme Ă©vĂ©nement ». En effet, l’image filmique ne prend de sens qu’au contact d’autres sources d’informations textes, gravures, tableaux. On peut Ă©voquer ici la scĂšne des AnnĂ©es lumiĂšres d’Enrico qui reprend jusqu’au vent qui s’engouffre dans les rideaux du croquis de David sur Le serment du jeu de paume. Conclusion Certains films ont pour ambition de relater des Ă©vĂšnements historiques, d’autres recrĂ©ent une Ă©poque l’enseignant doit avoir en mĂ©moire que l’image n’est jamais la reproduction ou la photocopie d’un rĂ©el, mais une reprĂ©sentation codĂ©e qu’il faut apprendre Ă  lire car l’image est langage ». C’est pourquoi la confrontation de diffĂ©rents films s’avĂšre toujours pertinente Ă  n’importe quel niveau. III De l’utilitĂ© du film en classe. La place d’un film relĂšve d’une Ă©valuation complexe, les Ă©lĂ©ments de cet assemblage rĂ©flexif sont ancrĂ©s dans la discipline au niveau Ă©pistĂ©mologique mais aussi didactique et pĂ©dagogique. Le professeur d’Histoire doit ainsi tenir compte de tous ces paramĂštres pour mettre en place une situation d’apprentissage cohĂ©rente. 1 Prendre place dans une problĂ©matique. Le problĂšme didactique renvoie aux choix des thĂšmes et des concepts retenus pour l’étude de la RĂ©volution française. Il s’agit d’aprĂšs les programmes de sĂ©lectionner des jalons importants dans l’élaboration de la civilisation contemporaine et des ruptures majeures » BO HS numĂ©ro 6 du 31 aoĂ»t 2000. . Trois objectifs sont assignĂ©s au professeur faire percevoir la rupture fondamentale reprĂ©sentĂ©e par cette pĂ©riode », Ă©voquer les grands repĂšres chronologiques, les moments forts et les acteurs de cette pĂ©riode », dĂ©gager un bilan des bouleversements provoquĂ©s, en particulier dans les domaines politiques et sociaux » Idem . Il est important de prĂ©ciser ces problĂ©matiques au prĂ©alable car elles ne sont pas explicites dans le visionnage des films. Dans ce cadre, l’enseignant se doit de formuler de maniĂšre claire la problĂ©matique aux Ă©lĂšves. Celle-ci peut poser les questions suivantes en quoi la pĂ©riode rĂ©volutionnaire est elle une rupture fondamentale ? Comment la France parvient elle Ă  rĂ©aliser un fragile Ă©quilibre politique et social. En accord avec les programmes, le processus pourrait, dans la classe de seconde, s’énoncer sur trois axes d’observation La France entre perturbation et stabilitĂ© Ă  la veille de la RĂ©volution, l’ambiguĂŻtĂ© de la fondation d’une France nouvelle entre 1789 et 1799, l’hĂ©ritage des valeurs de la RĂ©volution française de 1799 Ă  1851. 2 DĂ©marche d’apprentissage ou dĂ©marche pĂ©dagogique ? En premier lieu, cette dĂ©marche pĂ©dagogique s’inscrit dans un contexte institutionnel classe de quatriĂšme et classe de seconde, textes officiels et programmes d’accompagnements du collĂšge et du lycĂ©e. Elle se rĂ©fĂšre Ă  des choix de mĂ©thodes qui peuvent ĂȘtre variĂ©es. Il n’y pas, en effet, de mode unique d’intĂ©gration d’un film dans une pratique scolaire. L’enseignant doit retenir en second lieu, que le film permet de recourir aux reprĂ©sentations et Ă  l’imaginaire de l’élĂšve reposant sur l’image mais aussi sur une bande sonore, le film est un dĂ©clencheur privilĂ©giĂ© d’images mentales » BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours d’Histoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985 . Or, l’imaginaire a un rĂŽle important dans le processus d’apprentissage. Son objectif n’est pas dĂšs lors d’accroĂźtre la quantitĂ© de connaissance mais d’en assurer l’assimilation. Il devient ainsi un moyen d’intriguer les Ă©lĂšves et peut leur servir de motivant pour consulter d’autres documents, pour approfondir des recherches au CDI ou sur Internet, ou pour s’approprier le thĂšme Ă©tudiĂ© en prenant l’initiative de prĂ©parer un exposĂ©. 3 IntĂ©grer le film dans la sĂ©quence. L’utilisation de l’image filmĂ©e en classe ne doit pas se compromettre dans une transmission passive de la connaissance. Le professeur doit initier au langage filmique prĂ©alable Ă  toute projection, pour les aider Ă  repĂ©rer les effets produits par les diverses techniques cinĂ©matographiques. A cotĂ© de l’approche classique du contenu, l’étude d’un film de fiction nĂ©cessite une juste analyse des formes qui s’appuie sur l’étude de tableaux dans les chapitres prĂ©cĂ©dents l’Europe moderne au XVII et XVIIIĂšme siĂšcles Ă  travers l’art baroque et classique en QuatriĂšme, Humanisme et Renaissance avec l’analyse de La tour de Babel de Bruegel en Seconde. Elle suppose un minimum d’apprentissage du vocabulaire et de la forme cinĂ©matographique, d’oĂč la mise en place avant le premier extrait de quelques jalons techniques. Il convient d’abord de diffĂ©rencier les Ă©tapes de fabrications d’un film avec un dĂ©part Ă©crit, le synopsis et le scĂ©nario prĂ©alables au tournage et au montage. A chaque Ă©tape le rĂ©alisateur opĂšre des choix spĂ©cifiques en fonction de son message. La vision d’un extrait permet ensuite de dĂ©terminer ce qu’est une sĂ©quence de film une unitĂ© de temps, d’action et de lieu. A partir du choix de l’une d’entre elles, le professeur explique les diffĂ©rents types de plans plan large, plan d’ensemble, plan moyen, amĂ©ricain, gros plan. Les mouvements de camĂ©ra se rĂ©partissent entre plan fixe, panoramique et travelling. Quant aux axes de la camĂ©ra, on retient gĂ©nĂ©ralement, la plongĂ©e et la contre plongĂ©e. Toute cette technique a une signification. Ainsi, le comte de Parilly est filmĂ© la plupart du temps en contre plongĂ©e dans 1788, ce qui symbolise la domination qu’il exerce sur les paysans. L’élĂšve, confrontĂ© Ă  ce dĂ©coupage de l’extrait s’étonne souvent de l’importance de chaque dĂ©tail qui rĂ©sulte d’un choix conscient du rĂ©alisateur. Bien sĂ»r, pour respecter la logique de concentration des Ă©lĂšves, aucune sĂ©quence de film ne doit dĂ©passer dix minutes. Au-delĂ , le cours est menacĂ© par la dispersion des Ă©lĂšves et par l’arrĂȘt impromptu de la sĂ©ance par la sonnerie. C’est en fonction de tous les paramĂštres exposĂ©s dans le schĂ©ma suivant que le professeur peut Ă©laborer sa sĂ©quence d’apprentissage. —- La place du film dans la sĂ©quence d’enseignement. —- Conclusion Incontestablement, l’initiation Ă  la lecture de l’image ne relĂšve pas d’un simple apprentissage technique. Elle renvoie pleinement Ă  une formation mĂ©thodologique, Ă  une Ă©ducation non seulement de l’Ɠil mais aussi de l’oreille. Elle apparaĂźt au cƓur des sciences sociales et plus particuliĂšrement d’un projet d’éducation civique par le dĂ©veloppement de l’esprit critique. L’éducation du regard des Ă©lĂšves, par rapport au cinĂ©ma et Ă  la tĂ©lĂ©vision est donc un enjeu essentiel de la mise Ă  distance de l’objet observĂ©. Cette dĂ©marche progressive permet alors d’apporter Ă  l’élĂšve un perfectionnement rĂ©gulier en matiĂšre d’attitude car il passe d’un statut de spectateur passif Ă  une position d’acteur dynamique grĂące Ă  l’apprentissage du geste. Bibliographie Sur la RĂ©volution française GERARD A., La RĂ©volution française, mythe et interprĂ©tation 1789-1970, Paris, 1970. FURET F., OZOUF M., Dictionnaire critique de la RĂ©volution française, 4 tomes, Paris Flammarion, réédition, 1992. FURET F., Penser la RĂ©volution française, Paris, Gallimard, réédition, 1996. FURET F., La RĂ©volution française 1770-1880, 2 tomes, Paris, Hachettes, LittĂ©rature, collection Pluriel, 1997. SOLE J., La RĂ©volution en questions, Paris, Le Seuil, 1988. TULARD J., Les rĂ©volutions de 1789 Ă  1851, Paris, Fayard, 1985. VOVELLE M., La RĂ©volution française 1789-1799, Armand Colin, 1992. Sur les rapports cinĂ©ma et Histoire ARCAND D., CinĂ©ma et Histoire », numĂ©ro spĂ©cial, tome II, revue Cultures, Unesco 1974. 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Sur l’enseignement BERNARD DaniĂšle, FARGES Patrick, WALLET Jacques, Le film dans le cours d’Histoire/ gĂ©ographie, le monde des images, les images du monde, Armand Colin, Paris, 1985 LABATUT Ludovic, De l’utilisation du film de fiction en Histoire dans une classe de seconde la pĂ©riode rĂ©volutionnaire, mĂ©moire pĂ©dagogique, Perpignan, 2001-2002. LE PELLEC Jacqueline, VIOLETTE Marcos-Alvarez, Enseigner l’Histoire un mĂ©tier qui s’apprend, Hachette Ă©ducation, 1991, MARIE Vincent et CHEREL Ronan, Echec au roi, mĂ©moire pĂ©dagogique de l’élĂšve acteur Ă  l’élĂšve spectateur, Rennes, 2002-2003. Filmographie Danton d’Andrzej Wajda, 1982, couleur, 2h16 min. La marseillaise de Jean Renoir, 1936, noir et blanc, 130 min. Les annĂ©es lumiĂšres et Les annĂ©es terribles de Robert Enrico et de Richard T. Heffon, 1989 premiĂšre et deuxiĂšme Ă©poque, couleur, 5h24 min. 1788 tĂ©lĂ©film de Maurice Faivelic, 1978, couleur, 1h37 min. Marie Antoinette de Van Dyke, 1956, noir et blanc. Marie Antoinette De Jean Delonnoy, 1964, noir et blanc. La nuit de Varennes d’Ettore Scola, 1981, couleur, 2h30 min. Madame sans gĂȘne de Christian Jaque, 1961, couleur, 97 minutes. A tale of two cities de Jack Conway, 1935, noir et blanc. NapolĂ©on d’Abel Gance, 1927, noir et blanc. NapolĂ©on, tĂ©lĂ©film de Simmenau, France 2, 2002, couleur, 4 Ă©pisodes Lafracture de la RĂ©volution française inaugure un nouveau rĂ©gime d’historicitĂ© dans lequel la pensĂ©e de l’Histoire se transforme, et avec elle la maniĂšre de faire et d’écrire l’Histoire. La rĂ©volution historiographique des annĂ©es 1820-1830, en mĂȘme temps qu’elle instaure un autre rapport aux sources et des mĂ©thodes d’investigation historique scientifiques, invite Ă  RĂ©sumĂ© - CommencĂ©e avec l’ouverture des Ă©tats gĂ©nĂ©raux mai 1789, la RĂ©volution française a provoquĂ© le renversement de la monarchie et de l’ordre social de l’Ancien RĂ©gime reposant sur trois classes distinctes dont les droits devant la loi et devant l’impĂŽt Ă©taient inĂ©gaux. AprĂšs une pĂ©riode modĂ©rĂ©e, marquĂ©e par l’abolition des privilĂšges et la DĂ©claration des droits de l’Homme et du Citoyen aoĂ»t 1789, la RĂ©volution se radicalise Ă  partir de la fuite du roi Ă  Varennes juin 1791 et l’entrĂ©e en guerre contre les puissances europĂ©ennes avril 1792. Au lendemain de la chute de la monarchie aoĂ»t 1792 et de l’instauration de la RĂ©publique septembre 1792, la Terreur est Ă  l’ordre du jour, mais les modĂ©rĂ©s renversent Robespierre juillet 1794, puis instaurent le Directoire octobre 1795. Lui succĂšdera enfin le Consulat en 1799, prĂ©lude de l'Ă©popĂ©e napolĂ©onienne. . 51 481 308 359 397 187 424 217

considérations sur les principaux événements de la révolution française